Entre rêve et réalité

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Je marche, inquiet. Mes pas résonnent dans le couloir. Depuis quelques jours, je suis sur la défensive, m’attendant à tout. La situation a tellement empiré que je crains le pire. Et même si ca semble se redresser, quelque chose ne va pas. Quelque chose se trame, dans l’ombre.

Élisabeth partage mon inquiétude mais elle doit s’occuper de nos filles. Quant à moi, j’ai continué mes recherches et j’ai découvert un souterrain.

Personne n’est au courant.

Lorsque je l’ai ouvert, il sentait le renfermé. Je ne l’ai pas exploré mais c’est ce que je vais faire. Aujourd’hui même. Ce souterrain me fait peur mais je sais qu’il cache un secret et qu’il changera la face du monde. Un secret qui peut rétablir la paix et règler tous les problèmes. Ou qui ne fera qu’empirer la situation et déclencher la guerre civile.

Si le secret a été caché par un souterrain dont tout le monde ne connait l’existence, c’est qu’il est dangeureux. Certains essayeront d’oublier le souterrain par peur de ce qui se cache à l’intérieur. Moi, je fais partie des gens qui veulent savoir, surtout si ce secret peut sauver le monde où je suis né et rétablir la stabilité. Tant pis si ce secret brise mes illusions et mes espoirs. Tant pis si je dois mentir à mes proches pour le restant de mes jours. J’aurai eu le mérite de chercher.

Je secoue la tête. Tant que j’ignore ce qu’est ce trésor, ca ne sert à rien de s’inquiéter.

Je bifurque vers la bibliothèque, mon lieu de prélidection. Lorsque j’ouvre la porte en grand, le parfum de tous ces parchemins classés et rangés dans les rayons me soulage de la mission que je me suis fixé.

Qui aurait pensé que l’entrée d’un souterrain se cachait là ? Personne. Je l’ai découvert par hasard. Comment savoir qu’il fallait appuyer sur deux mots au milieu d’un livre?

Je secoue à nouveau ma tête. Il ne faut pas que je me déconcentre de ma mission.

Je vais à gauche et cherche le livre La guerre contre les Giquareux. Je l’ouvre à la page 211. Je regarde autour de moi pour vérifier que personne ne me regarde puis j’appuie sur les mots Giquareu, vérité et Événia. Un léger grincement s’élève puis un pan du mur pivote pour laisser entrevoir une entrée sombre.

Je sors ma lampe de mon sac et l’allume après avoir mis le livre dans celui-ci. Puis je m’enfonce dans le souterrain. Le pan de la bibliothèque se remet en place juste après que je sois entré.

La première chose que je remarque après que mes yeux se soient accoutumés à la pénombre, c’est les dessins sur les murs. Ils représentent l’expension du mal et des Giquareux en position d’attaque devant des animaux. Je frissonne. Les peintres les ont dessiné avec des yeux rouges. Je continue mon exploration. Plus loin, je vois un Giquareu défendre un oeuf.

Qu’es-ce qu’il m’a pris pour que je m’aventure dedans ?

Malgré mon courage qui commence à faiblir, je me force à continuer. Cette fois, dix Giquareux sont en cercle au milieu d’une boule.

Que sont-ils en train de faire ? Une cérémonie ?

Je m’approche. Ce que je pensais être une boule ressemble plus à une sphère avec des reflets changeants. Il faudra que je songe à faire des recherches après être sorti. Après cet étrange dessin, les murs restent vides. Comme si le dessin était la fin de quelque chose.

Des Giquareux ! Les dessins semblent relatés l’époqueoù les Giquareux étaient éradiqués. Après qu’ils aient fait cette « cérémonie », ils ont disparu.

Mais que leur est-il arrivé et où sont-ils à présent ? Ou plutôt, qu’ont-ils fait et où sont-ils ?

Je continue de marcher et je vois un mur bleuté devant moi. Le souterrain est-il une impasse ?

Pourtant je vois à travers de ce mur. Après un instant d’hésitation, je le traverse et je me fige. Mon pouvoir. Celui de comprendre n’importe quel animal et de pouvoir me transformer ! Il ne « coule » plus en moi ! Étrangement, au lieu de me pousser à faire demi-tour, cela renforce ma détermination.

Je continue. Les murs n’ont plus de dessin. Je tombe sur une bibliothèque éclairée par des flambeaux. Une bibliothèque dans une bibliothèque ? Malgré mon inquiétude, je ne peux m’empêcher de trouver cela ironique. Mais par rapport à la celle que je connais, celle-ci est minuscule.

Puis soudain, un éclair de lucidité me traverse. Si les flambeaux sont allumés, ca veut dire que quelqu’un était déjà là avant moi. Ou alors que la personne est toujours là. Je fronce les sourcils.

Je décide que j’ai déjà fait beaucoup et je m’apprête à revenir sur mes pas quand une voix m’interromp :

- Ne partez pas, Sir Urien.

Je me fige et me retourne doucement.

Sans mon pouvoir, ma vision n’est pas la meilleure et ce n’est que lorsque la personne s’avance vers moi que je la vois.

C’est une vieille femme d’une soixantaine d’année. Elle a de long cheveux blanc lui arrivant jusqu’au milieu du dos. Elle n’est pas grande et elle a le dos voûté.

Je me sens impressionné. Elle a beau être plus petite que moi, elle inspire le respect et la force. Mon regard croise le sien et mon souffle se fige dans ma gorge. Son corps lui donne soixante ans mais ses yeux gris presque noir semble détenir la sagesse du monde. Elle sonde mon âme par la seule force de son regard.

- Vous êtes bien silencieux, Sir Urien.

- Vous m’impressionez, madame. De plus, à part ma famille et les habitants de Carnia, je ne vois pas souvent des humains.

Elle reste silencieuse. Ai-je dit quelque chose de faux ?

- Non, me répond-elle.

Je sursaute. Ai-je posé la question à haute voix ou a-t-elle lu dans mes pensées ?

- Je l’ai lu sur votre visage. Vous êtes un grand livre ouvert pour moi.

- Pourquoi donc ?

- Cela serait long à vous expliquer. Et vous n’êtes pas venu pour ca.

Je fronce les sourcils. J’étais venu explorer le souterrain et essayer de découvrir le secret. Elle doit forcément avoir un lien.

- Arrêter de vous questionner, m’interromp-elle. Je vais vous expliquer le rôle de cette bibliothèque. Vous êtes l’un des rares élus, alors écouter moi bien attentivement et graver ce que je vais vous dire sur votre coeur.

Elle s’arrête et inspire profondément. Elle reprend :

- Cette bibliothèque est celle de la vérité. Chaque livre contient une partie de l’histoire, la vraie. Vous avez vu les dessins sur les murs. Personne, même vous qui êtes pourtant de la famille royale ignoriez ce souterrain. Pourquoi? Parce que la plupart des dirigeants depuis Skonry sont des monstres. Vous êtes un cas à part. La vérité n’éclatera que lorsque vous monterez sur le trône.

Mon pire cauchemar !

- Je ne veux pas du trône, du pouvoir. Tous ces mots me répugnent, je réponds.

- Je le sais bien. Mais seuls les personnes qui ne le veulent pas sont méritantes du trône. Et rassurez-vous, vous avez encore quelques années devant vous. Elles ne seront cependant pas de tous repos. Lors de la cérémonie dont vous avez vu le dessin, les Giquareux ont emmené un objet précieux avec eux. Un objet qui vous aidera et vous sauvera. Mais ce ne sera pas vous qui le récupèrerez, mais votre fille, Victoire.

Je suis abasourdi. Si elle ne lis pas mes pensées, elle voit mon avenir.

- Non. Je vois les possibilités. Le reste ne dépend que de vous et vos filles.

Je secoue ma tête.

- Une question, est-ce la sphère que je dois récupérer ?

Elle me sourit.

- Non. Mais pour le récupérer, il faudra retrouver la sphère.

- Et comment saurai-je quel objet je dois trouver si vous me dites pas ce que c’est ?

- Vous le saurez, et puis c’est votre fille qui le trouvera, pas vous. Faites-vous et faites-lui confiance. Ainsi qu’à Événia.

Je n’ai pas confiance, justement. Pourquoi a-t-elle dit cette dernière phrase ? À croire qu’Événia est une personne et non un monde...

- J’aurai quand même le droit de consulter les livres, non ?

- Non. Vous n’aurez plus le temps, croyez-moi. Regagnez la surface.

Je pousse un profond soupir.

- Oh, et avant de partir, donnez-moi le livre La guerre contre les Giquareux.

Elle vient de me perdre avec ses visions et elle me demande un livre. Je croise son regard et... je sors le livre de mon sac et le lui tend.

- Merci. Maintenant, bon courage. Vous en aurez besoin.

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