La rencontre
Je suis un roi, ou alors un gosse de riche, mais en tout cas quelque chose qui n'allait pas soigner mon narcissisme maladif. A vingt-six ans, je suis beau, et je prends un bain dans une baignoire taillée sur mesure pour mon corps, sirotant un crément divin que j'avais trouvé en fouillant dans un buffet du salon de réception. La nuit avait recouvert notre monde de sa couverture étoilée, et moi je ferme les yeux en me laissant materner par cette eau si chaude et accueillante. Rien ne peut bouleverser ce moment, jusqu'au moment où un bruit me fait sursauter. Je relève mon dos de la baignoire, pour regarder derrière moi. J'ai eu la sensation que quelqu'un avait ouvert la porte. Elle n'avait pas grincée non, c'était comme si elle s'était ouverte dans un calme absolu, où un simple petit courant d'air avait pu éveiller ma conscience. Je tends l'oreille quelques instants, mais rien. Il faut dire que le crément est assez fort, et qu'il me fait tourner la tête. Je pars ainsi du principe que tout ce que j'entendrai désormais, sera le fruit de mon ivresse. J'essaye aussi de me faire à l'idée qu'une demeure aussi grande fait forcément du bruit, et que le moindre craquement dû à la tuyautorie raisonne comme le choeur de l'Armée rouge. Pourtant, j'ai cette sale sensation d'être épiée, regardée. Autant j'aime qu'on se délecte de mon corps, mais uniquement quand je l'ai mis en condition dans cette optique. Sinon, cela s'appelle du voyeurisme, et j'abhorre cela.
Je sors de ma douche, offrant aux parois de la pièce ma carrosserie la plus totale, de mes rondeurs musclées à mon artillerie. Si les murs pouvaient me sucer, nul doute qu'ils le feraient. Certains, excédés de mon temparemment, m'avait suggéré de le faire moi-même, et bien même si c'est un rêve, je n'ai jamais réussi à m'autosatisfaire par voie orale. Mais par contre, je me suis déjà aspergé la figure, et j'ai connu une jouissance ineffable. Et bien sûr, je vous raconte ça, dans ma tenue d'Adam, et voilà que se dresse l'étendard de ma virilité. Je suis sec (en même temps, je suis brûlant d'excitation, donc ça aide) et je me dirige nu vers mon lit qui m'attend pour une inauguration en bonne et due forme. L'air me caresse les jambes, bien qu'un moment, j'ai l'impression d'être vraiment touché au niveau de mon dos, cela me fait presque sursauter.
Le matelas est mouelleux à souhait, les oreillers prennent imméditement la forme de ma tête, les draps sont tellement doux, que lorsque mon postérieur entre en contact avec ces derniers, une violente décharge de douceur m'envahit, et l'acte est inévitable. J'écarte les jambes en exposant même l'entrée de ma cave, j'adore cette position, cela fait ressortir mon côté passif. Dois-je vous cacher cette partie de mon activité intime ? Mais certainement pas ! C'est un beau moment que nous allons partager ensemble. Premièrement, je crache dans ma paume pour en recouvrir l'extrémité de mon mât tendu (c'est pas glamour, mais faut bien humidifier tout ça). Si tout brille convenablement, c'est que le bout est assez mouillé pour éviter tout frottement ou irritation. De ma main libre, je stimule mes cuisses intérieures qui sont une véritable zone érogène chez moi, tandis que j'agite ma virilité en pensant à... A quoi d'ailleurs ? J'opte pour un homme et une femme, dont je les imagine tous deux en train de s'empresser d'avaler goulument mon impudeur, et de presque se battre pour l'avoir. Mais j'avais beau m'imaginer tous les scenarii possibles, c'est seulement la vue de ma virilité si bien dressée devant moi qui me faisait venir au point de non-retour. Je lève alors mon postérieur pour aligner mon édifice vers ma bouche et...
Putain !
Un homme est devant moi, les cheveux blonds et assez longs, et une carrure plutôt imposante. Son apparition s'est faite juste après un bref battement de paupière. Mon élixir vint se jeter contre mon nez et mes yeux, j'avais totalement raté le tir à cause de ce qui se passait. Je ne sais même pas si j'avais juré par peur ou par jouissance, peut-être un peu des deux. Je resserre mes cuisses, et me relève, en essuyant mon visage à l'aide d'un mouchoir.
— C'est bien la première fois que l'on me donne un spectacle aussi plaisant, me déclare l'homme.
— Mais qui êtes vous ? Comment êtes vous entré ?
— Et bien, je suis l'Hôte de ses lieux, le Maître de cette maison. Je suis entré par la porte, mais vous étiez trop... Occupé.
Je regarde en direction de la porte.
— Je ne comprends pas... La porte est pourtant fermée.
— Non en effet, vous ne comprenez guère, quand vous serez plus apte à discuter, rejoignez-moi dans la salle à manger, j'ai une petite faim.
Je cligne des yeux un instant, et voilà que le grand blond a disparu. Je reste un instant pantois, ne sachant pas si j'ai rêvé ou... Ou quoi ? On ne va pas me faire croire qu'il y a vraiment quelqu'un ici. Si ? Je décide quand même de me rhabiller, et de descendre les escaliers, pour m'assurer oui ou non de la réalité que je suis en train de vivre.
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