Chapitre XX
Victoire rejoignit Mystère et Horace. Ils se trouvaient devant une faille qui était légèrement cachée par quelques feuilles de lierre.
- Qu'est-ce qu'il y a? demanda-t-elle.
- Il y a une étrange créature dedans.
La jeune élue se pencha et vit une créature qui ressemblait à un petit humain mais qui possédait des oreilles pointues. Il avait les yeux marron et une peau sombre qui faisait ressortir ses cheveux d’un dégradé allant au blanc au noir. Il semblait apeuré d'être l'attention de plusieurs personnes. Victoire recula.
- Qu'est-ce que... Qui est-ce? lui demanda Arwyn en le découvrant.
- C'est un elfe. La fée m'a dit qu'on les reconnaissait à leurs oreilles, lui répondit Jaréa.
Elle s'agenouilla et voulut lui parler mais le petit elfe réussit à s'échapper. Il allait s'enfuir quand Pitoucha surgit devant lui. Aussitôt il recula, terrifié.
- Il ne faut pas avoir peur, lui déclara l'ainée.
Avant qu'elle ait pu ajouté quoique ce soit, un filet tomba sur elle et la chienne. L'instant d'après, ce fut le tour d’Horace. Mystère voulut y échapper mais des pierres se détachèrent pour le bloquer. Victoire subit le même sort que l'étalon avec Arwyn. Après un moment de surprise, deux elfes sortirent des bois environnants. Le premier ressemblait beaucoup au petit elfe mais en plus grand. Le deuxième avait les cheveux orange clair et une peau café au lait. Ses yeux étaient orange foncé, presque rouge.
- Papa! s'écria le petit elfe.
- Il n'y a que toi pour attirer les ennuis..., lui reprocha celui qui lui ressemblait tant.
- Ralio! Ce n'est pas le moment de punir ton fils!!! lui rappela le second elfe.
Ledit Ralio ferma les yeux et se pencha ensuite auprès de son fils:
- Retourne à la maison et sans bêtises. Tu en as assez fait pour aujourd'hui.
L’intéréssé hocha la tête vigouresement et partit en courant. Une fois hors de vue, l'elfe aux cheveux oranges s'avanca vers eux:
- Qui êtes-vous? Que voulez-vous?
Il eut un silence que Jaréa finit par rompre:
- Je suis Jaréa et les deux autres humains sont Victoire et Arwyn. La chienne s'a...
- Je me fiche des animaux! Ils seront livrés au roi pour avoir enfreint la loi les interdisant à venir dans cette partie de la montagne!
Jaréa se tut et se tourna vers Horace.
- D'ailleurs, depuis quand les humains et les animaux se comprennent-ils? demanda Ralio.
L'autre elfe serra les dents et lui jeta un regard mauvais.
« oh, oh... Il y a une histoire de jalousie en l'air. Ca n'annonce rien de bon pour nous... »
- Vous venez de perdre votre langue? l'elfe aux cheveux oranges.
Arwyn prit la parole:
- Les humains et les animaux peuvent se comprendre si ils passent quelques jours ensembles.
- Tu me fais marcher.
- Non. Je vous assure que non.
- Écoute-moi bien. Les humains parlent presque la même langue que celle des elfes et des autres peuples mais pas avec les animaux. Chaque espèce animal à son langage mais ils se comprennent entre eux. Nous ne pouvons pas les comprendre.
Arwyn allait ajouter quelque chose mais Victoire lui écrasa la main gauche avec son pied.
- Je ne vois pas pourquoi je ferai confiance à des humains, continua-t-il. Ils sont cupide, prétentieux et malhonnêtes.
Victoire vit les sourcils de Ralio se soulever légèrement.
- Que dois-je faire de... nos prisonniers? demanda finalement ce dernier.
- Met les en prison, puisque ce sont nos "prisonniers", se moqua l'elfe aux cheveux oranges.
- Très bien, répondit-il en se crispant.
- Je n'ai pas bien entendu la fin, dit alors son semblable avec une voix pleine d'arrogance.
- Très bien, mon général, ajouta l'elfe à la peau sombre.
- Voilà qui est mieux.
Il y eut un instant de flottement puis Ralio sortit une corde. Il se pencha et enleva le filet retenant Pitoucha et Jaréa. Il les attacha et fit de même pour Horace, Arwyn, Victoire et Mystère sans se soucier du fait que pierres retiennent toujours les trois derniers.
C'est le général qui posa sa main sur une des pierres. Il murmura quelque chose. Les pierres rebougèrent et se replacèrent à leur place d’origine. L'elfe aux cheveux oranges se redressa puis il s'engagea dans un petit sentier que Victoire n'avait pas remarqué auparavant. Ralio le suivit et les prisonniers furent contraint de faire de même.
« Pourquoi est-ce que personne ne tente de s'enfuir? Ralio nous maintient tout seul. À six contre un, on peut s'échapper... »
Vctoire jeta un regard interrogateur à Horace. Il lui fit signe d'avancer. Elle obéit de mauvaise grâce. Cependant, elle perdit sa mauvaise humeur en découvrant la nature autour du sentier. Ce n'était pas tout à fait la même que celle qu'elle avait vu à Carnia puis dans les environs de Hédénia. Les couleurs étaient plus vives et les plantes un peu différentes.
Ils marchèrent pendant un bon quart d'heure au rythme soutenu de deux elfes. Finalement ils s'arrêtèrent et le général chuchota quelque chose à Ralio. Puis il partit.
Ils attendirent son retour. Au bout d'un certain temps, Pitoucha dit:
- On fait quoi au juste? C'est que... on a des créatures magiques à libérer, nous!!!
Victoire soupira puis croisa le regard de Ralio. Juste à ce moment-là, le général revint vers eux.
- Sa Seigneurie a ordonné de les placer en prison. Il a déjà prévenu Sa Majesté le Roi.
Les deux soeurs frissonnèrent en même temps. Sans leur accorder un regard, les deux elfes les menèrent vers les prisons.
- J'en ai assez de retourner à la case prison, rouspéta Jaréa.
Elle ajouta quelque chose mais le reste se figea dans sa gorge. Victoire se retourna et découvrit une ville.
Ralio leur dit :
- Ceci est la ville principale des elfes.
En haut d'une colline se dressait un château. Pas comme à Hédénia mais il était tout de même imposant. La ville était juste en dessous.
« Comment ont-ils fait pour que l'on ne remarque rien? »
Les maisons était soit sur un arbre ou accrochés à une branch, cachée par le feuillage, ou sur la terre ferme. Victoire remarqua alors l'entrée d'une grotte.
« Ils vivent aussi sous terre? »
Les deux elfes ne leur laissèrent pas le temps d'admirer la ville et les conduisirent vers une grande et haute tour carrée. Devant la porte de cette tour patrouillait deux autres elfes en armure. Victoire les trouva impressionnants. Ils entrèrent sans problème.
L'intérieur était plus grand que le laissait paraitre l'extérieur. Juste à l'entrée, il y avait un couloir avec deux portes d'un côté et une troisième de l'autre. La jeune élue sentit une odeur de nourriture derrière l'une d'elle.
Ils montèrent au premier étage puis au deuxième. Il était composé un peu de la même manière que la prison d'Hédénia: un couloir au milieu et des cachots de caque côté. Le général les enferma séparément dans chaque cachot. Puis les deux elfes partirent.
Jaréa se colla aux barreaux de sa cellule:
- Je crois que je commence à devenir claustrophobe...
Horace s'approcha à son tour et dit:
- Moi qui pensais bien connaitre Événia... Je commence à me rendre compte que j'ignore encore beaucoup. Après avoir appris que des humains habitaient vraiment dans un village isolé, je découvre une ville avec des elfes...
- Les autres peuples doivent aussi avoir une ville rien qu'à eux, remarqua l'ainée.
Victoire soupira puis lâcha:
- Pourquoi est-ce que l'on ne s'est pas enfui? Je veux dire... lorsqu'il nous ont attaché, c'était seulement un elfe qui tenait la corde... Pourquoi est-ce que personne ne s'est défendu?
Un gros blanc s'ensuivit. Mystère déclara:
- J'étais surpris du fait que des pierres se détachent pour m'enprisonner. Je voulais en savoir plus.
- De toute manière, ca n'aurait servi à rien, le coupa Horace. La corde était fait à partir d'une tige de fleur rarissime. Cette fleur est spéciale car la personne qui a cette corde peut "maintenir quoique ce soit". On l'utilisait pour attraper les animaux très dangeureux.
- On l'utilisait? dirent Pitoucha et les deux soeurs en même temps.
Avant que le Horace puisse répondre, une petite voix répondit:
- Oui. Parce qu'il en existe que deux et que Sa Majesté le Roi en a donné un au roi des elfes et en a gardé un pour lui.
Tous les prisonniers se tournèrent vers le petit elfe. C'était le fils de Ralio.
- Qu'est-ce que tu fais là? lui demanda Arwyn.
- Eh bien... Quand j'ai vu que vous aviez été emprisonnés, je m'en suis voulu... Je vous avais écouté un petit peu. Et du coup... bah je savais que vous étiez en mission et que c'était super important. J'voulais pas vous attiré des ennuis... J'aimerais bien vous libérer mais Papa ne sera pas d'accord.
- Ne t'en fais pas. On n'a pas vraiment besoin d'aide pour s'enfuir. Les deux filles nous sortiront de là très rapidement, lui assura l'adolescent.
- Comment t'appelles-tu? voulut savoir Pitoucha.
- Je m'appelle Tergen.
Victoire et Jaréa se regardèrent. Le petit elfe prit un air inquiet :
- J'ai dit quelque chose de pas bien?
- Non non..., le rassura la cadette. C'est que... tu viens de comprendre Pitoucha!
Tergen ouvrit la bouche puis la referma.
- Vous aviez donc raison.
Juste derrière lui apparut son père.
- Tergen, que fais-tu là ? Il me semble t’avoir interdit de demander aux vents de t’aider...
- Je sais papa.
Ralio se tourna vers les élues et les animaux.
- Pour quel genre de mission êtes-vous venus ici ? demanda-t-il.
- Nous devons délivrer des créatures magiques, répondit Jaréa.
- Vous êtes les élues de cette prophétie dont le roi a parlé ?
- Le roi est venu ? s’étonna Horace.
- Tout à fait. Il nous cherchait et nous a trouvés. Il disait qu’il voulait recréer des liens entre tous les habitants des mondes d’Événia.
- Recréer des liens entre tous les habitants des mondes d’Événia, répéta Arwyn. Pourquoi donc ?
- Je l’ignore, soupira l’elfe. Notre peuple, ainsi que les autres, nous sommes toujours tenus à l’écart des animaux. Tout comme les animaux nous évitaient.
- Non, le coupa Horace. Cette chaîne de montagne est entourée de légendes qui ont dissuadé les animaux à l’explorer. Nous ignorons votre existence.
- Vraiment ? s’étonna Ralio. Vous n’avez pas de livres qui nous mentionnent ?
- Bien sûr que si, se récria le cerf. Toutefois, tout le monde pensent que se sont des légendes.
Il y eut un silence.
- Papa, dit Tergen. On va les délivrer, non ?
- Il ont une mission importante à faire, on ne va pas les en empêcher ?
Son fils sourit. Ralio prit un air sérieux :
- Tergen, j’espère que je ne vais pas regretter ce que je vais te dire.Tu vas faire sortir nos "prisonniers" avec les vents, si ils le veulent bien.
Tandis que Ralio les sortait de leur prison, Jaréa s’approcha et lui dit quelque chose. L’elfe hocha la tête.
Ils se postèrent alors devant une fenêtre. Tergen écarta ses doigts et murmura. Il se tourna ensuite vers les deux élues et leurs compagnons.
- Les vents vous mèneront là où vous m’avez trouvé. Bonne chance !
Victoire sentit une brise la soulever et l’emmener.
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