Chapitre XXI

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Deux jours après avoir quitté la ville des elfes, ils atteignirent enfin leur destination. Ils étaient arrivés sur un plateau venteux. Pourtant pas la moindre trace d'une entrée. Rien.

La tension monta d'un cran. Ils cherchèrent chacun de leur côté. Ce fut Victoire qui la trouva camouflée derrière des plantes grimpantes. La cadette se tourna vers sa sœur et lui prit la main. Elles s'y engagèrent ensemble et firent quelques pas. Pitoucha voulut entrer mais n'y parvint pas. Arwyn non plus ainsi les deux autres animaux.

- Je ne comprends pas, déclara Horace.

- C'est pourtant logique, s'écria la chienne. Seul les élues peuvent y pénétrer.

- Mais si le Roi y a emprisonné les créatures magiques, ca veut plutôt dire que seuls les membres de la famille royale peuvent y pénétrer, la contredit le cerf.

- Tu vois que ca ne demandait pas beaucoup de réflexion.

- Peu importe qui a raison, les coupa Arwyn. Qu'est-ce qu'on fait nous pendant ce temps? Je viens de marcher plusieurs jours pour rien?

- Eh bien, l'un d'entre vous restera ici pour nous accueillir quand on reviendra et les autres vont au camp des volontaires, leur proposa Jaréa.

Aussitôt les animaux voulurent savoir qui resterait là et qui partiraient. L'ainée fit signe à Arwyn d'approcher:

- Tu vas me détester mais... il faudrait quand même que tu ailles à Carnia pour essayer au moins. Si les humains existent dans Événia, ils font parti de ce monde!

Victoire était d'accord avec sa sœur mais ca n'allait sûrement pas plaire à l'adolescent.

- Quoi? Tu as écouté ce que je t’ai dit ?

- Oui mais...

- Ils ne m’écouteront pas !

- Il faut essayer, dit Jaréa.

- Alors ne compte pas sur moi. Hors de question que je retourne à Carnia !

- Mais si les animaux et les autres peuples, dont les humains, ont vécu ensemble, il faut qu’ils nous aident. Ils font partie d’Événia.

- Hors de question ! Demande à quelqu’un d’autre.

Arwyn se détourna et s'éloigna. Jaréa se mordit les lèvres. Sa sœur lui pressa la main.

- Il faut qu'on y aille. Tu te réconcilleras avec lui après.

- Tu as raison.

L'ainée adressa un signe de main à Pitoucha, Mystère et Horace. Elle jeta un coup d'œil à l'adolescent mais il lui tournait ostensiblement le dos. Elle soupira. Victoire commença à marcher dans le tunnel. Sa soeur la suivit.

Il faisait sombre. Il n'y avait aucun éclairage. Les deux élues n'étaient pas habitués à marcher dans le noir. Leurs yeux durent s'accoutumer même avec leur pouvoir. Le tunnel semblait sans fin et rétrécissait au fur et à mesure. Elles marchaient depuis un moment déjà et n’avaient encore rien vu que Victoire faillit ne pas remarquer la plantes carnivore qui se jetait sur elle. Elle la vit du coin de l'oeil et se jeta en arrière juste à temps.

Elle percuta Jaréa mais elles ne tombèrent pas. Heureusement pour elle car sinon elles auraient été avalés par une de ces plantes. Car il n'y en avait pas une mais plusieurs. Les deux élues furent assaillies. Après chaque essai raté, les plantes carnivores redoublaient d'ardeur, si bien que les deux élues eurent de plus en plus de mal à les éviter.

- Victoire! Transforme-toi en créature magique! Si elles sont là dans le noir, c'est qu'elles n'aiment pas la lumière! ordonna Jaréa.

La cadette obéit. Ce qu'elle avait juste oublié, c'est que le corps des créatures magiques prenait plus de place. En se transformant, une des plantes réussit à l'attraper grâce à une de ses tiges. Elle se débattit mais cela ne fit qu'aggraver son cas. Pour la deuxième fois, l'instinct prit le dessus et la corne s'alluma, éblouissant tout le monde. Aussitôt, la plante la lâcha. Victoire reprit sa forme humaine en tombant.

- Ouch...

- Viens, lui intima Jaréa.

Elle l'aida à se relever puis elles se dépéchèrent de s'éloigner. Une fois les plantes carnivores passées, les deux soeurs demeurèrent aux aguets. Mais pas pour très longtemps. Un mur bleuté les empêcha d'aller plus loin. Victoire reconnut le mur de la vision de son père.

- Qu'est-ce que c'est que ça? demanda l'ainée.

- C'est... tu sais, quand tu le traverses tu perds tes pouvoirs. Comme la vision de notre père que je t'ai raconté.

- Ah oui.

Jaréa inspira puis elle traversa le mur. Sa sœur la suivit. Aussitôt, Victoire se figea. Grâce à son pouvoir, elle voyait dans le noir. Maintenant qu'il ne coulait plus, ses yeux prirent un peu de temps à s'accoutumer à l'obscurité.

- Ca va sœurette? s'enquit Jaréa.

- Oui, oui. On continue?

- Je n'y vois pas grand chose mais je te suis.

Le couloir continuait. Victoire prit la main de sa soeur et la guida. Elles marchèrent pendant plusieurs minutes avant de déboucher dans une grotte. Une immense grotte. On aurait pu aisément y construire un bâtiment. Au milieu se trouvait des débris de pierre. Comme si cette grotte avait abrité une grande construction. On y voyait légèrement plus clair.

L'ainée s'avanca précautionnesement. Victoire resta où elle était sans trop savoir pourquoi.

« Ce n'est pas le moment de rester planter là ! On a une mission à accomplir ! »

Elle chercha sa sœur des yeux et ne la trouva pas. Elle sentit une panique montée en elle mais avant d'avoir pu faire quoi que ce soit un souffle lui effleura la nuque. La jeune élue se retourna et fit face à une grande créature. Haute de trois mètres environ, elle la surplombait de sa taille. Elle avait un museau fin de forme triangulaire et d'immenses ailes qui lui donnait un air majestueux. Elle possédait des écailles se confondant avec la pierre grise de la grotte. Malgré la pénombre alentour, ses yeux noirs ressortaient.

- Qui avons-nous là? demanda-t-elle en dardant sa langue vers la cadette.

- Victoire!!!

L'intéréssée se retint de se retourner en reconnaissant la voix d'Uranus.

- Victoire? Le prénom de la deuxième fille de Sir Urien?

La cadette se figea. Bien malgré elle, elle hocha la tête.

- Je suis enchanté de faire votre connaissance. Je suis Arsèce, Giquareu et le gardien des créatures magiques.

- Qu-que me voulez-vous? réussit-elle à articuler malgré sa gorge sèche.

- On m'a enlevé alors que je n'avais même pas éclos. Mon but est d'empêcher que quelqu'un ne délivrer les créautres magiques et tuer cet imprudent.

« Pourquoi a-t-il accentué le mot magique? »

- Mais je vais te proposer un compromis, ajouta Arsèce. Je te laisse délivrer les créatures magiques et tu m'aides à retrouver mon peuple en retour.

Victoire déglutit. Alors qu'elle voulait prendre les jambes à son cou, elle resta figé. Soudain la vision qu'elle avait faite à propos de son père lui revint en mémoire.

« Et si ce que raconte les animaux est faux? Qu'ont fait les Giquareux pour être la risée de tous? »

La jeune élue releva les yeux.

- Comment puis-je être sûre de ne pas commettre une erreur en essayant de retrouver votre peuple? Si il a été mis à l'écart, il y a sûrement une raison.

- Je n'en sais rien. Mais les responsables sont morts depuis des siècles, alors que les Giquareux actuels n’ont rien fait. Tu comprends ?

- J'accepte votre compromis.

Le Giquareu pencha la tête sur le côté.

- Ce n'est pas parce que tu as peur de mourir, j'espère?

Avant qu'elle ait pu répondre que non, elle entendit des pas précipités derrière elle et Jaréa s'interposa, suivie des créatures magiques. Uranus feula et se prépara à bondir.

- Non! cria Victoire.

Tous se figèrent.

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