Chapitre 12

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Je déteste la nuit quand Max n’est pas là, et cette nuit Max est en mission…

Avec son groupe, ils vont pirater le système de gestion du réseau électrique de la ville et couper le courant le plus longtemps possible. Pendant ce temps d'autres mèneront des attaques sur différentes cibles. Il n'a pas voulu m'en dire plus et encore moins que je l'accompagne !

Pourtant, malgré l'angoisse, j'ai fini par m'endormir.

Un bruit terrible me réveille en sursaut !

Max a réussi : la lumière que j'avais laissée allumée ne fonctionne pas mais le jour se léve et il fait déjà clair.

Quelque part, à l'écart des circuits classiques de réflexion, mon cerveau a analysé la situation : Max s'est fait prendre et la police débarque dans l'appartement.

J'attrape mon arme quand le soldat défonce la porte de la chambre d'un coup de pied et braque son fusil d'assaut sur moi. Cagoulé, tout en noir, en me voyant à moitié nue, il a une seconde d'hésitation qu'il n'aurait pas eue si j'avais été un homme. Alors c'est moi qui tire la première.

Il ne s'effondre pas en arrière, les bras en croix en poussant un râle d'agonie, comme dans les films.

Il s’écroule comme un château de cartes, comme une marionnette à laquelle on aurait coupé tous les fils en même temps, à laquelle, j'aurais coupé tous les fils…

Il a tiré aussi. J’ai senti le souffle de la balle qui est allée se ficher dans le mur derrière moi.

Les autres vont arriver. Ils vont être sans pitié. Je glisse dernière le lit, dérisoire protection, mon pistolet braqué vers la porte …

Rien.

Le silence après le fracas de la fusillade.

J'attends l'assaut.

Un silence terrifiant.

-Léa ?! Léa !

C'est Marthe qui appelle…

Ils l’ont prise en otage ? Ils veulent me faire sortir ?

-Léa ?

-Oui...

-Léa, tu vas bien ?

-Oui…

-Il m’a frappée le salaud !

-Tu vas bien ?

-Je saigne…

-Tu es seule ?

-Oui…

-Ou sont les autres ?

-Qui ?

-Les soldats.

-Il était seul…Viens m’aider…

Je m’avance vers la porte, mon arme toujours braquée vers la porte ouverte. J’enjambe le cadavre du soldat…

Dehors, les oiseaux piaillent, le jour se lève…

Marthe est allongée dans le séjour. Elle a le visage en sang. Je balaye la pièce du regard et de mon arme. Il n'y a personne d'autre.

Je n’y comprends rien…

-Viens m’aider à m’asseoir.

Je ne sais pas quoi faire du flingue. Je le pose par terre à côté d’elle. Je la prends par les épaules et je la traîne jusqu’à son fauteuil. Elle a l’arcade sourcilière éclatée. Ça saigne beaucoup mais ce n’est pas très grave. Peut-être qui si, à son âge…

Elle voit l’arme.

- Tu l’as tué ?

- Oui

- Il t’aurait tuée sinon…

- Oui… Pourquoi est-ce qu’il est seul ?

- En 45 il aurait été avec les salauds qui m’ont tondue…

Je ne sais pas si c’est le choc qui la fait délirer ou si elle est en train de me révéler un secret de famille…

- Pourtant, toutes les informations qu’il m’a confié sur l’oreiller, j’en ai fait profiter la résistance…Pas toutes… Pas celles qui auraient pu le mettre en danger à lui… Parce que je l’aimais. S’il m’avait demandé de le suivre en Allemagne, je l’aurais fait… Mais il est parti sans me dire au revoir… Et je me suis retrouvée toutes seule face à ces connards… Y’a eu personne pour prendre ma défense. Même ceux qui savaient, dans la résistance… On pouvait pas être au milieux… Aimer son pays et un allemand, c’était pas possible.

Il faut que tu partes.

Va chercher la boite à sucre. La grande, celle qui est dans le placard.

- Je…

- Fais ce que je te dis.

Elle vide la boite à même le sol. Au fond, dans un sachet il y a des billets cachés.

- Tiens c’est pour vous, Moi je n’en aurais pas besoin… C’est des Euros ; Il y en a 5000. Je les ai changés à la banque quand on a abandonné le Franc. Je pensais qu’ils me poseraient des questions, mais non…

Laisse moi le revolver. Je dirais que c’est moi qui l’ai tué…

Il faut que tu partes maintenant…

Elle a raison… Je me tourne vers la porte d’entrée.

- Va t’habiller d’abord, tu ne peux pas sortir comme ça !

Je crois qu’elle n’a jamais été aussi lucide, depuis que je la connais !

Il faut que je retourne dans la chambre. J’enjambe à nouveau le cadavre. Ses lunettes de combats ont glissé. Il me fixe de son regard sans vie pendant que je m’habille.

Mon dieu, ce regard…

J’étouffe un cri ou un sanglot, je ne sais pas.

Je viens de comprendre. Ce soldat isolé… Il ne venait pas m’arrêter. Il venait régler une affaire très personnelle !

J’ai tué Hugo !

Je ressors en pleurant.

Je pose l’arme sur les genoux de Marthe.

Elle me caresse la joue et m’embrasse.

- Prend soin de Maxime, c’est un brave garçon. Sauve-toi maintenant. Si tu ne l’avais pas tué, c’est lui qui t’aurait tué… Faites attention à vous ! C’est la guerre !

Je balbutie un vague merci et je sors en courant. Je dévale les escaliers. J’ai envie de hurler.

Je me retrouve dans la rue. Le froid du petit matin me saisit. Je me reprends.

Il faut que je trouve Maxime avant qu’il ne rentre à l’appartement !

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