Chapitre 13

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Je suis quasiment née avec un téléphone dans la main et je me rends compte que je n’ai aucun moyen de contacter Maxime. Nous n’avons prévu aucun plan pour nous retrouver dans une situation comme celle-là.

Grace à mes expéditions en ville, je la connaît par cœur, mais je ne sais même pas où aller.

La boulangerie ? Il n’a aucune raison d’y être, à part si c’est le QG de son groupe.

La voiture ? Il finira bien par y aller un jour s'il ne me retrouve pas.

Je peux partir à Paris seule ! S’il veut me retrouver, il sait où et quand… J’ai du pognon, rien ne m’empêche de partir maintenant !

Je peux aussi rentrer chez Papy et Mamie… Attendre que cette putain de guerre qui n’est pas la mienne soit finie !!

J’en ai rien à foutre, après tout. Si la démocratie fonctionnait, les gens n’auraient pas envie de la détruire ! Et qui sait, ce qui repoussera sur les ruines sera peut-être meilleur ?

Ce n’est pas mon combat ! C’est Max qui voulait se battre ! Et de toute façon, il ne veut pas que je me batte avec lui !

Les larmes brouillent mes yeux.

Inconsciemment, je me dirige vers la voiture. Je n’ai même pas les clés ! J’ai juste pris ce putain de téléphone et le deuxième flingue !

Il faut que je retourne à l’appartement. Je ne peux pas laisser Maxime tomber dans la gueule du loup ! Je dois le retrouver avant qu’il rentre !

Je fais demi-tour.

Il faut que je me calme. Je respire l’air à plein poumon. Une fois, deux fois, trois fois…

Je suis légèrement euphorique, la tête qui tourne comme si j’avais trop bu…

Je m’assieds sur le trottoir et je me remets à pleurer, sans me retenir, à grosses larmes.

Je ne vois même pas la voiture de police qui s’arrête à ma hauteur.

  • Tout va bien mademoiselle ?
  • Non, visiblement, quelque chose ne va pas…
  • Si... non… je... j’ai perdu mon chat… Il s’appelle Mistral… Un chat de gouttière, tigré, avec un collier, il n’est pas rentré de la nuit…
  • On vous le ramènera, s’il a un collier… Ne restez pas là, c’est dangereux. Vous voulez qu’on vous ramène ?
  • Non… Non, j’habite juste là… Ça ira, merci…

Je me lève et je me dirige vers la première porte venue.

  • Je suis certain qu’il va revenir, ne vous inquiétez pas.
  • J’espère… Merci… Au revoir.

J’entends la voiture démarrer. Je fais encore quelques pas et je me retourne. Ils sont partis. Une chose est sûre, il ne faut pas que je reste là.

Je reviens vers l’appartement.

Du bout de la rue, je vois l’agitation au pied de l’immeuble : des voitures de police, gyrophare allumé, une ambulance, un camion de pompier. Je ne peux pas aller plus loin.

Cet homme avec un sweat à capuche relevée sur la tête qui s’en éloigne et vient vers moi, Je le reconnaît et mon coeur bondit dans ma poitrine: Max, enfin ! En me voyant, prête à m’élancer vers lui, il sort sa main de sa poche et agite discrètement son index devant lui en signe de " non ". Je m’immobilise. Il porte l’index devant sa bouche : "chut"

Il passe à ma hauteur sans me regarder et chuchote, suffisamment fort pour que je l’entende :

  • Dans une heure, à la boulangerie !

C’est insupportable ! Le bonheur de l’avoir retrouvé… Et je le laisse s’éloigner en faisant mine de ne pas le connaître. J’ai le sentiment que c’est la dernière fois que je le vois. Je vais me remettre à pleurer. J’ai tellement besoin de lui, là, maintenant, tout de suite !!

Je fais encore quelques pas vers l’immeuble et je prends la rue à droite. Pourquoi dans une heure, la boulangerie est à cinq minutes d’ici ?

Je m’éloigne le plus vite possible, en essayant de ne pas avoir l’air de fuir.

J'ai marché sans m’arrêter. A quelques pas derrière moi, le fantôme ensanglanté d’Hugo m'a suivi en silence.

Je m'approche de la boulangerie. Je ne sais pas si je suis en retard ou en avance. Je n'ai pas pensé à regarder l'heure.

J'entends le bruit d'une voiture derrière moi. Encore une patrouille ? J'hésite à me retourner.

Un coup d'œil en coin. Maxime a récupéré la voiture de papy !

Je m'engouffre dans l'auto. Je veux lui sauter au cou. Il me repousse doucement.

  • Tout à l'heure.

Il redémarre. Il avance les yeux rivés sur le rétroviseur, change plusieurs fois de direction au dernier moment, fait des tours de rond points. Il veut être sûr qu'on ne nous suive pas. Nous sortons de la ville. Longtemps après, il s'arrête et me prend enfin dans ses bras.

Je lui raconte tout, sans rien cacher de ma relation avec Hugo.

Je pleure comme une petite fille.

  • Et tu crois qu'il venait te faire une demande en mariage ? Si tu ne l'avais pas tué, c'est lui qui t'aurait tué ! Tu veux que je te raconte ce qu'il t'aurait fait avant ?! S'il t'avait tuée, c'est moi qui l'aurais tué. Et il aurait mis très longtemps à mourir parce que je le lui aurais fait payer très cher !

Je pleure longtemps dans ses bras. Et il me garde longtemps dans ses bras après que j'ai arrêté de pleurer.

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