Chapitre 1.5 : L'Aube des Conflits (Kendrys)

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La porte claqua avec violence, son écho résonna comme un coup de tonnerre. Soren était affaissé dans un fauteuil de cuir, une bougie tremblante entre ses doigts. L’obscurité enveloppait la pièce comme une chape de plomb. Kendrys pénétra dans la pièce d’un pas décidé, ses yeux s’adaptaient lentement à la faible lumière qui éclairait à peine l’endroit.

Elle discerna enfin le regard épuisé de Soren, une lueur de lassitude mêlée de désespoir dans ses yeux. Lorsqu'il parla, sa voix était empreinte de fatigue.

— Il est tard, Kendrys, murmura-t-il, sa voix traînante.

Kendrys serra les poings, luttant pour contenir les émotions tumultueuses qui menaçaient de la submerger. Sa voix, d’ordinaire claire et assurée, tremblait sous l’effet de la colère.

— Je ne suis pas d’accord avec ce mariage, rétorqua-t-elle.

Les mains de Kendrys tremblaient, une vague de chaleur montait en elle. Des flammes apparurent au creux de ses paumes, grandissant en intensité à mesure que sa frustration s’exprimait. La lumière orange et rouge des flammes éclairait son visage, révélant des traits marqués par la colère.

Soren, impassible, posa lentement le chandelier sur son bureau, encombré de livres épars et de parchemins griffonnés. La flamme violette de la bougie scintillait étrangement, changeant de couleur, passant du vert au mauve. Il se leva avec lenteur, comme alourdi par le poids des années, malgré ses trente-cinq ans à peine. Ses mouvements étaient lents, mesurés, presque hésitants, comme ceux d’un vieillard fatigué par le temps.

— Il est crucial d’établir cette alliance avec la famille Ronce-Noire. En tant que seule femme de notre famille, c’est à toi d’assurer la continuité de notre lignée, déclara-t-il.

Les flammes dans les mains de Kendrys grandirent, la chaleur devenait insupportable, et l’atmosphère de la pièce s’épaissit.

— Kendrys, je t’en prie, calme-toi. Cette chaleur… elle est intenable, déclara Soren.

Kendrys ferma les yeux, luttant pour reprendre le contrôle de ses émotions. Elle inspira profondément, une fois, deux fois, et les flammes se résorbèrent, laissant derrière elles une chaleur résiduelle et une odeur de brûlé dans l’air.

Soren détourna son regard vers la bougie posée sur le bureau, l’air absent, comme perdu dans ses pensées. La flamme continuait de changer de couleur, crépitant doucement. Il resta ainsi, immobile, le regard fixé sur la bougie, absorbé par les éclats.

— Ce mariage est vital pour notre famille, Kendrys, dit-il enfin, sans détourner le regard.

Kendrys, consciente de l’impasse dans laquelle elle se trouvait, murmura un dernier appel, sa voix brisée par un espoir vacillant :

— Soren…

Mais il demeura silencieux, son esprit entièrement capté par la flamme hypnotique, indifférent à l’émotion qui transperçait Kendrys. Elle l’observa une dernière fois, les larmes aux yeux, avant de tourner les talons. Le cœur lourd, elle quitta précipitamment la pièce, la porte claqua derrière elle avec force, laissant Soren seul dans l’obscurité, perdu dans ses pensées, tandis que la flamme continuait de changer de couleur, éclipsant tout le reste.

Kendrys s’élança à travers les couloirs du château, ses pas rapides résonnaient sur les dalles de pierre froide, écho de son cœur qui battaient à tout rompre. L’air glacial de la nuit s’infiltrait par les fenêtres. Dehors, la nuit noire enveloppait le château. Les ombres s’animaient autour d’elle, tandis qu’elle se frayait un chemin à travers les jardins. Ses mains écartaient fébrilement les branches basses et les feuillages denses qui lui barraient la route.

Enfin, elle atteignit un buisson épais. Sans hésité, Kendrys s’y enfonça, et comme par enchantement, les branches s’écartèrent à son passage, révélant une clairière cachée. C’était un lieu secret, loin des intrigues et des regards du château, un havre de paix où des fleurs multicolores tapissaient le sol, leurs pétales éclatants se balançaient doucement au rythme du vent nocturne.

Au centre de cette clairière, allongé parmi les fleurs, Marte semblait faire partie du décor idyllique, sa silhouette immobile presque fondue dans cet écrin de nature. Ses yeux étaient clos.

— Tu dors ? murmura-t-elle en s’approchant.

Les paupières de Marte s’ouvrirent, ses yeux sombres se posèrent sur elle avec une tristesse infinie. Un soupir s’échappa de ses lèvres avant qu’il ne réponde.

— Je suis désolé, Kendrys.

— Tu n’y peux rien, répondit-elle en secouant la tête.

Marte hocha la tête, son regard se perdit dans les reflets argentés de la lune.

— Cette situation ne plaît pas non plus à Soren, murmura-t-il, ses paroles se diluaient dans l’air nocturne.

— Il s’en fiche totalement ! s’emporta Kendrys, sa voix s’éleva soudain, brisant le calme de la clairière. Sa colère sourde bouillonnait en elle. Il ne cesse de parler de jeu de pouvoir, comme si rien d’autre n’avait d’importance !

— Il n’a pas choisi de devenir le chef de la lignée, répondit Marte.

À ces mots, des ronces commencèrent à s’enrouler autour de la main de Kendrys, leurs épines caressaient sa peau.

— Elles ressentent ta détresse, chuchota Marte en observant les plantes.

Kendrys ferma les yeux un instant, se laissant envahir par cette douceur, avant de rouvrir les paupières, la réalité de la situation s’imposa à nouveau, implacable.

— Avec qui vais-je me marier ? demanda-t-elle, sa voix brisée par l’inquiétude.

Marte détourna le regard.

— Tu n’es pas au courant ? s’étonna-t-il.

Kendrys secoua la tête, sentant son cœur s’emballer de plus belle, l’angoisse la saisit à la gorge.

— Avec le comte Hanté de la famille de la Ronce Noire, révéla-t-il finalement.

— Tu l’as déjà rencontré ? demanda-t-elle.

Il acquiesça, ses yeux se perdant dans le souvenir de cette rencontre.

— Une seule fois, répondit-il après un long moment de silence. Et cela m'a troublé. Il est bien plus grand que moi, ses cheveux noirs tombant en cascade autour de son visage. Ses yeux… ils sont d’un gris acier, froids, presque glacials. Sa peau est d’une pâleur effrayante, comme de la neige, blanche et pure, mais sans la moindre trace de vie.

Il s’interrompit, cherchant les mots justes pour décrire l’aura inquiétante qui émanait de l’homme.

— Ce qui m’a le plus troublé, c’est que je n’arrivais pas à deviner son âge. Il pourrait avoir vingt-cinq ans aussi bien que cinquante, ajouta-t-il.

Un frisson parcourut la nuque de Kendrys, une froideur s’insinua dans tout son corps alors que l’image du comte se formait de manière inquiétante dans son esprit. Elle se sentit plus seule et plus effrayée que jamais. Marte, conscient de son trouble, tenta de la réconforter.

— Mes plantes lui ont réservé un accueil chaleureux, dit-il avec un sourire faible. Je n'avais jamais vu une réaction pareille de leur part. Elles se sont agglutinées autour de lui.

Mais ces paroles, loin de la rassurer, n’étaient qu’un maigre baume sur la profonde angoisse qui s’emparait de son cœur.

Kendrys salua Marte, mais son esprit était déjà ailleurs, envahi par une tempête émotionnelle. À chaque pas qui l’éloignait de la clairière, la colère grandissait en elle, une force incontrôlable qui la consumait de l'intérieur. Elle sentait cette fureur familière monter en flèche, une chaleur intense bouillonnait sous sa peau. Bientôt, tout son corps fut enveloppé d’un feu incandescent, chaque parcelle de sa peau brillait.

Elle savait qu'elle ne pouvait plus rester là. Si elle laissait cette rage s'exprimer pleinement, les conséquences seraient désastreuses. Ses pieds quittèrent le sol, la propulsant avec une légèreté vers l'arrière du château, là où le terrain devenait aride et rocailleux.

Elle atterit parmi les rochers. Le silence régnait, interrompu seulement par le crépitement de ses flammes.

Kendrys, consumée par une colère dévorante, marchait d’un pas résolu vers un énorme rocher qui se dressait devant elle. Ses flammes, intenses et vibrantes, crépitaient autour d’elle, tordant l’air sous l’effet de la chaleur. Le bloc de pierre, imposant, semblait la provoquer, insensible au brasier qui l’entourait. Kendrys posa ses mains brûlantes sur la surface rugueuse du rocher.

La chaleur qui émanait d’elle était si intense que la pierre, d’abord solide et inébranlable, commença à se ramollir sous son toucher, se liquéfiant presque comme du beurre sous une lame chauffée à blanc. Kendrys enfonça ses bras dans le rocher.

Mais elle ne s’arrêta pas là. Enragée, Kendrys frappa la pierre encore et encore, chaque coup étant suivi d’une vague de chaleur si intense qu’elle désintégrait littéralement la roche sous son impact. Les éclats de pierre volaient en tous sens.

— Calme-toi, Kendrys.

La voix de Soren résonna dans sa tête, douce mais chargée de fatigue, un murmure familier qui la fit frémir de contrariété. Elle détestait quand il s’immisçait ainsi dans ses pensées, franchissant les barrières de son esprit sans la moindre permission. Cette intrusion la rendait vulnérable, exposée, et elle ne pouvait supporter ce sentiment d'impuissance. Sa fureur s'intensifia, et les flammes qui l'entouraient se mirent à dévorer tout sur leur passage. Le sol se fissura sous la chaleur, les pierres fondaient sous la chaleur étouffante qu'elle dégageait.

— Tu risques de terrifier les habitants, poursuivit Soren,.

Kendrys inspira profondément, ses poumons se gonflant d'un air brûlant, et lutta pour retrouver son calme. Lentement, les flammes commencèrent à s'atténuer, se rétractant petit à petit jusqu'à disparaître complètement. Elle observa les environs : tout ce qui l’entourait, sur plusieurs mètres, n’était plus que cendres et débris. La terre était calcinée, les rochers réduits en poussière.

— Rejoins-moi, ordonna finalement Soren, sa voix s'éloigna de son esprit.

Kendrys resta immobile un instant, les poings serrés, le regard fixé sur le chaos qu'elle avait créé. Elle détestait obéir, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Avec un dernier regard vers la clairière, elle s’éleva dans les airs, se dirigeant vers le château, le cœur lourd et l’esprit tourmenté par la peur de perdre à nouveau le contrôle.

Soren était toujours affalé dans son fauteuil, ses yeux fixés sur la bougie presque fondue. La cire dégoulinait, formant des rivières figées, tout comme l'était son expression. Kendrys entra dans la pièce.

— Tu m’as appelée ? demanda-t-elle, l'irritation perçait dans sa voix.

Soren leva les yeux vers elle, son regard vide, dénué de toute émotion. Il la scruta longuement, son silence pesait comme un fardeau supplémentaire sur ses épaules. Enfin, il répondit d'une voix monotone, dépourvue de toute chaleur.

— Des brigands ont été repérés dans le sud, à quelques dizaines de kilomètres de notre château. Il faut les arrêter.

Kendrys serra les poings, sentant sa colère monter une fois de plus.

— Pourquoi moi ? gronda-t-elle, une vague de fureur montait en elle, prête à éclater.

Soren ne bougea pas, son ton demeurait aussi impassible que son regard.

— Tu as besoin de te défouler.

Il ne changerait pas d’avis, elle le savait. Soren était une muraille froide, inaccessible, et discuter avec lui revenait à frapper contre une paroi. Sans un mot de plus, Kendrys tourna les talons et quitta la pièce, la porte claquant derrière elle comme un coup de tonnerre.

À L’aube, dans la cour, un cheval noir, harnaché et prêt, l’attendait. Kendrys l’enfourcha et s'élança vers le sud, laissant le château derrière elle. Elle galopa toute la journée, le crépuscule teintait le ciel de nuances rouges, mais elle ne ralentit pas. Galopant sans relâche, elle scrutait les horizons déserts.

Alors que le soleil se couchait, elle aperçut enfin un village niché entre des collines, à peine visible dans la lumière mourante du jour. L'instinct de Kendrys la poussa à avancer plus prudemment.

Les rues étroites étaient désertes, et les maisons de briques sombres et cramoisies étaient encore plus lugubres sous la lueur déclinante.

Une tension palpable flottait dans l’air, une sensation oppressante d’être observée. Même son cheval, habituellement stoïque, montrait des signes d’agitation, renâclant doucement, ses oreilles pivotaient nerveusement.

Kendrys s’arrêta devant une étable à l’écart des autres bâtiments. Après avoir frappé à la porte, elle attendit, mais aucune réponse ne vint. Elle frappa de nouveau, plus fort cette fois, et une lumière vacillante apparut derrière la petite fenêtre. Un homme chauve d’environ cinquante ans, l’air renfrogné et méfiant, ouvrit enfin la porte.

— Qu’est-ce que je peux pour toi, gamine ? demanda-t-il d’un ton sec.

— Je cherche un endroit où dormir et nourrir mon cheval, répondit-elle.

L’homme jeta un regard sceptique à son destrier, ses traits se durcissant légèrement.

— C’est ton cheval ?

Elle acquiesça, son visage impassible. À la vue des deux pièces d'argent qu'elle lui tendit, son attitude changea immédiatement. Une servilité soudaine remplaça la méfiance dans ses yeux.

— Gamin, va t’occuper du cheval de madame, ordonna-t-il d'une voix rauque.

Un adolescent, maigre comme un bâton, descendit des escaliers en se courbant timidement. Il adressa un sourire hésitant à Kendrys avant de sortir pour s’occuper du cheval. L’homme l’invita ensuite à monter à l’étage. La chambre qu’il lui indiqua était petite et modeste, imprégnée d’une odeur aigre désagréable qui s’accrochait à ses narines.

Les murs, couverts d'une peinture écaillée, se refermaient sur elle. Le lit, bien que propre, était aussi raide qu'un bloc de pierre. Elle s’approcha de la fenêtre étroite et regarda dehors, mais tout ce qu'elle pouvait voir, c'était la noirceur de la nuit et l'obscurité opaque qui enveloppait le village.

Un léger coup retentit à la porte, suivi de l’entrée timide du jeune homme. Il baissa les yeux, visiblement mal à l’aise.

— Je vous apporterai le repas à 21h00, dit-il d'une voix basse.

Kendrys, assise sur le lit, tourna la tête vers lui.

— Je ne peux pas manger en bas ? demanda-t-elle.

Le garçon hésita, faisant une moue avant de répondre, sa bouche s’ouvra légèrement comme pour chercher ses mots.

— Si vous souhaitez, descendez à 21h00.

Elle hocha la tête, et il quitta la pièce, le parquet grinçait sous chaque foulée.

Le temps s’étirait alors qu’elle attendait allongée sur le lit, fixant le plafond avec impatience. À 21h00 précises, elle se redressa et descendit les escaliers étroits qui menaient à la salle à manger.

L’espace était petit et oppressant, les murs de pierre étaient biscornus et se refermaient sur elle.

Une table ronde en chêne occupait le centre de la pièce, marquée par d’innombrables entailles. Le garçon qu’elle avait vu plus tôt était assis sur le bord de la table, épluchant des légumes avec une concentration feinte.

— Votre jument est magnifique, dit-il soudainement, levant les yeux vers elle.

Kendrys lui répondit par un léger sourire.

— Merci, elle s’appelle Elia. Et tu peux me tutoyer.

— Je n’avais jamais vu un cheval aussi beau, avoua-t-il, un éclat d’admiration dans ses yeux.

— Elle est belle, mais elle a un sacré caractère, ajouta Kendrys en riant.

Le garçon hocha la tête avant de se lever pour se diriger vers la cuisine. Il revint peu après avec un bol fumant de bouillon et un morceau de pain, qu'il posa devant elle.

— Merci, déclara-t-elle en croquant dans la baguette, qui se révéla étonnamment dure. Elle la trempa dans le bouillon pour tenter de l’adoucir, mais même ainsi, le pain résistait.

Le jeune homme l’observait en silence, ses yeux suivaient chaque mouvement de ses mains.

— Tu as faim ? demanda-t-elle en le voyant fixer son repas.

Il rougit et se tortilla sur place, manifestement gêné. Kendrys lui tendit son bol de bouillon, mais il refusa poliment d’un signe de tête.

Elle sortit une pièce d'argent de sa poche et la lui tendit. Le garçon hésita un instant, mais refusa de nouveau. Kendrys, déterminée, se leva et glissa la pièce dans sa main. Il la remercia d'un regard ému.

Le pain, malgré tout, n’avait toujours pas ramolli dans le bouillon. Elle abandonna l’idée de le manger et fixa le jeune homme, une question brûlante sur les lèvres.

— Est-ce que tu as entendu parler de brigands ? demanda-t-elle.

Il se gratta nerveusement la tête, ébouriffant ses cheveux noirs.

— Hier, il y a eu une attaque dans le village. Sept personnes ont perdu la vie, répondit-il sombrement.

— Il y a eu des survivants ? s’enquit-elle.

Le garçon secoua la tête, ses traits se durcirent sous le poids de la tristesse.

— Non, dit-il gravement.

Kendrys resta silencieuse un moment, incertaine de ce qu'elle pouvait dire pour réconforter ce jeune homme dont la peur et la détresse étaient palpables. Les mots de consolation n’étaient jamais venus naturellement pour elle. Elle opta donc pour poursuivre son enquête.

— À quelle heure cela s'est-il passé ?

— Durant la nuit, répondit-il, sa voix à peine audible.

Soudainement, Kendrys se leva et enfila son manteau.

— Où vas-tu ? demanda le garçon, la panique perçait dans sa voix.

— J’ai besoin de réfléchir, répondit-elle en se dirigeant vers la porte.

Le garçon lui attrapa le bras, une peur sincère dans ses yeux.

— Tu ne dois pas sortir. Les brigands rôdent toujours dans les parages, la supplia-t-il.

Kendrys hésita un instant, touchée par sa préoccupation.

— Je ferai attention, promis.

— Je t’accompagne alors, déclara-t-il, résolu.

Il enfila une ceinture à laquelle pendait un couteau. Kendrys refusa, mais il ne voulait rien entendre. Ensemble, ils quittèrent l’auberge, laissant derrière eux la chaleur ténue du repas et plongeant dans l’obscurité.

Ils déambulèrent dans les rues éclairées par la lueur pâle de la lune. Le jeune garçon, les yeux écarquillés et la respiration rapide, avançait à côté de Kendrys, anxieux. Ils s’arrêtèrent devant une maison imposante de trois étages. Absorbant la lumière environnante, elle dégageait un aspect sinistre et menaçant.

— Il faut rentrer à l’auberge maintenant ! implora-t-il, sa voix trahissait une peur croissante.

Kendrys secoua la tête.

— On vient à peine de commencer.

— Je sais, mais c’est dangereux…

Ses mains tremblaient.

— Tu peux rentrer. Je te rejoindrai, répliqua-t-elle fermement.

— Tu es sûre ? demanda-t-il, gêné et réticent.

— On se retrouve à l’auberge, rétorqua-t-elle, sa voix ne laissait pas place à la discussion.

Une légère décharge d’énergie parcourut le corps de Kendrys lorsqu’elle posa sa main sur la poignée de la porte noire. Celle-ci s’ouvrit légèrement sous son toucher. Elle fit jaillir une flamme de sa main pour illuminer son chemin.

— Ne rentre pas, murmura le garçon, ses yeux la suppliaient.

Kendrys lui offrit un dernier regard avant de s’engouffrer dans la maison. L’obscurité à l’intérieur était totale, une obscurité presque tangible qui dévorait la lumière de sa flamme. Elle progressait prudemment, scrutant chaque recoin, mais rien n’était suspect. L’atmosphère était étrangement calme, trop calme.

Cependant, une odeur nauséabonde et persistante se dégageait du jardin, attirant son attention.

Elle s’avança à l’extérieur où la végétation avait envahi l’espace. L’herbe montait jusqu’à la hauteur de ses jambes, et l’odeur se renforçait à mesure qu’elle approchait du cabanon en bois, partiellement dissimulé par des ronces épaisses.

Elle dégaina son couteau et commença à tailler à travers les ronces. En ouvrant la porte du cabanon, une nuée de mouches en sortie en tourbillon. À l’intérieur, les murs étaient peints d’un rouge pourpre. La puanteur qui envahissait l’espace augmentait son sentiment de malaise.

Le sol était couvert de débris divers, Kendrys se pencha pour examiner plus attentivement un vieux coffre à moitié enterré sous des morceaux de bois et de tissu. La serrure était rouillée. Avec un coup de pied, elle fit céder le couvercle du coffre, révélant à l’intérieur un amas d’objets poussiéreux et un vieux livre à la couverture usée.

Son regard fut attiré par le livre. Elle le saisit, feuilletant les pages. Celles-ci étaient remplies de symboles étranges et de notes manuscrites dans une langue qu’elle ne reconnaissait pas. Le livre était indéniablement ancien.

Soudainement, des bruits sourds provenant de l'extérieur firent sursauter Kendrys. Elle se redressa, cachant le livre sous son manteau, et retourna à l’entrée du cabanon. Le garçon était là, à quelques mètres, observant anxieusement la porte du cabanon. Il fit un geste vers elle.

— Tout va bien ? demanda-t-il, sa voix tremblait.

Kendrys acquiesça.

— Rentrons à l’auberge, déclara-t-elle.

Le garçon, toujours inquiet, la suivit en silence. Ensemble, ils retournèrent vers l’auberge, leurs pas résonnaient dans la nuit.

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