Chapitre 35 : Sernos, de nos jours (3/3)
Vespef disparut un bref instant sous l’eau.
— Quel est le plan ? demanda Aster, je suppose qu’il y a une stratégie pour faire passer toutes nos demandes.
— La séduction est une arme terrible. Nous allons éblouir le roi. Il faudra qu’il ne soit pas capable d’aligner deux pensées cohérentes dès que son regard se posera sur l’une de nous quatre.
— Deirane doit pouvoir faire plus que nous.
— Excellente remarque Saalyn. Deirane, ta particularité est ton tatouage. Tu devras le mettre bien en évidence.
— J’ai trente ans, rétorqua Deirane en lançant un regard plein de reproches à son amie, je doute que le roi veuille voir une vieille peau telle que moi alors qu’il a tant de jeunesses autour de lui.
— Menjir est plus âgé que toi. Et tu es une très belle femme, il te trouvera très à son goût.
— Je préfère ne pas prendre le risque et m’habiller comme il convient pour une femme de mon âge. Ce tatouage m’a gâché la vie, je ne veux pas l’exhiber si je n’y suis pas forcée.
Vespef n’insista pas. De toute évidence le sujet restait toujours sensible malgré le temps écoulé. Sans compter que, Deirane n’ayant rien à tirer du roi, c’était beaucoup lui demander que d’aller contre sa volonté.
— Saalyn ?
Le ton était désabusé, comme si elle doutait de la coopération de la stoltzin.
— Avec un bras en écharpe et des cicatrices encore visibles sur le ventre, les choix sont limités, répondit la guerrière libre. Un décolleté vertigineux et une robe courte, je ne pourrai faire plus.
— On s’en contentera. Vous êtes dures en affaire toutes les trois. Vous avez un potentiel immense que vous refusez d’utiliser. Avec trois personnes telles que vous, je pourrais conquérir le monde entier sans combattre.
— Si tant est que les pays conquis soient dirigés par des hommes, remarqua Saalyn.
— Et pour vous qu’avez-vous prévu ? demanda Aster. À côté de vous, on a l’air de chats mouillés. Il y a là du potentiel pour reprendre vos propres paroles.
— Je suis l’impératrice de l’Helaria. Je ne peux pas me permettre cela.
L’arrogance des paroles de la pentarque étaient démenties par son sourire. Elle envisageait sérieusement d’utiliser sa beauté contre le roi d’Yrian. Malgré cette évidence, Saalyn ne put s’empêcher de fournir une explication.
— Elle ne monnaye plus ses charmes depuis la guerre contre les royaumes gems, expliqua Saalyn.
— Il n’y a pas de royaume gems, remarqua Hester.
— Il n’y a plus de royaume gems, rétorqua Saalyn, les feythas les ont rayés de la carte. Par contre, par le passé, ils étaient nombreux et puissants. Une faible population que leur magie compensait largement. Ils ont failli prendre le contrôle du monde. C’est pendant une de leurs guerres que Calen a perdu la vue.
— Gonrak accepte de mettre mini-pagne, intervint le bawck, pour séduire roi d’Yrian.
Tout le monde éclata de rire.
— Merci, dit Vespef, j’y penserai.
— Vous ne ressemblez pas vraiment aux bawcks installés près de mon royaume, remarqua Aster.
— Pour des missions dans les royaumes humains, on n’envoie pas n’importe qui, expliqua Deirane. Et la plupart sont assez intelligents pris dans leur domaine de compétence. Après tout, ce sont les bawcks qui ont la maîtrise la plus approfondie de la forge.
— Inutile de les défendre, intervint Vespef, ça fait plusieurs siècles que je fréquente les bawcks. Je connais leur valeur.
— De toute façon, intervint Hester, nous n’avons pas nos affaires avec nous. Nous devrons porter ce que le roi d’Yrian nous donnera.
— C’est pas faux, répondit Vespef. Nous verrons alors si Menjir a bon goût.
Aster ramena la discussion sur son sujet initial.
— Savoir comment on s’habille est bon. Et notre stratégie ?
— Elle me semble élémentaire. Je commence, car j’aurai la pilule la plus dure à faire passer. En comparaison, vos demandes lui sembleront raisonnables. Deirane ensuite traitera pour les bawcks. Si elle réussit, la route pour Fraker sera de nouveau bloquée. Cette adhésion à la confédération Yriani qui semble te causer tant de chagrin sera alors inutile.
— Ça me convient parfaitement, dit Aster.
— Pour les détails, je fais confiance à vos talents respectifs.
— Tu penses y arriver ? demanda Saalyn à Deirane.
— Je pense, répondit-elle.
— J’ai pleinement confiance en Deirane, dit Vespef.
— Je suppose que tu as des renseignements que je n’ai pas, conclut-elle.
— Encore heureux, j’aurais l’air de quoi en tant que pentarque autrement ?
Vespef s’immergea totalement dans l’eau. Le conseil de guerre était fini. Au bout de quelques stersihons, Aster et Hester commencèrent à s’affoler. Comme ni les Helariaseny, ni Deirane ne semblaient inquiets, ils ne bronchèrent pas.
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