2 — Nouveau cycle

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Le réveil de Claire sonna à 7 h 30, comme l’exigeait son rituel quotidien. Parfois, elle se demandait quelle pouvait bien être la différence entre elle et les robots de Colonie 7. Elle se leva sans prendre la peine de s’habiller, car elle s’installa de suite dans la douche. Les ressources du vaisseau étant finies et cycliques, tout était contrôlé pour garder la meilleure efficience possible. Ainsi, Claire se contentait d’entrer dans la cabine, mettre un masque respiratoire, fermer les yeux, écarter les bras et les jambes et laisser la machine procéder. Celle-ci diffusait une brume humide accompagnée de savon sous la forme d’un cyclone chaud. La vitesse du vent caressait le corps avec douceur et rendait l’instant très agréable. Le rinçage constituait la deuxième partie du cycle avec le même effet de souffle tournoyant. Enfin, une dernière brise la sécha. Le rituel matinal se terminait par un lavage de dents avec un petit appareil à glisser dans sa bouche qui s’occupait d’émettre le strict nécessaire en dentifrice et d’eau pour le nettoyage. Le placard à vêtements contenait l’uniforme des passagers de Colonie 7 mis à disposition automatiquement grâce à un réseau reliant ceux-ci à une buanderie centralisée qui retraitait les habits sales. Les plus usés étaient envoyés au recyclage et réutilisés par les synthétiseurs.

Grâce à tous ces systèmes robotisés, le vaisseau générationnel parvenait à accomplir une efficience en ressource aussi proche que possible de l’autosuffisance avec un faible pourcentage de perte.

Un message vocal qu’elle connaissait par cœur depuis le temps la salua au moment de quitter sa cabine.

Le Comité de Direction vous souhaite une agréable journée !

Claire arriva vers 8 h 30 au réfectoire du complexe résidentiel. Elle prit le plateau proposé par le distributeur à l’entrée et reçut un petit déjeuner soigneusement préparé et dosé en fonction des besoins de chacun. Parfois, dans les périodes plus festives, comme c’était le cas en ce premier janvier, les occupants avaient droit à la « surprise du Chef » avec une gourmandise en plus. Hélas, il n’y avait pas de chef cuisinier à proprement parler, c’était le surnom donné au synthétiseur alimentaire.

Elle s’installa à la table de Sabrina et Hector.

— Salut Claire ! fit ce dernier d’un ton enjoué.

Ses yeux brillaient à chaque fois qu’elle apparaissait devant lui.

Hey ! ajouta Sabrina.

— Salut vous deux. Comment ça va ?

— Bah écoute, une nouvelle année qui commence, et qui nous rapproche de notre destination. Ça ne peut qu’aller, non ?

— En effet ! Aujourd’hui, je dois m’occuper des tests réguliers des moteurs principaux, continua Claire. C’est un exercice intéressant, car on va les déployer.

— Pour ma part, nous allons conduire une expérience sur des espèces poussant près du lac artificiel pour étudier leur développement dans ces conditions.

— Ça m’a l’air vachement sympa, répliqua Hector.

— Et toi ?

— Bah, pas grand-chose, une maintenance de routine sur les dispositifs environnementaux. C’est majoritairement automatisé, il faut juste regarder un script en train de tourner. J’avoue que c’est un peu chiant.

— Pauvre chou, va, se moqua Sabrina en frottant les cheveux d’Hector.

Le trio d’ami termina son petit déjeuner et alla à ses occupations. Claire se rendit au niveau 0, le plus bas de l’appareil, là où se trouvaient entre autres les salles de contrôle de tout le système de propulsion et d’alimentation énergétique.

Colonie 7 n’était pas un vaisseau spatial agencé comme les autres. Il s’agissait d’un gigantesque tube d’environ cinq kilomètres de long pour cinq cents mètres de diamètre. Il était basé sur le concept du cylindre O’Neill, le même qu’utilisé pour les colonies du système solaire, mais en plus réduit. Le conduit se voyait découpé en onze niveaux eux-mêmes divisés en plusieurs étages avec une optimisation poussée du rangement. Il n’y avait pas de place pour du vide dans un vaisseau générationnel censé voyager pendant quatre-vingts ans. Bien que dans l’espace la notion de haut et de bas n’avait pas vraiment de sens, le plan de Colonie 7 se lisait comme celui d’un immeuble avec un rez-de-chaussée, premier étage, deuxième, etc.

La gravité était produite par une rotation sur un axe central et la liaison entre les niveaux assurée par un système de turboascenseurs similaire à un métro.

Outre une myriade de propulseurs auxiliaires, les principaux moteurs étaient répartis de manière égale autour de la coque. Quatre blocs d’un kilomètre de long qui se déployaient et s’éloignaient du vaisseau lorsqu’ils étaient mis en action. C’était justement l’objet de la campagne de tests à laquelle Claire participerait : déplier les réacteurs, les démarrer pendant dix minutes, et les arrêter. L’objectif était d’assurer leur maintien en condition opérationnelle dans le cas où ils seraient requis pour un ajustement de trajectoire. Mais surtout, pour ralentir le jour où Colonie 7 parviendrait à Proxima Centauri b.

Ces puissants engins thermonucléaires avaient reçu leur petit surnom de la part des ingénieurs. Inspirés d’un chant du Moyen Âge au sujet des aventures fantastiques de quatre frères, ils s’appelaient Renaud, Aalard, Guichard et Richard. Claire intervenait sur Renaud dans le cadre de cet exercice.

Elle arriva dans la salle des opérations et prit place à son poste après avoir salué ses collègues. Il s’agissait d’un lieu unique depuis lequel les moteurs étaient gérés. Elle était sous-divisée en quatre parties où chaque équipe s’occupait de la sienne. Devant Claire se trouvait un immense écran large montrant un schéma de fonctionnement du réacteur avec un statut de ses organes vitaux. Pour le moment, Renaud et ses trois frères « dormaient », donc rien de particulier à signaler. Colonie 7 avançait à l’inertie. Au milieu de la pièce se situait un projecteur holographique qui reproduisait une vue extérieure.

— Très bien, nous allons démarrer la séquence d’essai. La Planificatrice nous a confirmé que le Comité de Direction a approuvé l’exercice.

Sur l’hologramme, Renaud, Aalard, Guichard et Richard passèrent en vert.

— Séquence d’activation prête, en attente de synchronisation, annonça Claire.

Elle observait son moniteur comme on surveille du lait sur le feu. La moindre erreur devait être notifiée et traitée, la vigilance de l’ingénieure était à son paroxysme.

Synchronisation terminée, exécution de la séquence de déploiement.

Les quatre moteurs bougèrent sur la représentation virtuelle. Chaque mécanisme renvoyait sa position, son inclinaison, et son orientation en temps réel. Tout ce ballet savamment orchestré au millimètre près était rendu de la façon la plus fidèle possible par ce double. La simulation montrait les blocs s’éloigner peu à peu de la coque de Colonie 7. Cette configuration était indispensable, car les engins émettaient une chaleur et des radiations extrêmement dangereuses malgré le blindage de la structure. Ils s’écartaient d’une distance de cent vingt mètres.

Une sonde passant au rouge inquiéta Claire. Lorsqu’elle regarda le détail, le statut revint à la normale. L’historique n’indiqua aucun changement.

— Curieux, murmura-t-elle. Peut-être un bug.

— Déploiement terminé, annonça le responsable de l’exercice. Paré pour allumage.

Tel un écho, la dernière phrase fut répétée par différents opérateurs. Une barre de progression affichée sur les quatre moniteurs principaux donnait l’état de la montée en charge de chaque réacteur.

— Richard, OK.

— Aalard, OK.

— Guichard, OK.

Renaud se fit attendre, Claire nota quelques comportements troublants dans les relevés. Des messages d’erreur furtifs disparaissaient aussi vite qu’ils arrivaient. Mais les journaux ne mentionnaient rien.

— Claire ? demanda le responsable de Renaud.

— Euh, excusez-moi. Cette console doit avoir un souci, les sondes changent par moment d’état alors que le diagnostic ne renvoie rien.

— Quel est le statut du réacteur ?

Claire pianota quelques commandes et inspecta ses différentes métriques. Le comportement des capteurs semblait erratique, mais à la fin les valeurs étaient toutes correctes.

— Renaud OK, annonça-t-elle après un certain suspense.

— Mise à feu ! ordonna le responsable de l’exercice.

L’hologramme montra les moteurs expulsant de plus en plus leur puissance. Des indicateurs témoignaient que Colonie 7 prenait de la vitesse. Un compteur affichait la durée d’activation, prévue pour dix minutes. Après ça, ils s’arrêteraient et entreraient en rotation pour les positionner en mode décélération. Une seconde mise à feu aurait lieu pour ralentir Colonie 7 et le faire retrouver sa vélocité nominale.

— Arrêt des moteurs, annonça le responsable.

Une fois l’ordre diffusé, la représentation virtuelle montra ses gigantesques réacteurs se taire. Le moniteur principal attendait la suite des actions pour changer son affichage.

— Initialisation de la rotation : Richard, Aalard.

Les quatre engins ne pouvaient tourner en même temps, sinon ils se seraient entrechoqués. Il fallait donc que l’opération ait lieu par paires opposées : Renaud était jumelé avec Guichard, Aalard avec Richard.

— Richard, Aalard, rotation OK.

— Initialisation de la rotation : Renaud, Guichard.

Claire supervisa avec la même minutie la procédure. Cette fois, elle ne constata pas d’erreur sur le mouvement du bloc propulseur. Le seul élément qui la perturbait à chaque exercice de ce genre, c’était le silence. On ne ressentait rien lorsque ces gigantesques réacteurs bougeaient. Ces immeubles qui pesaient plusieurs milliers de tonnes se détachaient de la paroi, s’allumaient, s’éteignaient, et tournaient dans un calme irréaliste. C’était comme piloter une machine localisée à des kilomètres.

— Renaud, Guichard OK.

— Initialisation de la mise à feu, continua le responsable.

La console de Claire se remit à afficher des anomalies disparaissant aussitôt. Cela l’ennuyait beaucoup, car elle ne parvenait à savoir si cela était un vrai problème ou un bug du logiciel. Lorsqu’elle demanda à ses collègues, ils confirmèrent ne constater aucun souci.

Les quatre frères se rallumèrent et le compteur de vitesse vérifiait une décélération. Malgré la puissance crachée par ces engins, l’effet était imperceptible tellement la différence s’avérait insignifiante. Il faudrait les faire tourner pendant des heures pour sentir une réelle perturbation. Ce scénario n’était réservé que pour le jour J. Celui où ils deviendraient de facto inutiles une fois leur mission accomplie.

Le reste de l’exercice se déroula sans encombre. Après un arrêt des moteurs, ils reprirent leur position au bout d’une heure. Ils dormiraient désormais jusqu’à celui planifié le mois prochain.

Le responsable de la section propulsion envoya son rapport à la Planificatrice qui en accusa réception.

— Claire, pouvez-vous venir dans mon bureau, je vous prie ? demanda celui de Renaud.

Il ferma la porte derrière elle et afficha un air mécontent.

— Écoutez Claire, je suis très satisfait de votre travail en temps normal. Mais nous ne pouvons nous permettre de nous déconcentrer durant ce genre d’exercice. Le Comité de Direction compte sur nous.

— Je le sais bien. J’ai notifié les problèmes rencontrés par ma console au service informatique. Il y avait bien des erreurs, mais elles disparaissaient.

— Vous n’étiez pas simplement distraite ?

— Bien sûr que non !

— Je m’inquiète par rapport à ce que vous me décrivez. Ce genre de comportement n’est pas possible, tout est enregistré dans un journal immuable. Si ça apparaît à l’écran, c’est que c’est inscrit dedans.

— Si on veut s’assurer que le réacteur ne présente pas de défaut extérieur, peut-être faudrait-il planifier une sortie ?

— Une sortie extravéhiculaire ? Vous n’y songez pas ! C’est bien trop dangereux et réservé pour les cas extrêmes ! Le Comité de Direction n’acceptera jamais !

Un son de notification retentit dans le bureau. Le chef avala nerveusement sa salive pendant que l’avatar de la Planificatrice se matérialisait.

— Bonjour, annonça la femme virtuelle. J’ai observé des perturbations lors de l’essai. Pouvez-vous m’en dire plus ?

— Bonjour Planificatrice… non tout va bien, il n’y a rien à craindre.

— Planificatrice, ma console a remonté plusieurs fois des erreurs sur Renaud.

L’IA incarnée regarda dans le vide comme si elle réfléchissait.

— Les journaux m’indiquent le contraire. Pouvez-vous m’en dire plus, Claire ?

— Les relevés changeaient subitement d’état pour revenir à la normale. L’espace d’un moment, c’était comme si le réacteur ne répondait plus. Comme s’il…

— Il ?

— Non, j’allais dire une bêtise. Mais ces erreurs sont bien remontées sur l’ordinateur.

— J’ai noté que vous avez consigné un rapport d’anomalie de votre console de travail. Étant donné que le propulseur fonctionne parfaitement, n’est-ce pas l’hypothèse la plus logique ?

— Si… mais ne devrions-nous pas faire une observation externe ?

— Je soumettrai la suggestion au Comité de Direction. Mais je ne vous promets rien. En l’absence d’éléments tangibles, ils refuseront une sortie.

— D’accord… merci de m’avoir écoutée, Planificatrice.

— Je vous en prie, nous œuvrons tous pour le succès de Colonie 7.

L’avatar disparut dans un nuage de particules vertes et bleues. Le chef adressa un regard noir à Claire.

— Vous m’avez fait passer pour un abruti, j’espère que vous êtes fière de vous !

— Comment ça ? C’est notre devoir de signaler toute anomalie pouvant nous mettre en danger ! Je trouve que vous surréagissez, monsieur !

— Mais quel danger ? Il n’y a rien dans les journaux ! Vous m’inquiétez, Claire.

— Qu’est-ce que vous sous-entendez ? Que je perds la boule ? Que j’imagine des trucs ?

— Non, non, je ne voulais pas que vous le preniez ainsi. Ça nous arrive tous un coup de mou ou de fatigue.

— Je vais très bien ! Merci de vous en soucier, monsieur, conclut Claire d’un ton sec.

Elle quitta le bureau, outrée d’avoir été considérée comme une idiote par un petit chef stressé. Malheureusement, même à des années-lumière de la Terre, ce genre de chose restait possible. Dans tous les cas, ce responsable n’avait que peu de marge de manœuvre. Sur un vaisseau à la population stable, difficile de recruter quelqu’un d’autre en remplacement d’un élément. La rotation de personnel était conditionnée par la capacité globale des effectifs et son remplacement progressif. Ainsi, Claire n’avait que très peu de « concurrence » envisageable.

Par acquit de conscience, elle envoya un message à Hector pour lui partager son souci. Il lui répondit que c’était en effet « chelou », Hector adorait utiliser ce genre de vieille expression démodée depuis des siècles, et qu’il allait « zieuter » pour elle. La légèreté des propos de son meilleur ami lui fit retrouver son calme.

L’après-midi, Claire avait donné rendez-vous à Hector au lac artificiel.

— Alors, bonne nouvelle, je pense, t’es pas en train de devenir folle, annonça Hector d’un air victorieux.

— Comment ça ?

— C’est vraiment zarbi ton truc, mais j’ai réussi à retracer des enregistrements dans les journaux. C’était bien planqué, mais j’ai trouvé des notifications d’événements qui ont été rappelées et annulées au même instant où elles devaient apparaître sur ton poste. Cela ressemblerait presque à un schéma d’attaque du type « homme au milieu ».

— En clair ?

— Bah, en gros, imagine que tu te connectes à un serveur en direct. Normalement, le lien est chiffré et si quelqu’un vient à écouter le lien, il ne verra rien.

— Jusqu’ici, je vois.

— Ben là, considère que quelqu’un se met entre toi et le serveur. Il te fait croire que la connexion est sécurisée de bout en bout, mais en réalité il renifle, voire modifie le contenu. Et toi t’y vois que du feu.

— Oh !

— Ici, c’est l’impression que j’ai eue en découvrant ça. Comme si une sorte de proxy filtrait ces erreurs pour pas que la console les affiche. C’est débile, pourquoi quelqu’un ferait-il ça ?

— Un sabotage de la mission ?

— Il aura pris son temps, je trouve, le saboteur… Ou alors quelqu’un qui a pété un câble.

— Tu as pu récupérer les vraies informations ?

Hector pianota sur son bracelet.

— Tiens, je t’ai envoyé un extrait. J’ai regardé par curiosité, mais tout ça c’est du charabia pour moi.

— Chacun son métier… répondit Claire en parcourant les données.

Son visage se décomposa à la lecture de quelques lignes.

— C’est pas possible.

— Quoi ?

— Si j’en crois ce que je lis, c’est comme si nous avions un réacteur en moins. Regarde, ces alertes signifient que les systèmes ont perdu la connexion. Tout part en lettre morte, les ordres laissés sans réponse. Mais d’un coup, juste après, il y a une notification confirmant l’opération.

— Un réacteur en moins ? Finalement, je crois que t’es vraiment en train de devenir cinglée.

Claire répliqua par une petite tape sur la tête d’Hector.

— Aïe !

— Mérité. Tu as la possibilité de me récupérer un peu plus de données ? Quelque chose ne va pas là-dedans.

— Y a moy'

— Merci. En attendant, évite d’en parler s’il te plaît. J’ai déjà eu mon chef qui m’a engueulée pour rien, je ne veux pas lui fournir des arguments en plus.

Hector mima le geste d’une fermeture éclair sur sa bouche avec un grand sourire.

Ils se levèrent et se quittèrent pour retourner à leurs autres occupations.

Le soir venu, Claire consigna cette étrange journée dans son carnet de notes.

Mercredi 1er janvier 2308, 21 h 13 min TFC

Cette journée fut éprouvante. Le test des quatre réacteurs se passa dans l’ensemble bien, mais […]

Le résumé terminé, elle s’arrêta pour réfléchir puis ajouta une dernière partie.

Note pour toi : j’ai mis en pièce jointe à cette entrée les données retrouvées par Hector. Essaye de les analyser quand tu auras le temps.

Puis un élément lui revint.

Tout à l’heure, je suis passée devant une des stations de recyclage d’eau. J’ai eu un drôle de sentiment là-bas. Comme si quelque chose de grave s’y était produit.

Je dois être fatiguée.

Peut-être que je deviens dingue, finalement…

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