Chapitre VII
À partir de ce jour, le quatuor prit l’habitude de se retrouver ensemble dans la cour.
Chaque soir, Victoire se couchait dans le salon en laissant les volets ouverts puis se transformait pour partir à la recherche de Pitoucha. Elle questionnait des oiseaux, des chiens, des chats, des mouches, des fourmis... Peu acceptaient de répondre à ses questions et savaient y répondre. Quand elle découvrait un animal qui l’avait vu, elle et Pitoucha, il ignorait où l’humain avait emmené la chienne.
Après deux semaines de cour, ce fut les vacances. Sébastien proposa au groupe de se voir pendant ces deux semaines.
- Désolée, dit Angélique. Pendant la première semaine, j’ai stage d’orchestre au conservatoire.
- Tu fais un instrument ? demanda Kevin.
- Oui, répondit-elle. Du hautbois et du cor anglais. Si vous voulez, on peut se voir un soir et vous venez me chercher au conservatoire pour écouter ce qu’on fait en ce moment.
Ils organisèrent donc une « soirée pyjama ». Comme Victoire ne connaissait pas ce principe, ses trois amis durent le lui expliquer.
Le mardi de la première semaine de vacances, Victoire, Sébastien et Kevin, se retrouvèrent au conservatoire. L’orchestre répètait dans la salle principale, la salle Timken. Malgré tout, ils entendaient assez bien le morceau.
La jeune fille en eut le souffle coupé. Elle se souvint de ce qu’avait dit le génßeral elfe :
« Ils sont cupides, prétentieux et malhonnêtes. » avait-il dit en mentionnant les humains.
« Peut-être, mais pas tous. Et ils sont capables de chose magnifiques. »
Une fois que les musiciens eurent fini la répétition, ils sortirent et le trio accueillit Angélique avec joie.
- C’était trop beau ! lui dit Kevin. La dernière surtout. C’était quoi comme pièce ?
- La dernière ? C’était Green Hill*, une pièce pour harmonie mais transcrite pour orchestre symphonique. C’est une pièce pour euphonium solo.
En voyant l’air perdu de ses amis, elle s’excusa :
- Excusez-moi, comme vous n’êtes pas musiciens, vous ne pouvez pas tout comprendre. J’ai tendance à l’oublier... Ne le prenez pas pour une critique.
- C’est pas grave, la rassura Victoire.
Ils allèrent passer la nuit chez Angélique. Sébastien n’avait pas voulu et Kevin n’ont plus. Victoire se doutait qu’ils avaient des problèmes familiaux. Toutefois elle accepta leur décision.
La mère d’Angélique était souriante et accueillante. Pas très grande, des cheveux bruns et un sourire très grand, elle les mit immédiatement à l’aise.
- Nous mangeons dans une heure, si vous avez fin, prenez des biscuits, leur annonça-t-elle.
Le quatuor monta dans la chambre. Petite mais bien ordonnée. Angélique déposa son étui à proximité d’un pupitre. Victoire lu le titre de la partition dessus :
- Antonio Pasculli, Omaggio a Bellini**.
- C’est un duo cor anglais-harpe, que je travaille en ce moment, lui apprit son amie.
Aussi, elle mit son téléphone en route et le leur fit écouter. Ils restèrent ensuite silencieux.
- Ca a l’air compliqué..., finit par lâcher Sébastien.
Ils discutèrent et chacun mit tour à tour une musique qui lui plaîsait. Victoire mit une musique que le père de Sébastien mettait parfois et qu’elle aimait bien. Finalement, la mère d’Angélique les appela pour manger et ils firent connaissance de son père. C’était un homme plutôt jovial quoique plus silencieux que son épouse. Il avait un visage carré et des cheveux qui devenaient blancs ainsi qu’un début de calvitie.
L’ambiance fut agréable contrairement à celle chez Sébastien. Là-bas, elle était silencieux et pesante. Ici, on discutait et riait sans problème. La mère leur servit des spaghettis bolognaise. Victoire vit alors des bouts brunâtres sur les pâtes.
- C’est de la viande, lui dit Sébastien. Tu n’en manges pas ? Tu es végétarienne ?
« Des animaux qui mangent d’autres animaux. Quelle horreur ! Non non. À Événia, tous les animaux mangent des plantes mais en fonction de l’espèce, ils mangeront tels ou tels plantes. » avait dit Horace.
« Certes, les humains ne sont pas des animaux bien qu’À Événia, ils soient leur égal. Mais ici, on mange la viande d’animaux, contrairement à Événia... Et il est hors de question d’en manger ! »
- Oui, répondit-elle.
- Oh, je l’ignorais, s’excusa la mère d’Angélique. Je vais te préparer un autre plat tout de suite.
Victoire vit alors une ombre dans le coin de son œil. Elle se tourna et vit un chat noir avec quelques touches de gris.
Le père suivit son regard.
- C’est Baghera, notre chatte.
« Votre chatte ? Les animaux n’appartiennent à personne ! »
Elle remarqua alors qu’elle avait une curieuse façon de se tenir. Elle se leva de sa chaie et s’approcha d’elle. La chatte ne bougea pas. Victoire la fixa dans les yeux. Baghera s’approcha à son tour. La jeune fille remarqua de discrètes cicatrices et que la longueur de la queue n’était pas naturelle. La chatte se frotta légèrement au bout de ses doigts tendus. Après quoi, elle fixa à nouveau Victoire dans les yeux.
- Aide-les. Venge-moi de ses barbares.
Baghera tourna les pattes et sortit de la cuisine. La jeune fille resta figée.
« Qui sont ces barbares ? A-t-elle senti que je ne venais aps de ce monde ? »
- Victoire ? Kevin ? s’inquiéta Sébastien.
La première se força à se lever tandis que le deuxième cliganit des yeux. Il jeta un étrange regard à Victoire. Celle-ci demanda :
- D’où vient Baghera ?
Il y aut un long silence. La mère d’Angélique finit par le rompre :
- Nous avons adopté Baghera dans un refuge. On nous a dit qu’elle avait été récupéré dans un bâtiment avec plusieurs autres animaux qui étaient entassés et mal en point. Les personnes qui les avaient mis là n’ont toujours pas été retrouvés.
« C’est déjà plus clair. »
Ils continuèrent le repas sur un autre sujet. Ensuite, ils allèrent dans la chambre. Victoire demeura silencieuse. En se couchant, elle repensa à se que lui avait dit Baghera.
- Victoire ? Tout va bien ? s’inquiéta Angélique.
Elle ne répondit pas et se tourna vers la fenêtre. Elle avait insisté pour la garder ouverte, question d’habitude. La jeune fille regarda le ciel nocturne.
« Je n’ai pas eu une nuit de sommeil complète depuis tellemen de temps... »
Elle s’endormit sur cette pensée. Mais elles bifurquèrent vers son inquiétude pour Pitoucha et sa colère contre les hommes qui avaient fait du mal à Baghera.
*****
Baghera se dressait devant elle. Ses yeux de couleur ambre la fixait.
- Venge-moi, répéta-t-elle. Ces hommes n’avaient pas qu’un seul bâtiment. Cherche dans la forêt. Cela ne devrait pas être compliqué pour toi, vu l’étendue de tes pouvoirs. Venge-moi.
*****
Elle se réveilla. Le soleil entrait à flot dans la chambre. Ses amis étaient déjà sortis.
- Victoire ? l’appela Sébastien.
- Oui ? réussit-elle à répondre.
- Mon père arrive dans dix minutes. Tu es prête ?
« Absolument pas. Je viens de me réveiller. »
- J’arrive.
Elle se leva.
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À écouter! Ce sont de magnifiques pièces.
* Green Hill, de Bert Appermont, pièce pour euphonium solo:
https://www.youtube.com/watch?v=SU-x6wklDjk
** Omaggio a Bellini, Antonio Pasculli, duo cor anglais- harpe:
https://www.youtube.com/watch?v=elc_1qZiCo8
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