{IV}

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"Les plus grands mots cachent souvent les plus grandes faiblesses. "

PDV RITEDJ 

J'ai avancé et déglutit. J'ai maintenu ma tête haute, les regards sur moi. 

J'allais devenir une princesse. Je ne pouvais pas me permettre de me foirer. Je n'aimais pas cet homme, mais je n'avais pas le réellement le choix. Je devais bien le faire, car sinon je n'aurais nulle part où aller. Lui me voulait, lui m'acceptais. Je n'avais plu à aucun autre, à quoi bon refuser cette magnifique opportunité d'être la femme de quelqu'un d'éminent ? 

Le prince du Qatar...

Une pauvre fille harcelée comme moi finissant princesse ? C'était si dur d'y croire, mais c'était si réel. C'aurait pu être Sofiane à la place de lui. Sofiane...

Non ! Non ! Non ! Ce n'était pas le moment de penser à ça ! Pas à lui ! J'étais entrain de dire Adieu à ma misérable vie de pointée du doigt et c'était à lui que je pensais ! 

J'étais posée, si tranquille, le vide me tenant compagnie. J'avais comme à mon habitude, un stylo noir à la main et une feuille ainsi qu'un support posés devant moi. 

J'étais assise sur un banc. Sur celui d'à côté étaient  posés Sofiane et ses amis. Ils parlaient fort et riaient. Aaaaaaaaaah comme j'aurais aimé rire avec eux, arborer le même sourire, arborer la même joie ! Je leur ai jeté un vif coup d'oeil, un regard plein de larmes , de tristesse et de regret. Pourquoi n'étais-je pas comme ses filles que tout le monde admiraient ? Je songeais. A quoi rêvent les pauvres gens comme moi, les gens qui n'ont jamais reçu de tendresse, les gens pointés du doigt, discriminés ? Ils rêvent à la vie sociale. Ils rêvent d'être comme les autres, de se faire accepter. Ils rêvent de se regarder dans un  miroir et de pouvoir se dire " Ah,comme je suis belle! Ah, comme j'aime me présenter aux gens ! Ah comme une belle journée m'attend ! " . Mais dans le miroir, ces gens là ne voient que le reflet de la tristesse. Ils ne voient que le reflet du malheur et du rejet. Ils ne voient que la lueur destructrice des complexes. Et je fais partie de ces gens . Et j'en ferais sans cesse partie. Je le savais bien. 

-" He,viens ici toi ! " 

C'était à moi qu'il parlait ? Le pote de Sofiane me regardait, et comme je lui avais fait non d'un signe du doigt, il désigna l'élu de mon cœur si émietté, puis me dit " Ah, tu sais lui il t'aimes pas".

Il ne m'apprenait rien. Je ne m'étais jamais attendu à une réponse positive de la part de Sofiane. Mais ce que lui a dit, j'étais loin de m'y attendre. 

-"Wallah t'es moche ! " 

Il avait crié ça de sa voix grave, enrouée, comme une affirmation, comme si son avis était suprême. 

Je savais bien. Je savais... Je le savais ça que j'étais laide... Mais mon physique était-il réellement une raison de rejet ? Je savais bien , je n'avais qu'à tourner la tête, je n'avais qu'à traîner mon regard sur les autres filles pour savoir que j'étais laide. J'aurais voulu leur ressembler. J'aurais voulu...Mais je ne le pouvais pas. J'étais un cas particulier. En robe ou en jogging, j'étais horrible. Maquillée ou naturelle, j'étais laide. 

Je ne ressemblais à rien , point barre. C'était la vie. Les accessoires, le maquillage, les robes, les belles coiffures, m'enlaidissaient. Jamais je ne serais belle. Je n'aurais jamais des allures de Miss ou de Reine. Sofiane, en quatre mots, avait réussi à faire ressortir tous mes complexes, enfouis au fond de moi. 

Au final, je n'étais rien. Le collège m'avait déçue. Je voyais en le collège le changement, le renouveau, la nouvelle réputation, j'y voyais des amis, du soutien. 

Et je n'avais eu droit qu'au rumeurs. L'ai-je vraiment mérité ? Parfois, je me demande encore si je n'avais pas fauté quelque part et que ça m'avait valu toute cette tragédie. Des années plus tard, sa marque était encore là. Des années plus tard, les souvenirs de mes joues boueuses de ses coups, de mes bleus, subsistaient encore. Car c'était des marque ineffaçables. C'était indélébile.J'aurais tout donner pour tout oublier. Mais d'une part, son souvenir m'adoucissait, le souvenir de ses doux traits. Cet homme était la huitième merveille du monde. Je ne songeais qu'à ça. 

J'ai jeté en coup d'oeil en arrière. Nedjma me regardait. Ma soeur... Elle était ma soeur... J'avais bel et bien une famille. Moi, la risée du collège, de la primaire et du lycée, devenait maintenant princesse. La roue avait tourné. 

La vie avait changé. 

Le monde avait évolué. 

J'étais devenue une autre personne. J'étais devenue une femme. Une femme avec une dignité. Une femme propre, pourtant souillée par les cicatrices que mes vêtements couvraient. 

Une femme qui avait trop souffert, trop jeune. Une femme aux traces blanches et rouges sur le corps, faites avec toutes sortes d'objets. Une femme qui avait vu le sang couler, la douleur physique lui faisant croire que la douleur psychologique s'évadait. 

Je me souvenais de toutes ces soirées, que j'avais passées, la lame de rasoir à la main, dans cette foutue salle de bain du foyer où j'ai été placée . De toutes ces soirées où le métal avait si délicieusement pénétré ma chair. De toutes ces fois où je m'étais coupée la peau, l'arrachant par lambeaux. 

C'était si bon, cette manière dont j'oubliais momentanément cette souffrance psychologique. Ca m'avait laissé des marques, mais tant qu'il n'allumerait pas la lumière, il n'en verrait rien. 

J'ai fais mes derniers pas vers lui. Mon union était scellée. 

J'étais la princesse du Qatar...

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