Chapitre XII
Victoire était épuisée. Sa blessure la faisait énormément souffrir malgré cette plante qui absorbait une partie du venin. Mais ce n’était malheureu-sement pas suffisant, elle le savait. Le poison était en elle et même si la plaie commencait à se refermer, il s’attaquait à elle sans que ses compa-gnons ne le sachent. Assise au coin d’une petite clairière non loin d’un cours d’eau, elle observait la lune. Elle était calme. L’air chargé de la jungle lui faisait du bien et détendait ses muscles.
Victoire ressentit soudain un léger malaise, son coeur se mit à battre plus fort et vite. Elle se leva pour essayer de marcher. Doucement, elle suivit le cours d’eau. Au bout d’un moment cependant, elle entra dedans. L’eau était fraiche mais lui faisait du bien. Victoire oublia ainsi momentanément ses soucis, sa douleur, la prophétie, .. tous.
Elle rejoignit la rive et se reposa. Elle ne savait pas où elle se trouvait mais si elle revenait par le cours d’eau, tout irait bien. Elle refit le chemin inverse et retrouva sans difficulté son chemin. Elle ressortit de l’eau et revint vers ses compagnons. Ou plutôt là où ils étaient censés être...
La fumée qui entourait la clairière n’indiquait rien de bon. À l’aveuglette, Victoire avanca quand son pied se prit dans une racine. Elle chuta et atterit avec un grand bruit dans un trou. Ou une fosse.
Elle s’assit en grimacant de douleur et regarda où elle se trouvait.
« Me voilà enfermée... »
Victoire se recroquevilla quand elle percut l’approche d’une créature qu’elle avait espéré ne jamais revoir.
« Que faire ? Rien. Je ne peux pas sortir de ce trou sans aide avec ma jambe. »
Soudain, elle revit cette étrange porte. Victoire se sentit attirée et sans savoir pourquoi elle l’ouvrit et la franchit. Elle sentit un frémissement parcourir son corps. À nouveau, ce sentiment de plénitude l’envahit. Elle ne put en profiter longtemps.
- Il y a quelque chose de vivant dans cette fosse, annonca tout à coup une voix sifflante, faisant sursauter la jeune élue.
- Allez donc voir ce que c’est, ordonna une voix d’homme. Mais avant, vous avez toutes les personnes recherchées ?
Victoire tendit l’oreille. Était-ce son oncle ?
- Non, déclara la première voix.
- Non ? Et pourquoi ?
- Il nous manque la plus jeune, commandant.
- Elle ne nous échappera pas ! Retrouvez-la et plus vite que ca !
La jeune élue sentit le Nakat glisser lentement vers elle.
« C’est le moment de voir de quoi je suis capable. »
Elle ferma les yeux et imagina un oiseau, petit et fragile qu’elle avait apercue plus tôt. Aussitôt, Victoire sentit son corps se tendre, rétrécir puis se détendre sans qu’elle ait mal. Elle rouvrit les yeux et constata que sa transformation était parfaite. Victoire tressauta en voyant le Nakat devant elle. Il était plus grand et terrifiant encore que ceux qui les avait attaqué au portail.
Terrorisée, la jeune élue se mit à trembler de tout son petit corps. Le Nakat sembla se détendre.
- C’est un oiseau qui tremble de tous ses membres, commandant. Il a du croiser un de mes semblables. Il est blessé à la patte.
- On m’a dit que ces filles ne savaient pas se transformer mais...
- Sous l’effet de la douleur, elles auraient retrouver leurs corps d’origine, le coupa le Nakat, sûr de lui.
- Bien. Alors laissez-le tranquille ! Nous avons autre chose à faire.
Victoire vit une ombre passer dans le regard de ce «reptile». Il se retourna après l’avoir longuement observé. Lorsqu’il sortit enfin du trou, la jeune élue respira plus librement.
« Tant qu’ils seront dans les parages, hors de question de sortir. »
Victoire guetta les bruits en priant qu’aucune autre créature n’ait l’idée de descendre dans ce trou.
*****
Victoire se réveilla quelques heures plus tard, ankylosée et tremblante. Elle observa l’endroit où elle se trouvait sans comprendre avant de se souvenir. Elle remarqua ensuite qu’elle était redevenu elle-même.
« Il faut que je sorte pour voir si les Nakats ont attrapé Jaréa et Pitoucha, Mystère et Horace. »
Elle se concentra et se retransforma en oiseau. Cet effort l'épuisa mais elle parvint à s'envoler et sortir du trou. La fumée qui l'avait aveuglée la veille s'était dispersée. Victoire reprit sa forme humaine et regarda le trou.
Ce n'était pas un trou. C'était une fosse profonde et au bord lisse, pour être sûr que si quelqu'un tombait dedans, il ne puisse plus en ressortir sans aide. La jeune élue fit une grimace et se détourna.
Elle retrouva la clarière mais pas ses compagnons. Le feu de camp avait été piétiné. Les couvertures déchirées. Victoire sentit les larmes couler le long de ses joues. Elle fit demi-tour en courant.
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