En marche
J'ai passé quelques temps isolée dans ma chambre,
Appuyant sur la plaie à l'en faire saigner,
Dormant, pleurant, priant sans allumer la lampe
Ni laisser le repos apaisant me gagner.
Plus tard j'ai eu envie d'évaporer mes larmes
A la brise de juin, de les confier au ciel,
Dans quelque lieu désert où la fierté désarme,
Où le cœur libéré se repaît d'essentiel.
J'ai porté son absence aux cailloux du chemin,
Je l'ai dite aux oiseaux qui chantaient sous les feuilles,
J'ai bercé de mes pas ce grand vide inhumain,
Supplié le printemps de repeupler mon deuil.
J'ai croisé le sourire enfin, de mes semblables,
Il a mis comme un baume à mes yeux boursoufflés ;
Et j'ai pu à nouveau m'asseoir à une table
Echanger quelques mots sans les avoir ourlés.
Sa voix est de douceur, qui, à la nuit chuchote ;
Elle dit : Je suis bien, un Amour m'attendait ;
Il m'a tendu la main quand j'ai passé la porte,
Si le corps s'abolit, l'Amour ne meurt jamais."
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