Coup de pouce Partie Deux
— J’ai autant de questions à vous posez que vous, je devine non ?
— Bien sûr.
L’entretien est informel, posé dans le salon, je partage mon cigare avec l’ainé, tandis que les deux jeunes, qui semblent un peu idiot, garde leurs précieuses herbes. Ils sont sans voix, devant Azé. Cette dernière nous sert les bières et s’en va.
— Mais…mais…Marta ?
— Ce n’est pas elle Mano ! Réfléchis ! Je crois qu’elle nous en voudrait à mort si c’était le cas !
— De quoi vous parlez bande d’abrutis ?!
William semblera assez dur à manipuler, cependant, je sens qu’il domine déjà la fratrie. Je ne sais pas quand Marta viendra à moi, mais, j’ai un plan qui pourra leur plaire. En attendant, je continue de savourer les échanges avant de le couper net :
— Marta, fait partie de ma famille. Avant de vous en dire plus sur elle, moi et ce que vous allez trouver, Mano et Said, depuis quand vous la connaissez ?
Le premier s’hydrate de la moitié du gosier et le deuxième, fixe ses pieds. S’ils sont musclés, j’ai du mal à voir en eux, de vrais combattant.
— Bé, c’est un cousin à nous, de la même classe. Deux ans de suite qu’ils se côtoient vaguement. Un jour, il nous a demandé s’il pouvait prendre une dose pour une jeune fille, il y moins d’un an. J’avais dit, évite l’échange là-bas et donne lui plus un rendez-vous.
— Hum…pourquoi elle fume ?
— Perte d’une amie, je crois, pas pigé. Mano, a zappé de nous dire qu’on a déplacé le deal vers chez elle, ça sentait le roussi.
— On s’en fiche maintenant. Si vous voulez bosser pour moi, plus de ça.
— Cette fille, nous emmène ici pour soi-disant être puissant, tuer pour un Dieu. Qui êtes-vous ? Quelles sont vos garantis ? Vos preuves ?
Je sors des articles sur Zokias en Argentine. William les lit à l’oral tout en me regardant surpris. Il repose le tout pour boire aussi.
— Quelqu’un de recherché est intéressant. Cependant, c’est quoi cette histoire de cœur ?
— Vous qui prenez plus la parole, il faut savoir que mon Dieu est Zok, gardien des morts. Une prophétie annonce la venue de l’élue qui va renverser le monde par une armée de morts-vivants. J’ai simplifié mais en gros, j’avais des fidèles volontaires qui acceptaient de tester un cœur artificiel capable de vivre plus de vingt ans, surtout après une maladie. Mon but est clair.
— Et c’est ?
— Je suis Zok sur Terre. Marta est l’élue, je le sais point. En attendant qu’elle vienne à moi, j’ai besoin d’une nouvelle aventure ici avec, sans doute, vous trois. Le but, c’est qu’elle m’accepte son rôle et qu’on l’accompagne dans une vaste purge de l’ombre, en emmenant nos futurs soldats robots au chao.
— D’accord sauf que nous, enfin, mes frangins, sont de simples dealer. Personne n’a tué.
— Vous aurez la charge de recruter les cobayes.
— Et vous ? Enfin, comment on va les convaincre ?
— Le moment venu, vous aurez oubliés tout mon mode de fonctionnement. En attendant, je suis comme un médium, un don rare dans ma famille. C’est comme ça, que dès que j’ai vu bébé la petite, son avenir était tracé. Bref, si vous bossez avec moi, c’est Maître. Vous voulez des garantis ? Ici, c’est chez moi, je vis sous un autre nom pour le courrier. Ici, les Zokias sont dans une nouvelle phase, celle que j’attendais enfin. Et merci à Azé, enfin la sosie de Marta. Vous voulez m’aidez ?
— On peut discuter deux minutes ?
J’acquiesce et d’un signe, ils vont dans le couloir. Décidemment, je n’arrivais jamais à cerner les deux muets. Ils ne semblent pas prêt à me suivre hors ce sont eux, qu’ils me donneront plus accès à mon emprise.
— On accepte Monsieur enfin Maître.
Mano annonce la couleur, plus souriant comme Said dont William, le contraint à le faire avec une tape dans le dos. Je les invite à revenir.
— Bon, qu’est-ce qui vous a convaincu ? De revoir la jolie ou bien de contribuer au désastre de ce monde ? Tout en jouant probablement des rôles le moment où elle sera ici ?
— Tous ça Monsieur. En effet, William est comme un père depuis la mort de nos parents. Errer à fumer des joints, prendre du bon temps avec une mignonne sans savoir quoi faire de notre vie. On a aucune assurance que votre projet fonctionne, cependant, on aimerait enfin, faire parti d’un groupe criminel, de l’ombre comme la Mafia. On est prêt à apprendre, à jouer s’il le faut des idiots, car ça voit, vous le voyez. Malgré nos peu d’études, l’ainé nous force à nous cultiver sans cesse, faire de la muscu….
— Je crois qu’il a compris Mano.
— Merci Said, j’ai parfaitement saisi. Seul, c’est difficile, à plusieurs c’est mieux. En revanche, comme il y a une parfaite confiance, attendez-vous à des secrets de fabrications, des pertes de mémoires. J’annonce pour une deuxième fois, plus cash, ce don est particulier, plus hypnotique. Vous verrez, qu’au-delà de vos missions, je devrais vous suivre, pénétrer vos crânes. Ce n’est pas du flicage, je serais là, si vous arrivez à m’entendre, pour vous donnez des conseils, des ordres à distance.
— Et là première mission ?
— Vous remplacerez Azé, dès demain, photos, vidéos et même info que votre cousin sur tout ce qu’elle fait. Qui elle voit, son état. Profitez de soirée avec elle par exemple. Restez comme vous êtes. Ensuite, j’ai vu qu’elle va rentrer dans trois ou quatre ans, à l’Académie des Arts de la Scène de Carmen Arranz, enfin, quelque chose comme ça. On continuera à la traquer jusqu’à qu’elle soit malade.
— Malade ?
— Vers la fin de son cursus, je crois, son cœur va flancher. Greffe obligatoire et phase deux enclenché. Enfin en amont, je pense, un travail de mise en relation avec Zok et sa grand-mère, sera déclenché. Oui, sa vieille avait une connexion. Je m’occupe de celle là pour qu’elle parle de son rôle d’élue. Tout cela est hypothétique, tout dépendra de nombreux facteurs. La suite ? Elle sera donc ici et vous irez enfin, chercher des fidèles. Des questions ?
— Non, pas pour le moment. Ça fait déjà énorme à digérer ! On va rentrer et commencer à préparer les jours prochains. Mes frères ? On y go ?
— J’avais des questions moi !
— Mano, moi aussi, mais il a raison, chaque chose en son temps.
— Précision, dès demain, disons, vingt-heure, bilan avec preuves si possible. Je vous laisse partir, bonne soirée. N’oubliez pas de fermer la porte.
C’est à mon tour de filer en allant voir Azé qui m’appelle. Au loin, j’entend la lourde porte se claquer.
— J’ai entendu tu sais.
— Je sais.
— Je vais faire quoi moi ?
— Reste à ta place.
Un baiser sur son front pendant qu’elle lit un livre dans sa chambre, la rassure un peu. Une fois bien fermé à clé, je m’isole comme souvent dans mon bureau, checker mon carnet de note. J’espère qu’ils ne vont jamais me décevoir. Je compte sur eux, m’ayant éloigné de mon ancien dernier ami fournisseur.
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