Chapitre 2 (1/2)

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Je ne savais rien de ma vie avant mes 4 ans, elle avait sûrement été heureuse et tous les médecins étaient unanimes, j’étais en bonne santé. Jamais je n’étais tombée malade, aucune fracture ni blessure. C'était assez inexplicable.

J’étais une fille de 17 ans assez solitaire qui n'avait pas vraiment d'amis, sauf Hary, mon voisin depuis 2 mois. Ça s’expliquait facilement, être fille de militaires n’aide pas à se faire des amis. J’avais appris à ne pas m’attacher à un village ou un lieu puisque je le quittais quelques temps plus tard. Mais depuis peu, j’habitais à Mousehole, un petit village de pêcheurs d’environ 700 habitants. Alors les paysages ne manquaient pas. C’était ce qui me plaisait, le silence, la beauté d’un décor, j’aimais retranscrire les émotions que je ressentais près de la nature. Voilà pourquoi j’avais forcé mes parents à habiter ici. Si je devais passer encore une semaine seule, autant que je puisse faire ce qu’il me plaît. En l’espace de quinze ans, je pouvais affirmer que j’avais fait le tour du monde. Chaque mythe, chaque thé ou même légende ne m’était pas inconnu.

Mon père, Justin Patterfield, deux fois décorés pour services distingués et courage, n’aimait pas le calme de cet endroit. D’un côté, il n’aimait pas grand-chose à part l’avion, sa deuxième maison. Il venait d’avoir 40 ans, mais il était tellement grincheux qu’on lui donnait facilement 60 ans. Ma mère Katy Cross-Patterfield, quant à elle, avait compris que j’avais besoin d’un lieu de liberté. Elle n’avait pas été décorée, mais elle représentait, pour moi, le courage et la loyauté. Du haut de ses 38 ans, elle avait rencontré mon père 20 ans auparavant, le coup de foudre m’avait-elle dit. Elle avait beau être blonde aux yeux verts et papa brun aux yeux bleus, mes cheveux platines et mes yeux turquoise restaient inexplicables pour moi. C’est vrai, j’étais grande, pâle, fine, tout le contraire de mes parents. Les médecins me disaient que c’était à cause de la génétique, que tout ne pouvait encore être expliqué. Que l’on ne puisse me renseigner sur mon physique passait encore, mais que l’on soit incapable de m’expliquer les rêves que je faisais était impardonnable. Chaque nuit, je rêvais d’une femme cachée d’une cape, elle m’appelait par mon nom complet, chose que je détestais. Depuis peu, je remarquais qu’à chaque nouveau rêve, elle s’approchait, c’était magnétique. J’étais irrésistiblement attirée par cette voix envoûtante. Si bien que chaque réveil était aussi perturbant les uns des autres, je pouvais me réveiller au pied d’un arbre, comme dans ma baignoire. On pourrait penser à du somnambulisme, mais mes parents me disaient en trans, comme possédée. Bizarre non ?

Demain, ce serait ma dernière rentrée, et la première fois que je ne serai pas seule. Mon voisin, Hary Vipman, s’était gentiment présenté le premier jour de mon arrivée, en Juillet. Mes parents l’adoraient. Il était grand, brun, athlétique, intelligent et poli, tout pour plaire. Mais quand je le regardais dans les yeux, tout ce que je voyais, c’était de la gentillesse et de la pitié. Dès qu’il avait su que mes parents étaient militaires, Hary avait décidé de me prendre sous son aile, d’après lui, on deviendrait inséparable et meilleurs amis. Aujourd’hui, je pouvais assurer que ça l’était. Chaque matin à 8h, nous nous retrouvions près d’un arbre avec deux chevaux pour faire notre balade matinale et trouver un autre paysage à dessiner. Il aimait me photographier en train de dessiner et peindre.

– Tyli, regarde à droite, tu n’aimes pas ? Me dit-il. Il était bien le seul à pouvoir m'appeler comme ça.

– Hum... Pourquoi pas, l'endroit a l'air pas mal, on pourrait se poser là-bas, près du rocher et mettre les chevaux près de la cabane.

L'endroit était un vrai paysage de carte postale, un chemin de terre se divisant l'un vers une forêt de peupliers et de chênes et l'autre chemin vers une rivière. Il y avait une cabane d'une cinquantaine d'années près d'un vieux ponton. Derrière le cours d'eau se trouvait un champ de dahlias. Au centre de ce paradis parfaitement coloré, se trouvait un arbre majestueux, surement bien plus vieux que la cabane. Je dirai que l’érable avait plus de deux cents ans, dont les feuilles commençaient à rougir car c'était la fin de l'été. J'étais donc irrésistiblement attirée par l'endroit, mais Hary m'arracha de mes pensées.

– Super, je prendrais des photos, vu que c'est notre dernière matinée des vacances. Ta maman va adorer les images. On a vraiment trouvé le meilleur endroit pour que tu nous fasses une œuvre d'art, dit-il en fixant le vieil arbre. Purée, il doit être très vieux l'érable là-bas, j'irai le photographier avant de partir, sachant que l'on passe notre journée ici. J'espère que tu aimes mon idée de pique-nique frais. J’acquiesçai en reportant mon attention l’arbre en face de moi. Tyli, tu es avec moi ?

Hary adorait prendre des photos, j'étais très souvent le sujet de ses images, peut-être trop à mon goût, mais il avait déjà posé pour mes dessins, alors ce doit être normal.

– Oui oui, euh... J'ai pris des amandes séchées, tu... Et Hary, regarde, il y a quelqu'un près de la rivière !

– Où ça ? Tyli tu délires, il n'y a personne, il devait y avoir une branche dans l'eau, un effet d'optique. Tu devrais aller voir un ophtalmologue. Ce n’est pas la première fois cette semaine. Je commence à m'inquiéter, internet dit que ça peut être un cancer, t'imagines c'est super grave.

– Internet n’a pas non plus réponse à tout Hary.

Au moment où j'avais pointé l’homme du doigt, il avait littéralement disparu, volatilisé, comme à chaque fois. Je devenais vraiment folle, c'était la troisième fois que je voyais quelqu'un que personne ne voyait. J’en parlerai ce soir à papa et maman, ils devaient être au courant.

– Tyli... Ne te fais pas de soucis non plus, j’exagère sûrement un peu, ce doit être la lumière du soleil qui te fait ça, je n’ai pas dû regarder au bon moment, me rassura-t-il.

– Ne t'inquiète pas pour moi, j'en parlerai à maman ce soir, je suis sûre qu'elle me rassurera, lui confirmai-je.

Quatre heures après mon hallucination, Hary était parti amener les chevaux boire dans la rivière et je venais de finir mon croquis. Pour laisser mon paysage en paix, il était parti assez loin. Je n'étais alors plus dans son champ de vision. C'était à ce moment-là que je le revis, cette personne près de la cabane. Cette fois-ci, il me fixait, et, tout en s'approchant de moi, je l'entendis murmurer un nom.

– Darina, est-ce vous ?

Darina ? non ce n’était pas moi pourquoi m’avait-il appelé comme ça ? En quelques secondes, cet étranger se retrouva face à moi. Je ne l’avais pourtant pas vu bougé. A trente centimètres de moi, il mesurait plus d'une tête de plus que moi alors que je faisais pourtant un mètre soixante-quinze. Et il avait... des oreilles pointues. La seule explication était qu’il avait une malformation de naissance. Le plus bizarre, c’était ses yeux bleus. Il n'y avait pas que l'iris qui était coloré, tout son œil l'était, il n'y avait que sa pupille noire qui ressortait de cet océan. Mais le plus impressionnant c’est... Qu’il avait de sublimes ailes.

– Mais... Vous avez des ailes ? Ai-je fini par articuler.

– Vous me voyez ? Répondit-il spontanément.

– Tyli ! Caprice fait encore des caprices, elle m'a arrosé, viens m'aider s'il te plaît, hurla Hary.

L'homme ailé parut déstabilisé et disparu encore une fois. Hary vint me faire un énorme câlin mouillé ce qui me ramena instantanément à la réalité.

– Hary, t'es insupportable ! Elle regarda les vêtements de son ami, hilare. C'est Caprice qui a fait ça ? Quelle idée de l'emmener près d'une rivière, il te fait le coup chaque fois et tu te fais avoir tout le temps. Bien fait.

– Sunshine, elle, est adorable. Il devrait prendre exemple, ma jument est partie dans l'eau et s'est rafraîchi au lieu de jouer avec et d'éclabousser les gens, me dit-il, hilare.

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