Prologue

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Elle était au sol. Elle releva les yeux sur Sofiane, entouré de ses amis. Ils riaient d'elle. Ils la regardaient, misérable, enlarmée, désespérée. Ses grandes prunelles vertes criaient à l'aide, appelaient la pitié de Sofiane.

-"Sofiane...Ais-je vraiment mérité ça?"

Elle n'eut droit qu'à un regard de dédain. Ritedj ne valait rien. C'était juste une fille qui passait sa vie seule, à gratter des feuilles avec des stylos, une fille enfermée dans un monde irréel, un monde fait de mots alignés. Des mots qui lu permettaient d'oublier sa nature, d'oublier sa réalité qu'elle effleurait pourtant dans sa grande solitude. Seuls les regards méprisants des gens lui tenaient compagnie, la détruisant. Quand elle écrivait, des sourires passaient sur son visage et des fois, des larmes coulaient de ses yeux, attachée à ses propres récits.

Elle regardait Sofiane comme l'on regardait l'homme de sa vie. Comme l'on regardait la personne pour laquelle on avait le cœur vide. Sofiane...

-"So...Sofiane...Moi j'ai le cœur vide, j'ai le cœur vide pour toi... Te plairais-je un jour ? "

Les regards tombèrent sur elles. A à peine 14 ans, déjà elle balançait ce genre de phrases condamnantes. Dix regards de garçons et des gens autour, qui regardaient la scène, riant, humiliant Ritedj. Elle n'était qu'une pauvre fille qui n'avait rien demander, en réalité. Mais le monde n'était que cruauté. Une cruauté qui s'acharnait sur elle.

-"Plutôt que de pleurer et de poser des questions stupides, rentre chez toi. Enfin, si tu as un chez toi. "

Le garçon qui était arrivé par-dessus l'épaule de Sofiane, lui jeta ces mots. Les rires fusèrent. Ritedj reprit ses affaires, incapable d'affronter le regard des gens, leurs regards fixateur qui la méprisait, et se leva en détalant. Elle était sale, pleine de boue, le crop-top qu'elle portait était remonté et déchiré, et son jean moulant fendu sur la cuisse, derrière. Elle n'aurait jamais dû porter ces vêtements. Ca ne lui allait pas du tout. Mais toutes les autres filles portaient ça, alors elle se disait que si elle mettait ces choses là, alors les autres l'accepteraient un peu plus. Mais ça n'avait donné lieu qu'à des moqueries.

Elle attendait juste la fin. La fin, la mort, la fin de ce calvaire impossible. Et Sofiane avait conscience intérieurement qu'il détruisait une âme, brûlait une vie. Mais tout l'amusait tellement qu'il niait cette vérité. C'était si drôle de la voir se mettre dans tous ces états, qu'à chaque fois, il voulait recommencer toujours plus.

Je sortis brusquement de mon songe. J'avais si honte de ce que j'avais commis. J'avais même honte de repenser à ça. J'aurais du réfléchir avant d'agir. Les bêtises d'enfance peuvent nous emmener si loin... Elle m'avait offert son cœur sur un plateau d'argent, je lui avais donné ma haine sur un plateau d'or.

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