Nouvelle peau
Papa est mort. Le miroir reflète ma fierté autant que ma peine. Son corps froid sur la table d’opération, me donne matière à réfléchir. Je suis enfin chirurgien cardiaque et j’ai hâte de commencer à faire mes preuves en toute autonomie.
Je part voir le vieux pour rire. S’il savait que je vais récupérer son cœur pour l’étudier…de son vivant, il m’aurait foutu une tarte. Seulement, je suis majeur depuis quelque années et surtout libre.
— Ah cher père, merci de te donner à moi, Zok. Et oui, je ne vais que prier Zok et te rendre hommage. Aujourd’hui, je suis ce Zok, en tant que chirurgien, je serais la vie, je serais la mort.
J’enfile mes gants blancs, allume au-dessus de son crâne dégarnie et prépare mes outils de travail. Le sang tache mes vêtements mais je l’oublie bien vite avec la satisfaction du travail bien fait.
— Tu as toujours eu une bonne âme. Merci pour tout, tu vas me manquer.
Le cœur dans mes mains, je le pèse pour découvrir à ma plus grande surprise, qu’il est bien maigre…Et l’intérieur ?
— Ambrosio ? Tu es là ? Il y a quelqu’un ?
J’ai horreur d’être dérangé ! Maitrisant ma colère, je retire mes gants et sort pour accueillir plus aimablement, Maria. Voilà bien au moins dix ans, que je la connais.
— Tu as tué un cochon ou quoi ?!
— Pardon Maria, père n’est plus de ce monde, j’ai donc sacrifié oui, une pauvre bête pour que Zok l’accueil dignement.
Son air dégouté dans ce couloir sombre, rend le tableau encore plus horrible. J’ai à peine vingt-sept ans, doué, prodige de mon domaine et je dois me coltiner une de ma famille, une cinquantenaire qui n’a jamais travaillé de sa vie.
Mon père, Antonio Gonzalez avait une sœur Pietra. Cette dernière s’était marié avec un certain Perez. Personne ne sait son prénom, cependant, il laisser sur Terre, deux filles, Rosa l’ainé et ici, Maria.
Et puis, le cycle des maris morts dans l’ombre, a continué avec cette commère. Marco Rodriguez ? Probablement, faut dire que mon père m’a fourni peu d’informations utiles, me disant qu’il fallait s’intéresser uniquement aux femmes. Surtout, la descendance.
— Le sacrifice est lié à la secte jeune homme ! Ton père n’aurait jamais apprécier ça !
— Il est mort et les Zokias vont renaitre vieille branche !
— Tu penses me faire peur avec ton sang sur les mains ? Tu sais que tu t’adresse à la plus expérimenté des médiums au nom de Zok ? Alors, soit plus respectueux !
— Que fait tu ici ?! Tu n’as pas à t’occuper de ta petite fille ? Comment s’appelle-t-elle déjà ?
— Adela. Je suis venu juste voir comment tu allais à la mort de ton père. J’aimerais moi aussi, lui rendre hommage.
— Hum…attend moi quelques instants dans le salon. Sert-toi un café, enfin, tu connais aussi bien la maison que moi.
— Hélas, oui. Cependant, j’ai plus vue la lumière du jour que toi.
Elle passe devant moi avec son sac à main avec elle aussi, un faux sourire. Non, franchement, c’est ridicule médium. Et puis, le don ne passe pas pour toutes les femmes. Alors, que nous, les hommes, oui, de père en fils, ça coule de source.
Dire qu’à l’origine, on été comprimé, obligé de rien vouloir voir, entendre. Les mâles peuvent faire de grandes choses en ce monde. Finit le temps de conseiller les vivants et de concocter des poudres soi-disant miracle en prédisant un avenir dicté par ce que les autres veulent entendre. Il faut éradiquer tout le sel des Zokias, tout construire et dominer le monde.
De retour dans la salle, je cache le cœur et rhabille mieux le corps. Puis, je lave aussi méticuleusement possible, toute traces de sang. Je me change rapidement également et Maria m’attend impatiemment :
— Enfin ! Je me demande ce que tu fichais ! Tu as pris une douche ?
— Bé oui ! Bon, bref, je n’aime pas perdre de temps comme toi. Rend lui un dernier mot. Je me demande vraiment pourquoi tu es là, je n’ai jamais vu beaucoup d’amour entre vous.
— Tu crois si bien dire ! Ce qui nous réunissait était notre religion. J’aimerais continuer à la partager avec toi, si cela tant dit. Il me semble qu’Antonio voulait que tu redores l’image de Zok. C’est vrai que prier entre nous, ici, est d’une telle tristesse. En plus, ma fille Paula, je l’ai senti dès sa naissance comme Adela, n’ont pas notre don et par conséquent, se fiche de ça. Même si mon unique sang, me laisse y croire.
Tout en l’invitant à me suivre, je reste ouï par ses aveux. Les Zokias espèrent depuis des lustres, la messie, la réincarnation sur Terre, de Zok. Si les médiums font le pont entre les deux états pour notre gardien des morts, le fait qu’il sera dans le corps d’une humaine, est censé annoncé « Le soleil embrassera la lune, les morts seront vivants, nouvelle ère pour la Terre ».
— C’est intéressant ça.
— En quoi ? C’est plus un désespoir absolu ! Tu sais, je vais te confier d’autres secrets.
— J’ai hâte de les entendre.
Je lui masse les épaules quelques secondes avant de me faire dégager. Alors, je garde mes mains dans mon dos pendant qu’elle se confie en fixant mon père.
— J’ai vu Zok enfant pendant mon initiation. Mes parents n’étaient plus de ce monde pour nous voir grandir avec ma sœur. Enfin, bref, notre tante a tenté que je prenne contact avec lui. Dès les premières secondes dans la grotte, j’ai vu les horreurs de nos ancêtres et le chao. J’ai compris pendant la multiple relecture de la prophétie, que pour une paix durable, il fallait malheureusement, engendré le feu. L’écobuage.
— Hum…tu n’es pas celle attendu, j’imagine.
— Ces visions ne sont plus à l’ordre du jour depuis la naissance de ma fille. Cependant, je crois fermement à la sagesse des morts, qui parleront par la bouche de l’élue pour réveiller les vivants, les consciences. En fait, je ne sais pas si je souhaite vraiment une vrai guerre, il existe des moyens plus brut et à la fois doux pour aller vers une utopie.
Je n’ai jamais pris le temps de vouloir interpréter ma propre conception des espoirs des anciens. Zok en penserait quoi ? Stop ! Il est mort, oui, mort bordel ! Père voulait que je m’affirme !
— Zok m’est venu cette nuit. Il m’a confié une mission.
Elle est surprise et déstabilisé. Je remet ma cravate en revenant devant la glace.
— Et ? Je croyais que c’était rare chez vous ! Remarque, voilà fort longtemps que je ne communique plus avec lui.
— Je suis Zok. Non, non ! Rassures toi, l’élue est toujours attendu cependant, il m’a expressément annoncé qu’il faut accélérer les choses. Je suis donc, pour le moment, le plus jeune et dernier en lien avec lui. Je vais redorer l’image des Zokias.
— Pas avec la secte par pitié !
— Non, cela est une infamie ! Tu as confiance en moi ?
Je l’observe heureux d’avoir improvisé avec une telle aisance, les mains dans les poches.
— Il me faudra du temps. Mais je me sens seule aussi, un peu de sang neuf, me fera du bien. Tu as déjà des idées ?
— Il me faudra du temps. Merci de ta confiance. Je t’indiquerais les grandes lignes. Tu peux disposer, j’aimerais rester me recueillir.
— Je suis venu aussi t’annoncer une bonne nouvelle.
— Je t’écoute.
— Paula attend un bébé. Je ne connais pas le sexe, c’est encore trop tôt.
— Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ? Qui sait si ça sera une fille.
— Ton père accaparé mes sens. Et toi ?
— Quoi moi ?!
— Ne te met pas de suite sur la défensive ! Je veux savoir si tu as une copine, enfin, ce n’est pas mes affaires sauf si tu auras une descendance. Pourquoi ce rire ?
— J’ai d’autres plans que de chercher l’âme sœur. Et puis, ton sang est meilleur. Hâte d’en savoir plus sur la grossesse de ta fille.
— Je t’en prie. Bon, puisque je ne suis plus la bienvenue, je rentre chez moi. Je te tiendrais au courant.
Je salut d’un signe de tête. Une fois qu’elle quitté les lieux, mon image renvoie à Zok. Une nouvelle peau d’écaille m’enveloppe. En attendant que cette jeune demoiselle contrôlent les morts, mon métier le fera pour moi.
Sur mon bureau, je note sur mon premier carnet, les esquisses du projet. J’ai envie d’accomplir tant de choses ! Et je risque bien de tout tenter, peut m’importe les échecs, je préserverais, m’améliorerais et pour la première étape, il me faut percer le crâne de Maria.
Une fois que je l’aurais en poche, il me suffira de l’affaiblir et lui insuffler des tests. Elle m’a accordé sa confiance, c’est trop tard. Elle est foutue.
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