Chapitre I
Victoire se réveilla le matin avec la ferme intention de parler à sa sœur. Cela faisait précisément sept mois qu'elles gouvernaient Evénia. Après le passage de la comète violette, les fées ainsi que les elfes avaient été formels: traverser le portail était suicidaire. Elle avait donc sagement attendue que le portail lui soit accessible. La devin Léya lui avait dit de suivre son cœur et son cœur lui disait qu'elle trouverait des réponses dans le monde des humains.
Elle revêtit une simple tunique blanche et sortit de sa chambre. La cadette s'engagea dans un couloir pour aller se restaurer dans la grande salle du palais, sachant que sa sœur se trouvait sûrement déjà là.
La situation avait beaucoup changé depuis que son oncle ne règnait plus sur Événia. Les deux sœurs avaient été couronné à la place et cherchaient un moyen de retrouver leurs parents, car la devin Léya leur avait confirmé qu'ils étaient bien vivants. Cependant, elle ne leur avait pas dit où, évidemment. Cela aurait été trop facile.
En tant qu'ainée, Jaréa avait plus d'importance que Victoire, mais cette dernière ne s'en plaignait pas. Néanmoins, elles se consultaient toujours avant de prendre une décision. À deux, elles avaient changé beaucoup de choses. La capitale s'était métamorphosée, tous les peuples se rencontraient à cette endroit. Le début avait mal commencé puis petit à petit, chaque peuple avait fait un pas vers les autres. Les murailles de Carnia avaient été démolis. Les enfants étaient obligés d'aller à l'école jusqu'à 16 ans minimum et ils ne travaillaient plus dans les champs avant la fin de leur apprentissage. Chacun choisissait son métier après l'école. Les lois interdisant les animaux de se rendre sur les montagnes du nord-est et tout au nord d'Événia avaient été supprimé. Tous les animaux, les humains et les autres peuples étaient donc libres de se rendre où ils souhaitaient, à condition de ne pas faire de dégâts. Il avait fallu d'énormément de persuasion pour mettre en place toutes ces lois, mais c'était un bon début.
Victoire arriva devant une grande porte en bois. Un elfe et un humain y montait la garde. Ils la saluèrent d'un mouvement de tête et lui ouvrir la porte. La cadette s'avanca dans l'immense salle.
Les murs étaient en pierre blanche avec des piliers sur les côtés qui formait d'élégantes arches. Le parquet ciré avait une couleur sombre qui reflètait la blancheur des murs lorsque les rayons du soleil frappait le sol. Les fenêtres montait jusqu'au plafond, apportant beaucoup de clarté. Les montants des fenêtres étaient sculptées dans du bois et dorées. Au fond de la pièce se situait deux trônes: l'un pour le roi, l'autre pour la reine. Ils étaient finement ouvragés.
En ce début de journée, une table avait été dressé pour que les deux sœurs puissent manger. Jaréa était déjà assise. Elle sourit en voyant Victoire arriver.
- Bien dormie?
- Oui.
La cadette prit un morceau de pain et le mâcha. L'ainée regarda sa sœur puis déclara:
- Arwyn est rentré de Carnia avec Mystère hier soir.
Victoire sourit. Il y avait toujours une certaine gêne entre eux.
« À chacun ses problèmes. Le mien pour le moment, c'est d'arriver à persuader ma soeur de me laisser partir seule dans le monde des humains. »
- Tu as l'air pensive, remarqua Jaréa. Tu mijotes quelque chose...
- En effet.
La cadette inspira profondément.
- Je veux aller dans le monde des humains pour chercher nos parents. Et j'aimerais y aller seule. Non, laisse moi finir, continua-t-elle en voyant Jaréa ouvrir la bouche. C'est la seule solution que j'ai trouvé pour le moment. Il faut que l'une de nous deux reste pour gouverner Événia. C'est toi qui à le plus d'importance, ne le nie pas.
Un silence suivit sa requête. L'ainée cligna des yeux. Finalement elle déclara:
- C'est trop dangeureux. Qui sait ce qui peut t'arriver. Je ne veux pas qu'il arrive malheur.
- Tu ne vas quand même pas laisser une chance de retrouver nos parents, tout de même!
- Non, bien sûr. Mais... on pourrait envoyer quelqu'un d'autre.
« J'étais sûre qu'elle me donnerait cet argument. »
- Certes. Mais il y a un mais. Ce sont nos parents. Et puis, qui voudrais-tu envoyer à ma place?
- Je ne sais pas. Uranus, par exemple. Ou Mystère.
- Dois-je te rappeler que c'est le monde des humains? répliqua-t-elle. Et puis, imaginons que l'humain que tu enverras se fasse emprisonner. Comment fera-t-il pour s'échapper? Avoir le pouvoir de se transformer pourrait lui être utile et même lui sauver la vie.
Jaréa soupira bruyamment, à court d'argument.
- Je vois que tu as bien préparé ton discours. Puisque je ne parviens pas à te faire changer d'avis, j'accepte. Mais à une condition. Tu emmènes quelqu'un avec toi. Sinon, tu ne pars pas.
« Ca me paraît raisonnable. »
- D'accord, accepta Victoire.
- Marché conclu?
- Oui.
Elles se serrèrent la main.
- Qui comptes-tu emmener et quand souhaites-tu partir? lui demanda Jaréa.
- Le plus tôt possible sera le mieux.
Soudain, Arwyn entra dans la salle. Il paraissait éssouflé.
- Vos Altesses, commenca-t-il en s'inclanant.
- Arwyn! Il me semblait t'avoir demandé de ne pas nous appeler comme ca! lui reprocha l'ainée.
L'adolescent continua, comme si il n'avait pas été interrompu.
- Le roi a réussi à s'infiltrer entre les gardes qui gardait le portail et est passé dans l'autre monde.
Victoire sentit sa bouche s'assècher.
« Il va falloir que je sois sur mes gardes pour ne pas mourir. J'ai très peu de chances de m'en sortir vivante si je dois me battre contre lui... »
Jaréa avait dû penser à la même chose. Elle se tourna vers sa soeur:
- J’ai changé d’avis. Hors de question que tu ailles dans le monde des humains.
- Tu m'avais dit oui.
- C'était avant que je sache que notre oncle avait traversé le portail.
- Mais... si il est allé dans l'autre monde, ca veux sûrement dire qu'il sait quelque chose! Ou qu'il veut monter une révolte avec les animaux du monde des humains! argumenta Victoire.
- Je refuse quand même. C'est trop dangeureux.
- Non! Enfin si, mais... le portail ne s'était pas encore stabilisé. Les chercheurs pensent qu'on pourra le traverser qu'à partir de demain soir! Avant, ca nous aurait tué ou grièvement blessé! Ca veut peut-être dire qu'il est... hors d'état de nuire.
- Ce n'est pas une raison!!!
Arwyn ouvrit de grands yeux.
- J'ai loupé quelque chose. Que s'est-il passé?
*****
Le soleil commencait à se coucher. Victoire regarda le portail. Il lui avait apporté bien des ennuis. À cause de lui, la cadette avait passé les deux jours à se disputer avec sa soeur. La cadette avait refuser de changer d'avis. Seul Arwyn avait réussit à calmer Jaréa. Elles avaient conclu un marché, elle devait le respecter.
À côté de Victoire, Pitoucha gigotait mal à l'aise, se demandant certainement pourquoi la cadette lui avait demandé de l'accompagner. Malgré tout, elle faisait bonne figure, car toute la cour du palais la regardait, tout comme Victoire.
Les derniers rayons du soleil reflétèrent le portail et mille couleurs se propagèrent. Tous le monde sursauta. Une fois le phénomène terminé, Victoire fit un pas mais une main se posa sur son épaule. Elle se retourna et découvrit sa sœur. Cette dernière la serra dans ses bras. D'abord surprise, la cadette lui rendit cependant son étreinte. Elles s'écartèrent et Jaréa lui dit:
- Bonne chance.
La jeune élue lui sourit en retour. Puis elle se tourna vers Pitoucha:
- On y va?
La chienne acquiesa puis traversa le portail en réponse. La jeune fille la suivit.
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