Mes souvenirs sont à toi. (2ème partie)

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-Versailles ?!

Je regardai autour de moi. Effectivement, j'avais déjà vu la magnifique salle dans la laquelle nous nous trouvions, dans des magazines, à la télévision, dans des films et autres... Des chandeliers au plafond ornés de très belles peintures, et des dorures partout ! Je tournai sur moi-même en détaillant cet endroit. C'était complètement dingue ! J'étais à Versailles alors qu'il y a moins d'une heure, je me trouvais sur mon sofa avec mon chat chez moi ! Je m'immobilisai en regardant plus en détail ce qui m'entourait et soudainement, je sentis deux bras passer autour de ma taille et un torse se presser contre mon dos. Je retins mon souffle pendant que son odeur m'enveloppait.

-Tu aimes ? me demanda-t-il à l'oreille, me provoquant un délicieux frisson.

-Oui, beaucoup, soufflai-je, déstabilisé par sa présence contre mon corps.

Il se détacha ensuite de moi et m'attrapa la main.

-Viens !

Il m’entraîna à sa suite, et je fus emmené presque en courant jusqu'à l'immense cour du château. Sans s'arrêter et en ne me lâchant pas la main, il me mena jusqu'à la fontaine.

-Regarde, me dit-il une fois arrêtés et en me montrant de son bras tendu la direction que je devais regarder.

Je vis alors qu'il me montrait un couple. Ces personnes étaient les premières que je voyais ici ! Il s'agissait d'une belle femme dans une robe magnifique, qui me rappelait le film sur Marie-Antoinette que j'avais vu il y a déjà un moment. Elle marchait tranquillement dans les allées entourées d'arbustes très joliment taillés, accompagnée par un homme élégamment vêtu de la même manière que nous. Ils avaient l'air d'avoir peut-être la trentaine, je dirais, mais avec les perruques et la poudre blanche qui recouvrait leur visage, c'était assez dur à dire. En tout cas, je pouvais remarquer qu'ils se regardaient avec beaucoup de tendresse !

-Ce sont mes parents.

Quoi ? Je me tournai alors vers cet homme qui me menait de surprise en surprise et qui avait ses yeux fixés sur eux, le regard triste, mais aussi empli de joie en les voyant. Sans le préméditer, je lui serrai un peu plus la main afin de lui montrer que j'étais là, qu'il n'était pas seul et lui apporter de cette manière, un peu de réconfort. Surpris, il baissa la tête pour regarder nos mains liées, puis releva son visage afin d'ancrer ses yeux aux miens et il me sourit, d'un merveilleux sourire qui atteignit mon cœur. Je ne pus m'empêcher de le lui rendre. Je me sentais bien là, à ses côtés, dans cet endroit magnifique, qui avait l'air important pour lui. Ses parents... Il me les présentait, en quelque sorte. Est-ce que cela voulait dire qu'il voulait me montrer que je comptais pour lui ? Que notre relation devenait officielle ? Il était si mystérieux, n'expliquant pas grand-chose, que je ne savais pas quoi en penser...

-Allons nous promener, me dit-il soudainement. Ça faisait si longtemps que je n'étais pas revenu en ces lieux chargés de souvenirs.

Sous un soleil éclatant, toujours ses doigts liés aux miens, il me fit visiter l'immense cour. Je me sentais bien, j'avais cette étrange impression que j'étais comme... en couple avec lui. Ça me faisait vraiment bizarre de le penser, mais en même temps, je me sentais à ma place.

Hou là ! Ne t'emballe pas trop, Lucas ! N'oublie pas que cet homme est potentiellement dangereux ! essayai-je de me raisonner. Mais même si je me disais cela et que j'essayais de garder à l'esprit la manière très spéciale dont s'était passée notre rencontre, en ce moment précis, je m'en foutais. Seuls comptaient sa présence, sa main dans la mienne, et le lieu merveilleux dans lequel nous nous trouvions.

-Viens, me dit-il alors que nous finissions tranquillement le tour et nous rapprochions de notre point de départ.

Il se dirigea vers l'entrée du château en me tirant toujours à sa suite. Une fois arrivé à l'entrée de la grande salle où nous nous trouvions auparavant, je me stoppai. Alors que tout à l'heure, nous étions seuls, désormais la salle était remplie de monde aux costumes magnifiques et colorées. De nombreux couples dansaient, virevoltaient au centre. Cette vision était tout bonnement merveilleuse et elle me scotcha sur place. Mes yeux devaient briller comme ceux d'un enfant !

-M'accorderez-vous cette danse ?

Je me tournai vers cette belle voix grave un peu solennelle en cet instant. Il était penché, et sa main était tendue vers moi. Je ne pus empêcher mes joues de se colorer.

-Mais... Je ne connais pas du tout les danses de cette époque ! m'exclamai-je, un peu gêné en désignant les couples qui se croisaient dans des gestes sûrs et appris par cœur.

Je le vis me sourire d'un air malicieux.

-Regarde ! dit-il en se redressant et en claquant des doigts.

Et sous mes yeux, les danseurs se mirent à danser une valse toute simple. Je me tournai une nouvelle fois vers lui, qui s'était incliné et me retendait sa main, attendant ma réponse. Ses yeux étaient remplis de malice tout comme l'était toujours son sourire, et j'y lisais de la joie et de l'amusement, ce qui me réchauffa jusqu'à l'âme. Je décidai alors d'écouter mon cœur émerveillé par tout ce qui se déroulait sous mes yeux. En lui souriant timidement, j'attrapai sa main et me laissai entraîner jusqu'aux couples, qui virevoltaient toujours dans une vision de tissus élégants tournoyant sans fin. Il nous plaça comme il le fallait, et je me laissai guider.

Nous commençâmes à danser parmi les autres couples. John me dévorait littéralement des yeux, et je n'arrivais pas à détourner mon regard du sien. Je me sentais sur un nuage, j'étais si bien en train de danser avec lui, j'en avais presque la tête qui tournait. Alors que nous dansions depuis un moment dont je ne saurais dire la durée, il se mit à ralentir jusqu'à s'arrêter complètement, et je le vis se pencher doucement vers moi. Il allait m'embrasser ! Je ne détournai pas la tête et le laissai poser ses lèvres sur les miennes. Je me sentais complètement emporté ailleurs. Tellement de surprises cette nuit ! John bougeait lentement ses lèvres, ne cherchant pas à en passer la barrière, même si je sentis sa langue chaude et douce contre elles. Ce baiser était tout en douceur et me faisait frissonner des pieds à la tête. Il finit malheureusement par se redresser.

-Les cheveux longs te vont bien, me dit-il dans un sourire tendre en passant sa main dans mes longues mèches blondes.

Je me sentais légèrement triste tout d'un coup, car j'avais l'impression qu'il allait me quitter, mais je ne le voulais pas, non... Je voulais que ce moment dure toujours !

-Il va être temps de te réveiller, Lucas.

Non, je ne voulais pas et je ne cherchais même pas à cacher ma déception qu'il dut lire dans mon regard.

-Ne t'inquiète pas, il y aura d'autres rêves, mon calice.

Sur ces mots, qui sous-entendaient que d'autres surprises m'attendaient, tout devint flou devant moi. Je sentis sa présence réconfortante s'éloigner et j'ouvris brusquement les yeux. Je me retrouvais de nouveau sur le sofa dans mon salon. Ma respiration était rapide. Je ne me sentais pas bien. Mon cœur se serrait, je sentais comme un poids dans ma poitrine. John, ne me laisse pas ! John... Et je ne pus empêcher son nom de sortir de ma bouche pour la première fois. Je me sentais si mal !

-John... John, John...

Je me mis à pleurer sans pouvoir me retenir. Je ne comprenais pas ce que je ressentais, mais après ce rêve dans lequel j'étais si bien auprès de lui, mon réveil dans cette maison où je me sentais si seul sans sa présence à mes côtés, me semblait si brutal ! Et je continuais de murmurer son nom comme une litanie. J'avais besoin de lui, là, maintenant, tout de suite !

Alors que je continuais de l'appeler inlassablement, et que les larmes coulaient toujours sur mes joues, que je me sentais perdu dans une sorte de transe inexplicable, j'entendis un énorme fracas me faisant à peine sursauter, avant qu'une odeur réconfortante et maintenant familière ne vienne jusqu'à mes narines. Deux bras forts m'attrapèrent brusquement afin de me serrer contre un corps dur. John ! Il m'a entendu, il est là !

-Je suis là. Calme-toi Lucas, je suis là, me dit-il d'une voix apaisante en me caressant les cheveux.

Et je me calmais, effectivement. Je me sentais mieux maintenant et je ne voulais pas bouger de ses bras qui m'enlaçaient tendrement et fermement. Je l'entendis soupirer.

-Je suis désolé, Lucas. Je n'ai pas pensé que la séparation un peu brutale du rêve et le retour à la réalité te toucheraient autant. C'est exactement comme je te l'ai expliqué. Parce que je suis âgé de plus de deux siècles, tout est plus intense, tout ce que nous ressentons est multiplié.

Alors, toute cette tristesse, qui m'avait rendu malade de désespoir, était à cause de lui et de son rêve qu'il avait provoqué ?! En rassemblant tout mon courage, car je voulais rester contre lui, mon corps entier me le commandait, j'essayai de me détacher de ses bras musclés, mais je n'y arrivai pas, il me tenait fortement.

-Lâche-moi.

Je vis ses yeux refléter l'étonnement, mais il me laissa tout de même, et je m'éloignai de plusieurs pas pour me donner du courage. Il ne fallait pas que je sois trop proche de lui !

-Je ne peux pas... murmurai-je en tournant légèrement ma tête de gauche à droite. Je ne peux pas...

Je le vis plisser les yeux, mais je n'y prêtai pas attention, je me sentais trop désorienté et apeuré par tout ce que j'avais pu ressentir il y avait seulement quelques minutes. Ça ne pouvait plus continuer. Depuis que cet homme avait fait irruption dans ma vie, il m'avait fait éprouver tout un panel d'émotions dont je me serais volontiers passé ! Prêt à lui expliquer, je relevai les yeux que j'avais baissés vers le sol, et je me figeai sous son regard, qui s'était durci et ne me quittait pas.

-Explique-toi, m'ordonna-t-il d'une voix dure qui atteignit mon cœur.

-Je... Je ne peux plus continuer comme ça. Depuis que tu es entré dans ma vie, je ressens trop de choses que je ne saurais expliquer. Il y a encore quelques minutes, j'étais malade, complètement submergé par une soudaine dépression ! Et tout ça pourquoi ? Parce que tu as interrompu un rêve ! m'exclamai-je en me prenant la tête entre les mains. On nage en plein délire !

Je me mis à faire les cent pas dans mon salon.

-Essaies-tu de me dire que tu désires que je sorte de ta vie parce que tu as peur de tout ce qui t'arrive, de toutes ces émotions que tu ne contrôles pas et de cette attirance entre nous ? demanda-t-il lentement d'une voix froide, ce qui rendait ses paroles assez menaçantes.

-Oui... soufflai-je en arrêtant de marcher et alors que mon cœur se serrait.

Un lourd silence envahit la pièce. Aucun de nous ne bougeait plus.

-Eh bien, tu me vois désolé de ce que je me sens obligé de faire sans plus attendre, mais je t'avais prévenu.

Quoi ? Je levai les yeux vers lui. L'air déterminé et froid, lié à ce qu'il venait de me dire, me glaça sur place.

-Lucas.

Ce brouillard qui s'emparait de moi... Non... Pas encore....

-Il est temps de procéder à la première étape du lien, mon calice.

QUOI ?...

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