Chapitre 2 : Combat à mort dans la plaine
Luke se sentait fatigué, il n’était pas sorti indemne du son combat contre l’urdy, son ami non plus.
— On les massacre ! hurla Eddie en se préparant à dégainer.
— Attends ! C’était juste un tir de sommation ! On peut s'en sortir sans se battre !
— Tss... Tu vas m’empêcher de tuer encore longtemps ?
Les trois cavaliers ralentirent progressivement. L’un d’entre eux visait Eddie avec son arc, prêt à faire feu au moindre mouvement suspect. Ils étaient tous vêtu d'une tenue rouge, et portaient chacun des pièces d'armures différentes. Donnant au trio l'aspect d'amateur ayant pris l'équipement qui restait. Luke comprit rapidement qu’il n’avait pas affaire à des guerriers d’élites. Leurs chevaux avaient cependant l'air bien nourri et en forme.
— Qu’est-ce que vous faites si loin du village ? demanda le premier des hommes, une épée à la main.
Le cerveau de Luke tournait à plein régime. Il allait devoir mentir, et le faire correctement s’il voulait s’en sortir.
Il n’avait aucune idée sur la raison de la colère des cavaliers. Pour quelles raisons des hommes n’avaient pas le droit de quitte le village ? Faisaient-ils face à des bandits ou à des soldats chargés de la sécurité ?
Luke décida de jouer les idiots.
— Nous étions juste sortis chercher du bois, expliqua-t-il le plus calmement possible. Malheureusement nous avons croisés une meute de loup, en fuyant nous nous sommes éloignés du village. Nous n’avions pas remarqué que le soleil était déjà si bas.
Les habits déchirés des deux fugitifs de la cage corroboraient son histoire, Luke espérait juste que ce ne soit pas si invraisemblable de croiser des prédateurs par ici. Le premier homme fronça les sourcils, puis rangea son arme en affichant un visage convaincu.
— Dépêchez-vous de rentrer, ordonna-t-il. Nous passons bientôt récupérer le paiement, vous avez mieux à faire que vous balader dans les plaines, non ?
— Oui, vous avez raison, nous allons rentrer tout de suite.
Sans en demander plus ils se retournèrent pour partir, Luke avait observé le regard de l’homme quand il avait parlé du « paiement », et en déduisit que le village se trouvait dans cette direction. Ce qu’il ne vit pas en revanche, c’est que le cavalier avec l'arc n’avait toujours pas cessé de le bander.
Luke vit ses sourcils se froncer en remarquant le fourreau sertir de pierre précieuse à la taille d’Eddie. La distance entre les deux groupes n’était que de dix mètres lorsqu’il prit la parole.
— Je ne reconnais pas leurs visages, on devrait quand même les ramener au château.
Eddie fut le premier à réagir, en un instant il fit volte-face en dégainant son épée qui s’enflamma instantanément. D’un geste rapide et précis il la lança sur l'archer. Malheureusement il avait mal jaugé la distance, et l’arme rata l'homme, mais s'enfonça dans le flanc du cheval. La bête hennit en se cabrant sous la douleur et son cavalier fut projeté à terre.
Les deux autres réagirent rapidement. Ils lancèrent leurs chevaux aux galops, leurs épées prête à trancher.
— Tuez-les ! hurla l’archer en se relevant péniblement.
Luke attrapa la hachette à sa ceinture avec fermeté. Des images jaillirent devant ses yeux, des sensations à la fois inconnus et étrangement familière parcoururent tout son corps. Ses instincts lui hurlaient quoi faire, il n’avait qu’à se laisser guider.
Au moment où l’épée de son adversaire allait frapper, il roula sur la droite et balança la hachette pour trancher le genou arrière de la monture. Son arme entailla à peine le cheval.
C’est toujours plus facile à dire qu’à faire.
L’homme jura avant de charger de nouveau. Luke esquiva sur la gauche cette fois-ci, attrapa la hache à deux mains pendant sa roulade et frappa. La patte se déroba sous la puissance du coup et la bête s’écroula sur le sol. Le cavalier avait réussi à se dégager au dernier moment, et déjà il se relevait épée en main. Luke n’eut pas à réfléchir, son corps se déplaça tout seul. Son adversaire lança un coup vertical, Luke fit un pas de côté tout en pivotant rapidement sur lui-même, la hachette frappa au niveau du cou, décapitant l’homme presque nettement.
La tête vola avant de tomber avec un bruit sourd, tandis que des gerbes de sang giclaient sur l’amnésique. Il l’avait fait, il s’était simplement défendu comme dans la Cage. Luke avait laissé son corps s’exprimer, et son assaillant était mort une fois de plus. Il serrait la hachette si fort qu’il en avait mal aux articulations.
Alors c’est si facile que ça ?
Des bruits le sortirent de ses pensées, et il vit Eddie éviter la charge du cavalier. Il se releva avec agilité, et attendit la prochaine avec un grand sourire. Le sang de la famille Chafe brûlait dans ses veines, et Luke aurait pu jurer qu’il fumait. Il ressemblait à un prédateur, une bête sauvage assoiffé de sang.
Le cavalier passa à l’attaque une fois de plus, et au dernier moment Eddie bondit. Un bond surhumain de presque deux mètres de haut. Il attrapa la tête de l’homme au vol, l’emportant en arrière. L’homme chuta avant d’heurter le sol avec violence. Le craquement sonore qui retentit dans la plaine le laissa aucun doute sur son sort.
Cela n’empêcha pas Eddie briser sa nuque d’un coup de pied, toujours avec le sourire.
— Tu vas bien Luke ? appela Eddie en se retournant vers son ami.
L’amnésique vit quelque chose se déplacer derrière lui.
— Esquive ! cria Luke.
Eddie se jeta sur le côté sans réfléchir, et une flèche le frôla. L'archer avait attendu en silence le moment idéal pour tirer.
L'homme grogna tout en encochant une seconde flèche avec dextérité. A cette distance il avait complètement l'avantage sur ses deux adversaires. Que son attaque par surprise ait échoué ne changeait rien à cela.
L'archer n'eut pas le temps de tendre sa corde entièrement, la hachette de Luke s'était déjà enfoncée en plein milieu de son visage. L’homme s’écroula sans bruit, des giclées de sang se déversaient sur son torse.
Luke l'avait touché à la tête alors qu'il visait le torse, un pur coup de chance.
Comme lorsqu'il avait tué le bandit dans la Cage, comme lorsque le premier cavalier l'avait sous-estimé. Sa chance lui avait permis de prendre la vie de trois hommes.
Eddie siffla.
— Sacré lancé ! Faudra que tu m'apprennes !
Luke sentait ses muscles le brûler tandis que tout son corps lui faisait mal. Il restait debout, incapable de bouger, le regard fixé la personne qu’il venait de tuer.
— Eh ? Eh oh tu m’entends ? s’enquit Eddie en ramassant son épée.
— Euh... Oui, j’étais perdu dans mes pensées.
— C’est la première fois que tu tues un type ? Tu te sens mal ?
Luke regarda son compagnon dans les yeux. Il aurait aimé lui répondre que oui, mais en vérité il ne ressentait aucun remord.
— C'est le troisième depuis que je me suis réveillé. Je n'ai pas le souvenir de m'être déjà battu, mais dès que je prends une arme en main je me sens différent. Comme si mon corps était habitué à tuer.
— Alors ça, je te crois sans problème ! On en a vu des types se battre et s’en vanter, mais la plupart étaient loin d’avoir la moitié de ton talent.
Je vais prendre ça comme un compliment.
Eddie lança un coup de pied dans le cadavre de l’archer.
— Ce chien a quand même failli m’avoir, cracha le chasseur de relique.
— C’était une jolie esquive, plaisanta Luke.
— Elle était pas mal j’avoue, dit-il en souriant avant de reprendre un air sérieux. Et maintenant on fait quoi ? T’as une idée pour la suite ? J’adore me battre ce n’est pas le problème. Mais je ne pense pas pouvoir en tuer un de plus.
— Moi non plus.
L’amnésique observa les cadavres sur le sol, et récupéra l’épée de sa première victime. Cacher les cadavres serait une perte de temps, ils étaient trop fatigués pour cela. Deux chevaux s’étaient enfuis pendant l’affrontement, et le troisième agonisait sur le sol. Luke abrégea ses souffrances tout en s’excusant.
Il se tourna vers son compagnon de fortune, occupé à faire les poches des morts.
— Je propose d’aller vers ce fameux « village », dit Luke en indiquant le sud. Déjà pour savoir où l’on se trouve et pour se reposer un peu.
— Ça me va, acquiesça Eddie avec son habituel sourire.
Le duo se mit en marche, une colline les attendait. Leurs jambes fatiguées espérèrent que leur destination se trouvait juste derrière.
Annotations