Chapitre III

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Victoire rêvait. Ou plutôt cauchemardait.

Elle revoyait Pitoucha se faire enlever par l'homme. Cette petite flèche se ficher dans sa cuisse. Elle ressentit à nouveau son désespoir quand l'homme l'avait distancé et qu'elle avait compris qu'elle n'arriverait pas à l'arrêter.

Victoire se réveilla en sursaut. Elle voulut se redresser sur ses coudes mais la douleur existait toujours.

« Un cauchemar où je suis parfaitement réveillée. »

Elle se rallongea et fixa le plafond. Les larmes se remirent à couler à flots sans qu'elle puisse les retenir. La jeune fille sanglota en silence puis une petite voix lui rappela:

"J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi courageux que toi. Ne te fais pas de souci pour ça. Tu sauras quoi faire lorsque tu te retrouveras dans certaines situations."

Victoire cligna des yeux. La tristesse et le désespoir laissèrent petit à petit place à une détermination farouche. Elle se fit la promesse d'accomplir son but et de retrouver Pitoucha tout en faisant bien comprendre à l'homme qu'elle n'était pas sans défense. Et qu'elle n'abandonnait jamais ses amis. Elle se rendormit, revigorée par cette pensée.

*****

C'était en milieu d'après-midi. Victoire avait mangé et une autre infirmière avait vérifié ses plaies. C'est là que la jeune fille avait constaté l'ampleur des dégâts.

« Il faut vraiment que je tienne à Pitoucha pour en arriver là. »

Heureusement, les blessures cicatrisaient sans trop de mal:

- J'ai rarement vu quelqu'un guérir aussi vite, lui avait avoué l'infirmière.

« Est-ce parce que je peux me transformer en animal que mon corps guérit plus vite? Un peu comme ma sœur prend les facultés d'un animal? »

Maintenant, Victoire dessinait sur une feuille. Elle traçait Pitoucha du mieux qu'elle pouvait. Subitement, la deuxième infirmière vint la voir:

- L'un des policiers qui t'a vu est là. Il voudrait prendre de tes nouvelles.

La jeune fille arrêta de dessiner. Elle croisa le regard de la femme et hocha la tête. L'infirmière partit et quelques minutes plus tard, un homme entra dans sa chambre. Il portait un simple pantalon et un T-Shirt. Il avait de larges épaules, ce qui lui conférait un aspect plutôt protecteur. Il avait les cheveux assez court mais pas de moustache.

« Comme l'homme qui s'en est pris à Pitoucha... »

Victoire s'en voulut d'avoir eu une telle pensée. Le policier avait des yeux marrons chaleureux.

- Bonjour, lui dit-il.

- Bonjour, monsieur.

- Ils t'ont dit qui j'étais?

- Ils m'ont dit que vous m'aviez trouvé avec votre collègue. Et que vous avez appelé les secours. Et que j'avais de la chance que vous m'ayez trouvé si rapidement, lui résuma la jeune fille.

- Vraiment? s'étonna-t-il.

- Oui. Mais ils ont par contre complètement oublié de me donner votre nom.

Il sourit.

- On ne croirait pas que tu ais frôlé la mort... Je m'appelle Axel Hartmann. Et toi?

- Je m'appelle...

Victoire hésita un instant puis se resaisit:

- Je m'appelle Victoire.

- Eh bien. Quel drôle de prénom.

Le regard d'Axel tomba alors sur le dessin de la jeune fille.

- Qu'est-ce que c'est?

- C'est un chien.

- Excuse-moi, je ne voulais pas te vexer.

- Ce n'est rien, le rassura Victoire. Je sais que je dessine mal.

- C'est ton chien? demanda-t-il en se penchant pour mieux regarder le dessin.

- Euh...

« Pitoucha n'est pas ma chienne. Elle est libre... Si je lui dis oui, il va vouloir savoir ce qui s'est passé... mais il pourra lancer des recherches pour la retrouver! »

Une idée germa dans son esprit.

- Tu as l'air hésitante, remarqua le policier.

- Excusez-moi. Il me semble que c'est ma chienne, mais elle est libre comme le vent.

- Il te semble?

- Oui.

- Je vois... Dis-moi, tu peux me donner le numéro de téléphone de tes parents ou me prêter ton propre téléphone pour que je puisse avertir tes parents?

« Téléphone? »

- Je ne comprends pas..., lui avoua-t-elle.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas?

- Ce que c'est un... téléphone...

La bouche d'Axel s'ouvrit de stupeur:

- Tu as recu un sacré coup sur la tête pour oublier ce que c'est. Ca veux dire que tu ne connais pas le numéro de tes parents?

- Non.

Il soupira:

- Bon... Ca te reviendra sûrement. Mon officier m'a demandé d'écrire un rapport sur ton témoignage. Si tu n’es pas trop fatigué, j’aimerais le faire maintenant. Tu te souviens de ce qui s'est passé?

« Je ne vais quand même pas lui dire: "J'ai traversé un portail pour arriver dans ce monde parce que je viens d’un monde rempli d’animaux et de peuples et Pitoucha a été enlevé. J'ai essayé de la récupérer en me transformant en guépard mais je n'ai pas réussi." Il me prendra pour une folle. »

- C'est flou dans ma mémoire... Tout ce dont je me souviens pour l'instant, c'est que la chienne s'appelait Pitoucha.

- Très bien. Merci quand même d'avoir essayer. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Si je peux, je reviendrai sûrement après-demain.

- Vous savez, l'interrompit Victoire. Vouc n'êtes pas obligés de venir pour me tenir compagnie.

- Pas seulement. Si des choses te reviennent, je pourrai les noter.

- Oui. Mais vous avez sûrement autre chose à faire...

Le policier se tendit.

- Monsieur, ça va? s'inquiéta la jeune fille.

La voix de Victoire sembla le sortir de ses réflexions. Il secoua la tête, comme pour remettre ses idées en place.

- Je verrai. Bin rétablissement!

- Merci. Au revoir!

Axel partit. La jeune fille soupira de fatigue. Malgré le fait que son corps guérisse plus vite que la moyenne, elle ressentait toujours la fatigue. Elle s'endormit.

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