Elle avait les yeux ouverts et regardait le visage flou d’une jeune femme. Celle-ci la prit dans ses bras, la coupant du reste du monde avec ses longs cheveux bruns. Elle rigola, la femme sourit tristement.

- Victoire...

Elle la redéposa dans son berceau. Elle la regardait avec insistance, comme si elle cherchait à graver son image dans son cœur. La jeune femme caressa doucement son visage.

- Tu es courageuse, je le sens au plus profond de moi, reprit la femme. Tu survivras... ta sœur aussi. Quant à moi...

Victoire s’agita.

- Chut..., la calma la femme. Tout va bien, je suis là.

Ses yeux exprimaient pourtant un autre message : Tout ne va pas bien. Je ne serai bientôt plus là.

- Dors, mon ange, continua-t-elle. Tout ira bien.

Ses yeux blanchirent légèrement. Elle secoua la tête. Ses yeux reprirent leur teinte d’origine.

- Victoire, je t’aime. Ne l’oublie pas. (La femme marqua un temps d’arrêt.) Tu prendras les bonnes décisions.

Victoire cria.

- Chut... je reviendrai, crois-moi. J’ignore comment, mais je reviendrai. La magie d’Événia est imprévisible. Tout comme le monde d’Événia en lui-même. (La femme reporta son attention sur Victoire.) Dors, mon ange.

Les paupières de Victoire se fermèrent presque instantanément. Des bruits étouffés lui parvinrent. Elle sentit qu’on la prenait dans ses bras. Elle se débattit en pleurant. Elle se sentit ensuite traversée par de l’eau glacée.

- Doucement, lui ordonna une voix.

Soudain, elle vit distinctement, derrière ses paupières closes, une lumière blanche éclater. Elle se débattit et pleura.