Synchronicité
Trinh Xuan Thuan part donc de l’hypothèse très réaliste d’un Univers infini et en tire la conclusion logique qui s’impose : notre univers observable et donc moi-même, nous existons à l’infini.
Trinh Xuan Thuan s’écarte des positions habituelles des physiciens qui refusent de considérer sérieusement cette reproduction à l’infini.
Son mérite est immense, mais je dois avouer que nos chemins divergent assez vite.
Il écrit (page 275) : « Ainsi, si l’univers était infini, il existerait, au moment où j’écris un nombre infini de mes sosies dans cet univers, faisant exactement la même chose à cet instant précis : rédiger un livre. »
Bien sûr, j’approuve, dans l’ensemble, cette déclaration et sa conséquence logique : l’éternelle répétition à l’infini. Mais deux difficultés surgissent.
Tout d’abord, cette notion de simultanéité n’a guère de sens. Trinh Xuan Thuan reprend les calculs de Barrow et situe cet univers miroir à 10 puissance 10 puissance 120 mètres de nous.
C’est une distance vertigineuse, inimaginable.
Elle est infranchissable, tout simplement.
Mais le problème se situe ailleurs : si (ce qui, dans l’absolu, est vide de sens) cet événement avait lieu dans le même temps que le nôtre, il serait ipso facto autant éloigné dans l’espace que dans le temps !
Pour rester dans ce qui n’échappe pas trop à notre pensée, imaginons que mon « sosie » habite à 4, 23 années-lumière de nous, autant dire la distance qui sépare Paris de Pantin.
Si mon « sosie » écrit en ce moment, et que cet événement traverse l’espace à la vitesse de la lumière, ce maintenant contemporain me parviendra dans quatre ans et j’aurai largement fini d’écrire ce texte. Il en est de même pour mon « sosie ».
Pour que cet événement soit contemporain, et que je l’observe comme tel, ici et maintenant, il doit s’être déroulé il y a quatre ans !
Ne parlons pas des actes de mon « sosie » dans un univers miroir : le temps nécessaire pour que cet événement me parvienne est tellement long que notre planète aura depuis longtemps disparu.
Mais le cœur du problème n’est pas le temps (acceptons, provisoirement, la théorie Jungienne de la synchronicité) , mais ce concept de « sosie ».
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