- Il y a de quoi manger pour un moment, constata Jaréa.

- Prends tout ce que tu veux mais une fois que tu auras fini de manger, il faudra se mettre au travail.

L'adolescente acquiesa puis demanda:

- Au fait, qui s'occupe de la ferme? Tes parents ont beaucoup de personnel? Je n'ai vu personne. Et pourquoi m'ont-ils engagé?

- Ce ne sont pas mes vrais parents, lui expliqua Victoire en soupirant. J'ignore l'identité de mes vrais parents. Pour répondre à ta question, je m'occupe des animaux de la ferme et Amaury est le jardinier et le cuisinier, en autre.

- Et pourquoi m'ont-ils engagé? Ton père, enfin...

- Appelle le Pierre, la coupa la jeune fille.

- D'accord. Pierre a parlé de remplacement?

Victoire acquiesa :

- Oui. j'ai fait un malaise hier .

La nouvelle domestique hocha la tête. La jeune fille lui dit:

- Je vais te chercher une tenue pour travailler. Sauf si tu veux garder cette robe.

Jaréa prit un air pensif.

- Je préfère garder ma robe et en mettre une autre.

- Très bien.

Quelques instants plus tard, l’adolescente regardait ce qui lui irait le mieux. Et deux essayages plus tard, elle annonꞔa à Victoire:

- Cette tenue me convient.

- Alors suis-moi, je vais te montrer tous nos animaux et ce qu’il nous faudra faire.

Suivie de Jaréa, Victoire ouvrit la porte pour se diriger vers la ferme quand elle heurta une boule de poils. Elle se serait étalée par terre sans Jaréa qui la rattrapa au dernier moment.

- Ca va ? s’inquiéta la nouvelle domestique.

- Désolée, désolée, désolée..., se lamentait une voix au même moment.

- Tu refais un malaise?

La tête de Victoire commenꞔait à tourner.

- Stop! cria-t-elle, débordée.

Aussitôt, le silence se fit et la fillette put respirer plus calmement. Sa petite crise passée, elle regarda autour d’elle et vit Pitoucha qui l’observait avec des yeux inquiets et scrutateurs.

- Il n’y a que toi pour essayer de me faire trébucher, lui fit remarquer la jeune fille.

- Je suis vraiment désolée, désolée! s’excusa la chienne. Comment savoir que tu allais surgir comme ca?

Jaréa observait la scène et regardait Pitoucha avec des yeux plissés. La chienne de garde finit par relever les siens et croisa le regard de la nouvelle domestique.

- Oh! lâcha le canidé.

La chienne ouvrit la bouche pour ajouter autre chose quand quelque chose la percuta de plein fouet. La voix d’Uranus résonna alors aux oreilles de Victoire:

- Pitoucha, il me semblait avoir été clair! Déjà hier soir, tu as désobéi à mes ordres!

- Pourquoi tu t’en prends toujours à moi? répliqua la chienne. Je n'ai rien fait de mal!

Uranus feula:

- Pourquoi?! Parce que tu es la seule qui n’en fait qu’à sa tête! Tu ne me sers à rien!

- C’est absolument pas vrai! répliqua la chienne. J’ai sauvé Victoire d’un loup! Sans moi, elle serait morte à l'heure qu'il est. Même avec ta protection soit disant infaillible.

Un grondement sourd monta de la gorge d’Uranus. Victoire observait Pitoucha et Uranus qui se défiaient du regard. Jaréa lui chuchota à l’oreille:

- Je ne comprend pas trop ce qui se passe. Pourquoi est-ce que je comprends les animaux... c’est impossible, non?! Ce n’est pas normal!

Victoire la regarda avec compassion:

- Je sais. Et c’est pour ꞔa que j’ai fait un malaise hier. J’ai soudain compris ce que me disait Uranus (elle lui désigna le chat). Cette nuit j'ai même discuté avec Pitoucha, la chienne.

La jeune fille remarqua que les deux intéréssés se défiaient toujours du regard.

- Dites? leur dit-elle. Je pourrais savoir se qui se passe !

- Et quels étaient les ordres et cette protection, ajouta Jaréa.

- Je voudrais bien, répondit Pitoucha sans quitter le chat des yeux. Mais Uranus serait bien capable de me tuer si je répondais à sa place. Évidemment, personne ne ferait attention à une simple chiennne. Je ne suis pas importante, après tout.

- Mais bien sûr que si! la contredit Victoire.

Le canidé lui sourit tristement avant de reprendre:

- Inutile de vous inquiétez pour moi. Une simple chienne avec les deux élues et l’unique rescapé des siens, ce serait très étrange.

- Les deux élues?! répéta Jaréa. Tu veux dire.... que c’est nous?

- Oui, confirma Uranus en jetant un regard mauvais à Pitoucha. Vouscorrespondez À la description de la prophétie.

- Quelle prophétie? voulut savoir Jaréa, de plus en plus abasourdie et perdue.

- Donc, si elles correspondent à la prophétie, c'est qu'elles sont soeurs. Tu le savais depuis le début, non? la coupa la chienne.

- J’ai connu leurs parents, évidemment que je le savais! affirma le chat tricolore.

- Quoi?! s’exclamèrent les deux filles en choeur en se regardant aussi surprises l’une que l’autre.

- Mes parents! Ils ne m'ont pas abandonné, si? demanda Victoire.

Elle repensa à son souvenir. La femme, serait-ce sa mère?

- Urien et Élisabeth ne vous auraient jamais abandonné, d’après ce que je sais. Ils vous ont apparament laissé sous la surveillance de certains d’entre nous, mais j’ai des doutes sur certains points, l’informa Pitoucha.

- Assez discuté!! tonna Uranus. Vous devez vous mettre au travail avant que les maitres des lieux reviennent! Je répondrai à certaines de vos questions ce soir mais d’ici là, interdiction d’en parler!

- Pourquoi seulement à certaines de nos questions? Plutôt à toutes! corrigea la nouvelle domestique. J'ai du mal à croire cette histoire...

- Viens Jaréa, Uranus a raison. Qu’est-ce que je vais dire à mes "parents" adoptifs? Nous risquerions une punition assez sévère, la pressa Victoire. Et crois-moi, il vaut mieux ne pas en avoir. Surtout le premier jour.

- D’accord, céda la nouvelle domestique et apparement sa soeur, bien à contre-coeur.