Chapitre 20 :

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Le dernier gladiateur tomba lourdement sur le sol, et Luke agita rapidement son katana pour enlever le sang. Il ne savait pas d’où venait ce geste, mais il avait la sensation que l’ancien lui le faisait pour se « purifier ». Il leva la tête, pour découvrir des spectateurs déçus, et d’autres bien plus heureux tandis qu’on leur distribuait les gains de leurs paris. Le groupe de noble paru très satisfait du résultat du combat, Luke devina que tout comme lui, ils avaient vu à leur manière de se déplacer, que ces gladiateurs n’étaient que des amateurs. L’amnésique vit un homme pénétrer dans les loges pour rejoindre Gorlon, il le reconnu directement.

Ce fils de pute de Sokann.

Sokann s’approcha d’un pas rapide, le premier garde du corps, un grand gaillard chauve vêtu d’une cotte de maille visible sous sa tenue noire, lui fit signe qu’il pouvait rentrer dans la loge en lui prenant le cimeterre qui pendait à sa ceinture. Gorlon était en train d’hurler dans son cor magique, projetant sa voix nasillarde dans toute l’arène. On aurait pu le croire assit, mais il se tenait pourtant bien debout, il était chauve et ridé, mais s’agitait dans tous les sens comme s’il avait trente ans de moins. Sokann fut soulagé de ne voir ni Elise ni Sho’Ryu, il connaissait la ville comme sa poche et avait pu arriver avant eux. Cependant les cadavres sur la piste le firent tiquer.

— Monsieur ! interrompit-il son chef. Vous avez commencé en avance ?

— Te voilà toi, cracha Gorlon. J’en avais marre d’attendre vois-tu.

— Ce n’est pas ce qui était prévu, il ne devait pas affronter plus d’un combattant à la fois.

— Je me suis dis qu’un ami de chien d’Eddie saurai se débrouiller, répliqua-t-il. Ce qui était prévu c’est que le Chafe vienne, ou est-il ?

— Je pense qu’il ne viendra pas, inutile de continuer cela plus longtemps.

Sokann sentit du mouvement derrière lui, et d’un rapide coup d’œil vit que plusieurs hommes commençaient à entourer la loge.

— Je ne te le fais pas dire mon petit, tu ne t’es que trop moqués de moi.

— Comment ? s’insurgea Sokann. J’ai toujours été fidèle envers vous !

— Tu pensais que je n’avais pas compris que tu voulais aider Eddie ? Capturer son ami pour lui laisser le temps de fuir, et après venir pour me dire de le laisser partir ? Pour quel genre d’idiot tu me prends ?

— Ce n’est pa...

— Nous aurions dû attaquer ton hôtel hier soir, comme prévu. Tu avais ma confiance et tu l’as trahi. Tu vas gentiment regarder son ami se faire tuer, et après tu prendras sa place. Aujourd’hui je fais le ménage chez les traîtres, annonça Gorlon en riant, cette fois dans son cor magique.

Sokann voulu prendre son arme, mais il avait oublié qu'on lui avait pris. Il évalua rapidement la situation, quatre gardes se tenait derrière lui, l’empêchant de sortir de la loge, et deux autres bloquaient la seconde sortie. Les hommes de Gorlon, ses anciens collègues, pullulaient dans toutes l’arène, jamais il ne parviendrait à s’enfuir si un combat éclatait. Toute ces années à servir ce porc, en vain, désolé Luke, j’aurais dû livrer Eddie au lieu d’essayer de tous nous sauver.

Sho’Ryu et Elise durent jouer des coudes pour s’approcher de l’arène, une foule compacte était amassé autour, bon nombre essayait de rentrer pour parier, un des seuls moyens des plus pauvres de gagner de l’argent. La porte principale était fortement gardée, ne laissant passer que ceux suffisamment riche, Elise se demanda si les deux pièces d'or qu'elle avait sur elle suffirait à les faire rentrer. Le samouraï lui vérifiait si une entrée en force était possible, quand quelqu’un tira sur son kimono, il se retourna pour se retrouver face à deux yeux exorbités sur un visage pale.

— Sho’Ryu.

Ce n’était pas une question, mais une affirmation, l’inconnu s’agrippa davantage aux vêtements du jeune Nijimien, il pouvait sentir son haleine fétide.

— Il t’attend au bar « Le repaire », ne le déçoit pas.

Un symbole en forme d’œil devant trois traits brillait sur le front de l’individu, il lâcha Sho’Ryu, puis disparut rapidement dans la foule. Il se rendit compte qu’il tremblait, une main se posa sur son épaule, celle d’Elise, ce qui le rassura et fit cesser les tremblements.

— Toutes les entrées sont bien gardées, annonça t'elle. Tentons par la grande porte, on a d'autre choix.

Elle ne reçu aucune réaction de la part de son ami, alors elle toucha sa joue, remarquant que quelque chose n’allait pas.

— Sho ? Ça va ? Luke a besoin de nous réveille-toi !

— Je... Oui t’as raison, dépêchons-nous.

Elise lui sourit avant de se mettre en route, il lui emboita le pas.

Mon frère attendra.

Eddie tenta d’avancer, encore une fois. Son père le repoussa en arrière une fois de plus, et les autres membres de sa famille l’agrippèrent pour l’empêcher de sortir.

— Je dois aller l’aider ! cria-t-il.

Tu dois aller mettre Ignis à l’abri.

Eddie attrape son épée, et voulu la jeter loin, le plus loin possible de lui. Mais elle était comme collé dans sa main, il ne pouvait pas s’en débarrasser.

— Tout est de ta faute ! A toi et à cette maudite relique !

Calme toi fils.

Une immense douleur le frappa au niveau du cœur, même si Eddie savait pertinemment qu’il n’en avait pas. L’artefact sphérique qui remplaçait l’organe se mit à briller, au point qu’on pouvait voir la lumière traverser ses vêtements. Elle était là, la source de la malédiction des Chafe, dans cette relique maudite qui avait pris la place du cœur de son ancêtre. Chaque nouveau membre de la famille né en en étant dépourvu, l’artefact délaisse alors le père pour permettre au fils de vivre. L’orbe magique prend alors les fonctions du cœur, maudissant le nouveau-né.

Laisse-moi prendre le contrôle, je vais nous mettre en sécurité.

Eddie sentait que son propre corps commençait à lui échapper, la présence d’Ignis, l’arme magique de feu la plus puissante jamais crée, renforçait la volonté de son père. Déjà son bras gauche ne lui appartenait plus.

— Laisse-moi tranquille !

Il leva son arme, et la pointa vers son faux cœur, sous le regard terrifié de son père.

Que fais-tu ?

— Je préfère mourir que de te laisser contrôler ma vie !

Serrant les dents, il planta la lame de toutes ses forces dans sa poitrine.

Sa lame traversa la chair une fois de plus, et Luke essuya la sueur qui perlait sur son front avec sa manche. Il n’avait pas toujours trouvé de plan pour s’enfuir, et le cinquième adversaire qu’il lui avait envoyé avait su se défendre mieux que les autres. Combien de temps vais-je pouvoir tenir ? pensa-t-il. Une fois de plus, la voix amplifiée de Gorlon lui parvint.

— Bien joué à ceux qui ont parié sur l’ami du traître ! félicita-t-il. Maintenant laissons place à un des grands favoris de l’arène ! Le Balafré parviendra-t-il à s’imposer une fois de plus ?

Une des grilles s’ouvrit, et un adolescent pied nu, vêtu d’une longue cape grise pénétra sur la piste. Son teint était hâlé, et ses cheveux noirs et gras étaient décoiffés, ses yeux bleus étaient éteints, et bien qu’il soit très jeune, une quinzaine d’année estima Luke, il était légèrement vouté, le faisant paraître encore plus petit qu’il n’était vraiment. Une immense cicatrice parcourait son visage, partant de sa tempe gauche, pour terminer sur sa joue droite. C’est encore un enfant, pensa Luke.

— Je ne vais pas me battre contre lui ! hurla Luke en direction de Gorlon, qui était dans les loges en hauteur, sans savoir s’il pouvait l’entendre avec le vacarme de l’arène. Envoie-moi un adulte !

Quelque chose passa juste devant son nez, et il du éviter un second projectile en se penchant sur le côté. Le Balafré tenait un couteau de lancer dans chaque main, et Luke vit qu’il en avait beaucoup d’autres sous sa cape.

— Et merde, jura l’amnésique.

Il se prépara à se battre, tandis que son adversaire se mit à courir vers lui.

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