Chapitre II
Victoire se réveilla, pantoise du rêve qu'elle venait de faire. Elle remarqua alors que sa mère la regardait. La jeune fille tenta de s’asseoir mais ne fit qu’empirer sa migraine déjà douleureuse.
- Rendors-toi, Victoire.
L’intéressée se tourna vers sa mère, surprise.
« Elle ne m'a jamais parlé avec autant de douceur. »
Elle remarqua qu'elle se trouvait dans sa chambre. Nathalie, sa mère, dit:
- Quand nous sommes rentrés, nous t’avons cherché et nous t'avons trouvé devant les stalles des chevaux; que d’ailleurs tu as bien nettoyé, mais tu étais par terre, inconsciente.
« Cherché? »
- Nous avons appelé le médecin, continua sa mère. (Victoire remarqua que son visage s’était légèrement assombrit.) car nous nous inquiétions de ton état. Il t’a prescrit du repos et des tisanes. D’accord ?
Victoire acquiesa puis demanda :
- Mais qui donc s’occupera de la ferme ?
- Nous engagerons un domestique pour faire le travail à ta place, lui répondit Nathalie.
- Très bien.
Victoire se rallongea sur son lit en repensant à ce qui s’était passé: sa "discussion" avec Uranus et son rêve. Mais était-ce un rêve? Elle avait bien plus l'impression d'avoir affaire à un souvenir enfoui de quand elle était bébé qu'à un rêve.
Elle regarda à travers la fenêtre et vit que le soleil se couchait déjà.
« Je suis restée inconsciente pendant une demi-journée ?! Où est Uranus, j’ai quelques questions à lui poser... C’est bizzare de poser des questions à un chat... je m’y ferais pas... »
Une ombre se faufila sur son lit et quémanda justement des caresses. La jeune fille sourit en caressant la fourrure soyeuse d’Uranus. Même si elle était un peu en colère contre lui, elle programmerait sa petite vengeance pour le lendemain.
- Je te laisse dormir, ma chérie. Bonne nuit! lui souhaita sa mère.
« Depuis quand me dis-tu bonne nuit? »
-Bonne nuit, répondit-elle tout de même.
Elle attendit qu'Uranus s'endorme avant de rabattre sa couverture et de prendre un petit tableau et de la craie. Elle souhaitait écrire les questions qu'elle se posait sur ce qu’elle venait de vivre. Elle chuchota pour elle-même:
- Tous ꞔa, c’est très étrange ! (Elle eut une idée.) Je vais aller voir les autres animaux pour voir si je les comprends aussi.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Victoire s’emmitoufla dans une cape car les nuit étaient encore fraiches. Elle descendit tout doucement les escaliers, pour ne réveiller personne. Mais monter ou descendre les escaliers menant à sa chambre et aux deux chambres d’amis était impossible sans faire un minimum de bruit.
- Gniii, grinꞔa une marche.
Victoire longea ensuite le couloir et entrouvrit la porte d’entrée. Une bourrasque d’air glacée s’engouffra dans l’entrée. Malgré le froid, la jeune fille sortit de chez elle en prenant soin de refermer la porte. À l’entrée du portail se trouvait une chienne. Victoire l’avait toujours appréciée. Elle emprunta donc le chemin principal qui menait au portail.
Étant donné la grandeur du domaine, ses parents avaient préféré faire construire un mur d’enceinte, sacrifiant ainsi une petite fortune pour protéger leur bien: ferme et maison. Ou peut-être pour éviter que leur fille unique ne fugue (on ne sait jamais...).
La chienne du nom de Pitoucha avait déjà sauvé la vie de Victoire en intimidant un loup affamé. Sans elle, elle ne serait plus de ce monde. Victoire se rendit compte qu’elle pourrait enfin la remercier correctement si elle comprenait vraiment les animaux. Revigorée par cette pensée, la jeune fille acceléra son pas. Quand elle vit le portail au loin, Pitoucha devait l’avoir entendue arriver car elle regardait déjà dans sa direction. La chienne lui fit la fête.
- Salut Pitoucha ! Je suis désolée de te déranger en pleine nuit, lui dit Victoire.
« Pourquoi est-ce que je parle à une chienne? Mais... je serai fixé si je ne la comprends pas... »
- Ouaf fait Ouaf.
- Pardon ?
- J’ai dit : Ouaf ouaf aff !
Victoire ouvrit de grand les yeux.
« Mon pouvoir ne fonctionne pas vraiment bien. Mais peut-être qu'il faut le travailler ? Et si oui, comment ? »
Une violente migraine l’assaillit et elle dut s’agenouiller pour ne pas tomber à la renverse.
- Victoire, que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu toute pâle tout à coup ? Tu pourrais égaliser la lune dans cet état. Tu me fais peur !
Une langue vint lui lécher la joue.
- Merci.
Cette phrase devait pourtant rassurer Pitoucha mais elle n’en sembla pas convaincue pour autant. Victoire lui dit :
- Tout va bien. Je ... fais ... un malaise. ... C’est tout.
- Ben voyons !
Victoire se rendit compte qu’elle comprenait Pitoucha entièrement. En souriant, elle lui avoua :
- Je suis contente... de te comprendre et de pouvoir te parler.
- Moi aussi, j’en suis enthousiaste mais je m’inquiète pour toi, enfin vous ! Tu devrais retourner dans ta niche ou je ne sais quoi... Votre niche! Oh et puis zut! Pourquoi dois-je te vouvoier? C'est ridicule!
- Euh...
La jeune fille remit de l'ordre dans ses pensées. Un détail lui sauta alors aux yeux:
- Mais, j’ai une dernière question, tu ne sembles pas très surprise de me comprendre, pourquoi ?
- Parce que vous êtes l’élue. Voyons !
Pitoucha dut remarquer la surprise et l'incompréhension sur le visage de Victoire car elle expliqua:
- Il y a lon-ongtemps, avant ma naissance, un prophète qui a dévoilé qu’une jeune fille,... à moins que... elles étaient deux, non? Je ne sais plus.... bref elle pourrait nous comprendre et plus encore... (elle laissa le temps à Victoire d’assimiller la nouvelle, avant de reprendre) elle serait capable de se transformer en n’importe quel animal ! Même ceux de nos légendes ! C'est génial!
- C’est à dire ?! demanda Victoire, dépassée par ce qu'elle découvrait.
« Je ne me transforme pas encore en animal! Comme si pouvoir parler avec eux n'est pas assez! Merci beaucoup! »
- Animaux fantastiques aux pouvoirs immenses qui se seraient cachés du monde et se seraient fait emprisonner. C’est à vous que revient la mission de les chercher ! lui révèla Pitoucha.
- Mais ... euh ... je ne ... Enfin... Moi... Pourquoi? Mais... je n'étais pas... au courant!
- Tu peux faire des phrases ? Ca m’arrangerait légèrement. J'ai horreur des gens qui parlent mais qui laissent d'énormes silence entre chaque mot.
- Je dois rentrer Pitoucha ! Bonne nuit !
- Euh... Bonne nuit! Reviens me voir quand tu veux!
Victoire emprunta le sentier en courant. Elle alla s’enfermer dans sa chambre et se changea en vitesse avant de s’enfouir sous sa couverture. Ce qu'elle venait d'apprendre changeait trop de chose pour le moment. Elle devait les assimiler avant de vouloir en savoir plus.
Elle s’endormit presque imédiatement mais ses rêves se muèrent en cauchemars où monstres volants l’attrapaient et la jetaient du ciel. Elle chutait et les divers animaux la harcelaient et étaient déꞔus qu’elle n’ait pas réussi cette mission. Ils se jetaient tous sur elle et ...
Victoire sentit une langue lécher sa joue.
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