Le soleil n’était pas encore levé. Le froid de ce début de printemps nimbait le paysage d’un profond silence. Rien ne bougeait, seul les quelques arbres de la propriété se balançait doucement au gré du vent. Victoire observait ce spectacle depuis la fenêtre de sa chambre. Chaque matin, avant d’aller travailler, elle regardait ce qui l’entourait. Elle observait, notait ce qui changeait. Mais surtout, elle rêvait de sortir du domaine pour explorer le monde.

Ledit domaine était pourtant assez vaste. La maison était grande, entouré de granges où séjournait les animaux. Les granges étaient faites de planches de bois. Il n’y avait pas de décoration, cela n’avait pas été conçue pour. Juste à côté se trouvait l’écurie. C’était un bâtiment plus solide et bâti en pierre.

La maison était spacieuse. Faite en pierre et ayant plusieurs étages, elle attirait indéniablement l’attention. De nombreuses plantes l’entouraient, ainsi qu’un potager. Amaury, le jardinier, s’en occupait conscencieusement et détestait être dérangé.

En soupirant, la jeune fille se détacha de ce tableau pour descendre les marches et manger un bout de pain. La maison était silencieuse, signe que ceux qui s’occupait de Victoire était déjà parti s’occuper d’affaires au village. Un simple bout de pain était installé sur la table en bois. Elle le prit et l’avala.

La jeune fille sortit et alla à la grange des vaches. Elle ouvrit la lourde porte et prit le seau prévu pour traire les vaches.

Ninie, la vache rousse fidèle, se tenait déjà debout dans sa stalle. Victoire s’approcha et lui chuchota :

- Coucou, ma belle. Comment ꞔa va ? Bien dormi ?

- Meuh, lui répondit la vache en mâchant un peu de foin.

La jeune fille la chatouilla entre les cornes et se mit à la traire délicatement. Elle fit ensuite de même avec les autres bovidés de la ferme. Elle ouvrit les stalles et fit sortir les vaches. Elle porta le seau rempli de lait à l’entrée, sachant qu’Amaury le prendrait pour le vendre plus tard dans la journée.

Après, elle changea bâtiment et alla à l’écurie. Elle sortit les quelques chevaux dans le pré car elle devait nettoyer leurs box. Le travail consistait à enlever tout le foin sale puis en remettre du nouveau. Et pour finir, remettre du foin dans les mangeoires et de l’eau propre dans les abreuvoirs.

Quand elle eut enfin terminée, le soleil était déjà au zénith. Victoire soupira avec lassitude, en reprenant son souffle :

- Je n’en peux plus !

- Je compatis, lui répondit une voix inconnue.

Surprise, la jeune fille chercha des yeux qui avait bien pu parler. Elle regarda autour d’elle.

« Ce n’est pas la voix d’Amaury... Qui a parlé ?! »

Elle regarda autour d’elle, dans toutes les directions. Il y avait juste le chat sur la barrière et les chevaux qu’elle avait replacé dans leurs box.

- Quelque chose ne va pas ? reprit la voix.

Victoire sursauta à nouveau.

« J’ai des hallucinations ! Ce n’est pas possible autrement ! Pourtant, j’en ai jamais eu avant... »

- Quand quelqu’un parle, on le regarde !

- Qui êtes-vous ? s’enquit Victoire, de plus en plus inquiète.

- Tu me connais pourtant. Tu me caresses souvent le ventre, le soir, lorsque tu es épuisé par tous les travaux digne d’Hercule, lui expliqua la voix.

- Pardon ?! Je n’ai jamais....

- Tu es amnésique, ma parole ! Je m’appelle Uranus.

- Quoi !

Victoire se tourna vers le chat tricolore sur la barrière.

- Mais tu es un chat ! Je ne peux pas te comprendre !

La fillette ferma les yeux puis les rouvrit. Elle regarda à nouveau le chat aux yeux bleu et vert.

- Je dois rêver, chuchota-t-elle.

- Pourquoi donc ?

Victoire ne comprenait plus rien. Sa vue se brouilla et des étoiles dansèrent devant ses yeux. Elle sombra dans l’inconscience sans s’en rendre compte.