III - Bienvenue à l'Épi Noir

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« Salut Ben. Bienvenue à l’Épi Noir , je m’appelle Damien, Damien Riknov. Ici c’est moi le messager de l’amour, je suis celui qui associe les âmes désespérées, ainsi elles trouvent le partenaire idéal pour la vie.

  • Cesse ton baratin, Damien, ça prendra pas. »

C’est la rousse qui avait parlé, j’aime son ton autoritaire. Immédiatement, il se soumet à elle et se tait, on se mit à rire Mélanie et moi. Son rire est enjôleur, bref, je dois me faire des amis moi, pas me créer une liste de mes futures conquêtes.

« Excusez le, il a trop baigné dans la mythologie grecque, quand il était petit. Depuis, il croit être le serviteur de Cupidon. Laissez-le dans son délire. Sinon comme le disait Damien, bienvenue à l’Épi Noir Ben. Je m’appelle

  • Chut ! Laissez-moi me concentrer. Hmmmm! Hmmm!!! »

J’hallucine, le mec s’est levé et s'est placé au centre de la cour, en train d’établir une connexion avec le dieu de la romance en personne. On a touché le fond, Mélanie est désespérée, et les autres le sont tout autant.

Quelles autres surprises me réservent l’Épi Noir ? Qui atterrit ici à part les cinglés ? L’ambiance change de mes anciennes écoles, c’est étonnant. Je suis pourtant toujours aussi curieux de découvrir ce qui m’attend.

« Bon Damien, grouille. Morris et Cresson ne vont pas tarder à arriver. presse la jeune rouquine qui n’a pu dire son nom, les bras croisés.

  • Oh ça va Elsa, tais toi. Tu me déconcentre. Ah ça y est la connexion a été établie.
  • Ils ont la 4G au mont Olympe ? »

J’explose de rire en entendant la blague de Mélanie, celle-ci me suit, ainsi qu’Elsa et ses amis. Horreur, la malédiction des prénoms finissant par A, je ne vais pas en tenir compte. Damien semble avoir les informations demandées vu qu’il s’est rassit.

« Bon ! J’ai pu avoir le flash que j’attendais, je vais pouvoir vous révéler qui d’entre vous rencontrera l’âme sœur, et mieux, je sais qui sera son partenaire. C’est pas génial tout ça ? Dites le que je suis génial. Allez y. »

Un silence envahit toute la cour, des têtes se retournent vers notre banc, Elsa se cache gênée, elle semble être habituée aux frasques de cet énergumène. Ce dernier annonce sa prédiction et influencé par la précédente blague de Mélanie, je me lance.

« Ce n’est pas grave, alors les astres ont dit que…

  • Avec tes capacités, les voyants vont tous être au chômage »

Damien s’interrompt, ses amis sont hilares et j’entends à nouveau la joie de la sirène, quel chant mélodieux. Quel imbécile ce mec, se tromper sur le nom de cette nymphe, l’appeler Mélodie au lieu de Mélanie. Le prénom lui irait également. Sauf que cette Mélodie, je la vois blonde, pas brune.

« Mais vous avez bientôt fini de vous moquer de mon art ? Tiens vu que Mossieur Ben fait le malin, je vais lui annoncer ce que je sais à son sujet. »

« Wouah! Ça annonce du lourd. me moquais-je

  • Ben, tu es la réincarnation du mortel Narcisse, j’espère que ta fin sera moins dramatique que de te noyer dans ton reflet, tu croiseras grâce à ta beauté légendaire le chemin d’Écho, une nymphe. Les belles paroles d’Écho te charmeront et feront de toi un homme heureux. Écho se matérialise sous la forme d’une créature du nom de Mélod… Mélanie.
  • JE VAIS LE TUER. »

Les amis d’Elsa, cette dernière et moi-même nous retenions Mélanie qui voulait abattre son poing sur la face du diseur de bonne aventure. Il a encore écorché son prénom, je pense que c’est ça qui l’a irritée, tout comme cette prédiction débile.

« Calme toi Mélanie. Ce n’est qu’un voyant de pacotille, mais sa prédiction est poétique je trouve. » fis-je pour la rassurer

« Poétique ? C’est normal que tu trouves ça poétique, tu n’es pas le premier à tomber dans ses filets. S'étonna Elsa

  • Dans ses filets ? Tu veux dire dans son numéro de voyance improvisé ?
  • Ouais. Et non.
  • Bon! Moi je vais y aller, je pense. » s’exclame Mélanie furieuse

Je la vois s’éloigner, elle ne va pas me laisser avec ce timbré. Je me précipite vers elle et l’attrape d’une poignée ferme pour la ramener vers moi, c’était amusant comme spectacle, je veux connaître la suite. Mélanie tente de se débattre mais se laisse finalement faire. À contre cœur, la revoilà en train d’écouter les bobards du blondinet.

« Alors Écho s’échappe ? Tu as perdu ta voix, belle nymphe ? Nargue Damien.

  • Silence. Laisse la tranquille, tu embêtes tout le monde avec tes délires d’oracle. Tu ne m’as même pas laissée me présenter, t’agis vraiment comme un gamin. S’emporta Elsa
  • OK OK ! Bah présente toi, Miss je suis pas contente.

« L’effet est raté mais bon. Je m’appelle Elsa. Elsa Green. Bienvenue à l’Épi Noir.»

Ça doit être bizarre d’avoir un nom de couleur, elle doit souffrir en cours d’anglais si le prof fait une blague, Elsa Vert est-elle présente ? Après, son nom lui donne un petit côté américain. C’est classe.

« T’es contente ? Tu as eu ton petit effet ? Moi j’ai pas fini ma prédiction, maintenant au tour de Magali et Rudolph.

  • EH! Damien, tu n’as même pas fait la LDUA, c’est une honte. Ce rituel on le fait depuis des générations à l’Épi Noir. Alors au lieu de nous parler de ta vision débile, viens avec moi, on va montrer à Ben et à Mélanie ce que c’est.
  • Je crains le pire. M’exclamais-je alors que Mélanie riait nerveusement.

La fameuse LDUA commença donc par un entrechoquement respectif de nos poings, la tradition veut que les sexes opposés ne se mélangent pas. Damien cogna donc ses poings contre les miens, et inversement, de même pour Elsa et Mélanie. Puis mon bras fut emporté par le garçon qui colla le sien, nos deux manches de sweat-shirt se collèrent, c’est moins romantique qu’avec une fille.

Mélanie elle semble s’amuser avec Elsa, elles recommencèrent l’accolade quatre fois d’affilée, Damien retira son bras assez tardivement et nos regards se croisèrent. Ses yeux verts semblent me décrypter de l’intérieur, ils sont intimidants mais moins que ceux de Barbara.

L’adolescent passe pour mon plus grand malheur à mon analyseur personnel, mais son regard me fixe toujours, ce qui me procure un sentiment de dégoût. Son âge ne dépasse pas les seize ans, il semblerait que seule Barbara soit plus âgée et grande que nous. À moins que ce ne soit la faute de ses talons.

Ses cheveux blonds tombent sur son front, ils sont longs avec une mèche rebelle. Sa peau est plus bronzée que la mienne, le cliché de l’ado surfeur californien avec le dérèglement neuronal en plus. Les traits de son visage ovale sont fins et doux.

Les lèvres pulpeuses de Damien veulent me faire passer un message, que je refuse sans réfléchir, il sort sa langue et joue avec. Elsa voyant ça lui donne un coup de coude dans les côtes. Je la remercie en pensées pouvant me concentrer sur le reste de son corps.

Son pendentif illustre bien sa personnalité. Une chaîne dorée retenant un coeur en bronze, il est à fond dans ses délires d’amour ce gars. Son torse est couvert par un sweat-shirt noir qui contraste avec le personnage. Encore des serpents, je vais en faire une overdose.

Ocres et entrelacés, une épée rouge tombant leur tranche la tête. Sympa comme motif. Il a aussi un long jean noir qui descend jusqu'à ses chevilles et porte des baskets montantes noires aux lacets jaunes.

Les teintes sont en corrélation. Je n’ai rien à dire. Les gens d’ici savent s’habiller, leur style est différent, c’est cool. J’apprends beaucoup de l'humain en regardant la manière dont il se vêtit, cela me fascine.

Qu’est-ce qu’il fait ? Il vient de m’attraper le poignet et de relever sa manche, d’un geste brusque je me recule sans crier gare. Il aime bien le contact de ma peau, ce petit coquin. Il peut bien rêver s’il s'imagine un truc entre nous deux.

« Arrête. Tu fais quoi ? Demandais-je perdu.

  • Regarde mon tatouage, il te plaît ? C’est un vrai, tu crois ? » m’encourage t-il à le toucher.

Mais je ne vais pas toucher un mec, même si c’est pour vérifier l’authenticité de son tatouage. Les filles m’encouragent, rah la la, qu’est-ce qu’on ne fait pas pour prouver aux filles, notre masculinité.

Je me laisse donc faire, Damien récupère mon poignet, s’amuse à le tenir dans sa main pendant quelques instants et le pose délicatement sur son bras droit. Il descend ma main et me force à ouvrir mes doigts. Yes ! Je caresse la peau d’un garçon, y a autre chose de bizarre dans cette journée, ou j’ai atteint le compte ?

« Bah! Chais pas, il me paraît vrai. »

Ma curiosité s’échappe et mon analyseur reprend sa fonction, j’ai zappé quelques éléments de l’animal, le dit tatouage et le bracelet qu’il a au même bras. Le marquage est noir et représente une épée, le rouge s'y invite de nouveau en symbolisant le manche sanglant. L’autre accessoire est en cuir avec un fermoir d’acier. Fin. Merci l’analyseur, tu peux faire une pause. Je te rappellerais quand j'étudierais Elsa.

« OK! Merci mec, t’es génial. Je t’aime déjà! Haha! »

Je ris pour cacher mon inquiétude, il n’est pas très observateur pour un voyant, je ne suis pas dupe de ses tentatives, il ne me plaît pas. Les garçons ne m'intéressent pas, il devra s'y résoudre.

« Bon les gars, c’est pas qu’on s’ennuie, mais vos embrassades relèvent du privé. » s’exclame Mélanie déçue d’être à l’écart.

Damien arrêta son numéro de charme et la conversation reprit.

« Allez! Je lance un sujet: Depuis combien de temps êtes vous à l’Épi Noir. Une personne au hasard. Hum! Tiens, toi Katia. » demande Elsa

  • « 3 ans et demi.
  • OK! Damien ?
  • Depuis que je te connais, et bien avant la fête chez toi où j’ai rencontré Ju…
  • Bref ! J'aurais pas dû te demander, t’es toujours perché. Allez. Ben, tu es arrivé à quelle heure ce matin ?
  • Alors je crois que c’était neuf heures, mais je ne suis pas sûr.
  • A toi Mélanie. Continue t-elle.
  • Vers les 8h il me semble ».

« Elsa! Tu es pensionnaire depuis combien de temps ? demandais-je

  • J’aurais aimé que ce soit moins, mais ça fait aussi trois ans. Eh oui, je supporte ce débile depuis trois ans, il y a des fois où j’ai envie de me pendre. Haha !
  • C’est comment la vie ici ?
  • Hormis les accolades étranges, j’ai eu du mal à m’habituer à mon premier LDUA, ça se passe plutôt bien. Anecdote pour vous cultiver, l’accolade à laquelle vous avez eu droit se nomme « Le Début d’Une Amitié » ou en abrégé LDUA, elle a été créée par le pensionnat pour renforcer les liens entre les élèves. Mais certains comme Miss Givre ne la font pas.
  • Comme c’est étrange. » se moque Mélanie

« Ouais. Bah j’ai pas eu le droit à cette accolade moi, j’ai eu un cocktail de remontrances

  • C’est normal aussi, tu m’as arraché mon casque des oreilles, je t’ai accueilli avec ma patience éternelle. Haha ! »
  • Vous vous entendez bien tous les deux, peut-être est-ce le début… Remarque Elsa.
  • D’une amitié ? Répondis-je avec Mélanie en choeur
  • Et bah voilà, vous voyez ? Vous êtes déjà sur la même longueur d’ondes, c’est prometteur. Affirme la belle rouquine
  • Si je peux rajouter un truc, compléter les phrases d’une autre personne ou penser à la même chose qu’elle, c’est un signe d’amour.
  • La ferme Damien ! » répliquais-je avec Mélanie

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