Chapitre 0 : Introduction

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Le jeune homme était un grand solitaire, sans emploi, continuant des études à rallonge avec une thèse non financé dans un domaine assez inutile. Il subsistait grâce au maigre héritage de ses parents décédés.

Âgé de trente ans et en pleine déliquescence, il n'avait pas vraiment d'amis et jamais eu de petite amie. La plupart du temps, sa situation ne le chambardait pas bien qu’il ressentait par période de l'affliction du à cet isolement, la morosité le gagnait. Son cœur le pinçait, la douleur devenait insupportable par à-coup à tel point qu'il se cachait sous les couvertures de son lit, le temps d'oublier son malheur.

Vladimir ne sortait pas. Le jeune homme passait la plupart de son temps dans des mondes virtuels, sa seule occupation. Les livres ou les jeux vidéos occupaient la majeure partie de son temps. Jamais en multijoueur.

Ses rares sorties étaient destinées à remplir le garde manger, si bien que son principal contact était la boulangère du coin de la rue prénommée Alice pour laquelle cet homme n'était qu'un client.

De même Vladimir était régulièrement la cible des sévices d'un couple de voisins peu scrupuleux contre lequel il était bien impuissant. Au poste de police, personne n'écouterait un marginal sans diplôme et sans activité. Vladimir considérait ces sévices comme sans importance, ce couple ayant plus de paroles que d'actes. Même s'il avait pu, Vladimir n'allait pas pénaliser leur vie en les traînant au tribunal.

Paradoxalement, il tenta sa première fois avec une escort mais se ravisa quand celle-ci exigea le port du préservatif. Le préservatif diminuerait les sensations arguait-il stupidement. Dans le fond, pour sa première aventure, Vladimir n’accordait pas assez sa confiance à cette inconnue pour laquelle il avait dépensé de l’argent qu’il n’a pas et abandonna tout espoir de septième ciel.

Alors qu'il rentrait de la boulangerie s'apprêtant à rentrer dans l'immeuble, il fut appréhendé par la voisine qui ouvrit la fenêtre pour déverser un seau d'eau froide en direction de Vladimir.

« Qui passe par la ? Encore ce même loser. Qu'est ce que ça fait d'être un bêta ? Zéro chance de serrer de la nana comme mon alpha !»

Vladimir répondit par l'ignorance, elle n'empêchait pas le couple de toujours recommencer. Les viennoiseries de Vladimir étaient trempées. Le trentenaire passait par les escaliers pour atteindre son appartement, cependant il devait passer devant l'appartement de ses voisins. La porte de leur appartement s'ouvrit et le mari se mit à le provoquer encore.

« En 42, les inaptes comme toi, on les envoyait à la chambre à gaz ! »

Vladimir continuait de feindre l'ignorance. Écœuré, le malheureux arriva devant sa porte ou il remarqua un triangle noir retourné. Les faits sont graves. Vladimir arracha le triangle, rentra chez lui et ferma la porte à clé. Tant que la porte est fermée, il est en sécurité. Vladimir pouvait souffler un moment.

Vladimir parfois raccourcit en Vlad portait le même nom que Vlad Dracul alias l'Empaleur, prince de Valachie, originaire de Transylvanie selon la légende. Mythe terrible car ce prince aurait fait subir les pires sévices à ses victimes, son folklore était diabolique, maléfique et d'où s'inspire le mythique Dracula, grand et puissant seigneur vampire.

Notre jeune homme solitaire rêvait d'une puissance comparable, d'être un seigneur maléfique gouvernant une armée de démons comme le fit Vlad Dracul dans l'imaginaire collectif. Si seulement, lui aussi était Vlad l'Empaleur, meneur d'une armée démoniaque conquérant de terres fantaisistes contre des héros chimériques de la trempe du roi Arthur ou du brave Siegfried.

Hélas, c'était déjà une divagation vers un imaginaire débordant, la réalité le rattrapait et ce pauvre homme était bien loin d'être un seigneur de guerre. Que notre ami fantasmait punir cette population d'un monde qu'il ne chérissait pas. Dans la réalité, il n’oserait pas leur faire du mal.

Vlad donnerait tout pour être différent de son père, ce fuyard avait trompé sa femme alors même que Vlad était encore enfant. Quelle douleur insupportable que de voir sa famille brisée, d'être impuissant et de percevoir la souffrance d'êtres qu'il chérissait.

Le mariage, ce contrat religieux n'était-il pas censé être jusqu'à ce que mort sépare ses parties ? Vlad apprécierait qu'il lui soit impossible de quitter son éventuel future femme, qu'il soit aussi impossible de lui faire le moindre mal.

Un jour ou l'isolement lui pesait, ce solitaire décida d'accomplir un rituel d'invocation de démone sexuelle vu sur Internet. S'agissant des succubes, les servantes de Lilith, démones plus désirables et séductrices que toute humaine mais aussi bien plus dangereuses et redoutables, piégeant bien des hommes naïfs.

Le rituel ne paraissait pas particulièrement dangereux et le joueur se prêta au jeu, pour les frissons procurés, pour le stress et les sensations. Le jeune homme à force de jouer dans des mondes virtuels avait acquis une telle capacité à se plonger dans ceux-ci qu'il finissait par vraiment y croire.

On ne peut pas divorcer d'une diablesse. Quand la démone prend votre âme, vous ne pouvez pas la récupérer. C'était si tentant pour Vladimir, miroiter une relation éternelle.

Le rituel comportait comme étape obligatoire de décrire l’apparence physique de la démone à invoquer. Vladimir fournit alors un dessin d’un personnage de l’un de ses jeux vidéos.

Vladimir voulait soulager sa haine, exprimer à quel point il détestait ses voisins et toutes les personnes qui lui ont causé du tort. Le jeune homme détestait que sa souffrance soit ignorée, qu’il ne soit pas le centre du monde.

«Chère succube, si tu pouvais aussi faire payer mes voisins, je t’en serais infiniment reconnaissant.»

Vladimir serrait les poings, il laissait sortir toute la haine qu’il avait en lui contre ses voisins.

En terminant le rituel, notre marginal ne constata rien de spécial. Rien ne s’était produit. Après tout et comme escompté, ce genre de rituel n’était autre que des histoires à dormir debout faites pour effrayer les enfants. Peu dérangeant, c’était amusant pour lui de s’être prêté au jeu et d’y avoir cru l’espace de quelques minutes. Ce divertissement permettait de sortir un peu du monde réel qui l’ennuyait et d’entretenir sa bulle personnelle.

Ce rituel avait aussi permit de soulager sa frustration contre l’impunité de ses voisins sans pour autant leur faire vraiment du mal. Nous sommes sur Terre.

Le temps est venu pour lui de se coucher, de toutes évidences, rien ne s’était passé, Vladimir éteignit les lumières et s’endormit en toute insouciance. Il se rêvait à devenir un seigneur des ténèbres et fantasmait toujours d’une relation avec une démone sexuelle.

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