Chapitre XXIV

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Le son d'une corne réveilla les deux soeurs. Silencieusement, elle s'habillèrent et sortirent. Là, elles se séparèrent. Chacune avait un rôle différent à jouer dans la bataille: Jaréa allait mener la bataille pendant que Victoire allait délivrer les prisonnier. Tous le monde était prêt à partir. Hédénia se situait à environ 10km du lac Salsabys. Le convoi se mit en marche. Ils marchèrent pendant deux heures et demie puis virent enfin le palais.

Le groupe de Victoire se sépara de celui de Jaréa. Le premier était composé de deux centaures, deux griffons, un gnome, un elfe et de cinq animaux: un lion, une créature magique, un faucon, une hyène et une mouche. Ils se tapirent dans des buissons et attendirent le signal. Ils virent apparaître le roi, accompagné de soldats.

Le roi était un homme d'assez grande taille avec de larges épaules. Il avait les yeux brun clair et des cheveux noirs. Un rictus déforma sa bouche quand il vit l'armée au porte du palais. Un ours noir se posta près de lui et lui dit quelque chose. Le roi continua de fixer intensément ses ennemies avant de donner son accord pour quelque chose. Un instant plus tard, le son de cloche résonnait. Aussitôt, des soldats apparurent de tous les côtés. Le roi sortit du palais puis s'avanca de plusieurs mètres.

- Que veux-tu, Jaréa? lui demanda-t-il d'une voix de ténor.

- Que tu laisses les habitants d'Événia en paix, cher oncle. Et que tu me dises où se trouve mes parents.

- Tu me demandes beaucoup. Et je n’ai pas forcément de réponses pour toi...

Tous les animaux s'agitèrent derrière l'ainée. Jaré resta droite.

- Et... pourquoi devrais-je te donner ces renseignements? continua-t-il.

- Parce que,..., commenca-t-elle.

Victoire vit le signal. Elle s'avanca discrètement, suivis de ses compagnons. Elle n'entendit pas la réponse de sa soeur et espérait qu'elle tiendrait. Elle sarrêta près du mur et la créature magique créa silencieusement une brèche. Tous s'y engagèrent sans se faire remarquer. L'intérieur du palais était vide.

« Ils sont sûrement auprès du roi. »

Victoire retrouva sans difficulté les cachots. Un griffon l'aida à ouvrir les portes en fer. Ils y pénétrèrent. Ils surprirent trois gardes. Immédiatement, ceux-ci jetèrent leurs armes. Victoire dit:

- Où sont les clés?

L'un des gardes, un bouc, les lui tendit. Elle ouvrit le premier cachot et après avoir délivré les prisonniers, y enferma les gardes par mersure de précaution. La créature magique défonca un grillage. Les griffons essayèrent de crocheter les serrures. Les centaures utilisaient des flèches de leurs arcs pour faire de même pendant que le gnome se faufilait entre les barreaux. L’elfe montait la garde pour éviter de se faitre surprendre. Les anmaux aidaient comme ils pouvaient.

Quand les prisonniers furent tous libérés, ils ressortirent par la brèche. Victoire entendit l'une des dernières phrases que le roi prononca:

- La prophétie dit pourtant que tu dois délivrer les créatures magiques. Pas monter sur le trône.

Victoire croisa alors le regard d'Arsèce.

« Il serait peut-être temps que je me montre, non? »

La jeune élue hocha la tête. Le roi reprit:

- Ne fais pas ta timide. On a chacun une version différente de la prophétie.

Soudain, le Giquareu apparut à la lumière du jour entre Jaréa et le roi.

- Il existe une troisième version de la prophétie mais une chose est sûr, c'est qu'il est hors de question qu'une personne aussi avide de pouvoir comme vous reste sur le trône d'Événia. Tant que Sir Urien ne sera pas retrouvé, ce sera ses filles qui s'en chargeront.

- Et où se trouve donc Victoire?

La plus jeune élue s'avança. Les volontaires de la révolte poussèrent des hourras en voyant que la mission avait été mené à terme.

Le visage du roi se durcit. Il donna un ordre bref et ses soldats se jetèrent sur les rebelles.

« Ca va être un carnage. Pourquoi sommes-nous obligés de faire la guerre?»

Victoire remarqua que les soldats évitaient le Giquareu. Elle vit soudain le roi se jeter sur Jaréa. Il s'était transformé en créature magique. L'ainée, ne sachant pas se transformer, n'évita que le coup au dernier moment. La cadette se jeta sur son oncle. Elle se changea elle aussi en créature magique. Le roi lui lacéra sa cuisse. Elle feula de douleur mais riposta. Il bondit en arrière et se retrouva alors coincé sous les pattes d'Arsèce.

Subitement, le ciel s'assombrit. La luminosité baissa en un clin d'oeil. Plus personne ne bougeait. Il n'y avait plus un seul bruit.

« Il est midi et il fait presque aussi noir que pendant une nuit sans lune... »

C'est alors que tout le monde vit une lumière violette apparaitre. Faiblement d'abord, puis de plus en plus forte. Tous levèrent les yeux vers le ciel.

Victoire vit une comète sombre passer au-dessus du palais. Elle était entourée d'un halo violet clair. Elle traversa le ciel et continua son chemin. Tout le monde suivit le trajet de la comète, ou plutôt la lumière de la comète quand ils ne la virent plus. Elle disparut doucement. Quand elle se fut éteinte, l'atmophère parut inquiétante. Le ciel resta sombre un long moment avant que l'obscurité ne daigne laisser la place au soleil. Lentement, les ténèbres s'évanouirent.

Tous se regardèrent. Plus personne n'avait envie de combattre. Comme si le passage de cette comète violette leur avait fait comprendre qu'il était un peuple. Malgré le fait qu'il y ait des animaux, naturels ou surnaturels, des humains, des elfes, des fées, des centaures, des faunes, des gnomes, des lutins, des nains... et même des Giquareux! Ensemble, il était un peuple. Malgré leur passé, leurs querelles et malgré leurs différences.

Arsèce regarda Jaréa et Victoire, puis tous les observèrent. Brusquement, l'ours noir que Victoire avait vu auprès du roi, s'inclina devant elles:

- Vos Altesses, je vous jure fidélité. J'ai certes servi auprès du roi, mais ce que je viens de voir m'a fait comprendre que je me suis trompée. Sur tous.

Tous les rebelles parurent surpris. Jaréa hésita quand à la démarche à suivre. Elle déclara finalement:

- J'accepte ta fidélité et ton pardon.

- Je vous en serai éternellement reconnaissant, Votre Altesse.

Avant que quelqu'un ne fasse quoi que se soit, un rugissement de douleur retentit: Arsèce avait la patte avant gauche et la membrane de son aile gauche en sang.

« Le roi tente de s'échapper! »

Victoire aperçut la silhouette de son oncle se détacher avant qu'il ne se transforme. Presque tous les animaux se jetèrent avec véhémence à sa poursuite. La cadette fit un pas mais la blessure de sa cuisse l'empêcha d'aller plus loin. Jaréa par contre, se lança elle aussi à la poursuite du roi.

Une licorne s'approcha de la plus jeune élue. Elle ressemblait à la petite pouliche qui l'avait sauvé après qu'un Nakat l'ait piqué. Une horrible pensée lui traversa l'esprit:

« Et si les Nakats nous attaquent maintenant? Bien peu serait capable d'en vaincre un! »

- Votre Altesse, tout va bien? lui demanda la licorne.

- Oui oui. Ne vous en faîtes pas pour moi.

Soudain, la petite pouliche licorne s'approcha d'elle.

- Salut! Tu t'appelles bien Victoire, non?

- C'est bien mon prénom, confirma l'intéréssée.

- J'ai une trop bonne mémoire. T'as vu Mama?

- J'ai surtout entendu, gronda la licorne. Tu manques de respect devant une élue? Je ne t'ai donc rien appris??? Toutes les formules de politesse?

La pouliche baissa honteusement la tête.

- Ne l'a grondez pas trop, s'il vous plaît. Je lui dois beaucoup.

La licorne adulte se tourna vers la cadette:

- Comment cela?

- Elle m'a soigné alors qu'un Nakat m'avait piqué.

Un silence tomba parmi les volontaires ainsi que les soldats du palais.

- Un Nakat??? répéta le blaireau-marin que Victoire avait déjà rencontré dans la prison.

L'élue hocha la tête.

- Et vous avez survécu? la questionna un petit colibri, incrédule.

Victoire hocha à nouveau la tête. À ce moment-là, sa soeur revint. Elle la questionna du regard.

- Il nous a échappé.

La cadette se mordit les lèvres.

- Espèrons que nous n'ayons plus jamais affaire à lui, dit Arwyn.

- A votre place, j'en douterai, l'avertit une voix. Il ne fera que vous mettre des bâtons dans les roues avant de comprendre réellement ce qu’il fait et de changer.

Victoire et Arwyn se retournèrent.

- Vous?

- C'est bien moi, répondit la vieille femme.

- Qui est-ce ? demanda Jaréa.

- Je ne sais pas vraiment, répondit Victoire. C'est une personne qui a rendu un service à notre père et à nous aussi. Elle sait beaucoup de choses que nous ignorions et je pense qu'elle peut voir l'avenir.

- Seulement des possiblités.

- Qui êtes-vous? lui demanda Ralio.

- Je suis la devin Léya.

Toutes les licornes sagenouillèrent devant elle. La mére de la pouliche dit d'une voix pleine d'émotion:

- Devin Léya. C'est un honneur de vous revoir.

- Ce honneur est réciproque.

- Comme vous pouvez le constater, nous avons échoué.

- Le roi s'est certes enfui, mais les deux élues sont là et elles prendront la relève en attendant que Sir Urien ne revienne.

- Mais il a disparu! Nous avons tout fait pour le retrouver mais...

- Mais vous n'avez pas l'amour que lui porte ses deux filles. Elles le retrouveront ainsi que leur mère, faîtes leur confiance.

Un silence respectueux accueillit les paroles de la devin. Puis une petite voix retentit:

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

Tous se tournèrent vers Lulu. La vieille femme sourit puis rétorqua:

- Il y a un couronnement provisoire à préparé, non?

Aussitôt tous les animaux et les peuples poussèrent des cris de joie. Ils coururent au palais et s'empressèrent de tous préparer.

Il ne resta plus que la devin Léya, Jaréa, Victoire et Arwyn devant le palais.

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