Chapitre 4 : Guerriers et mensonges

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  Fort de mes deux précédents succès, j’errai pendant quelques jours à la recherche d’un nouveau défi. Je n’avais pas encore de problème financier grâce aux cascades et aux épreuves sportives. Les habitants avaient insisté pour que j’empoche une somme en guise de récompense pour le succès de mon idée.

J’observais la profondeur de l’espace, assis devant mon tableau de bord, songeur à la prochaine direction. Et pourquoi choisir ? Je décidai donc de laisser le hasard trancher et Descendance alla vers la planète de sa désignation.

Ce fut une décision un peu folle, car un obstacle non visible sur ma carte vint rapidement se présenter. Il s’agissait d’une mer d’astéroïdes. Réagissant au plus vite, les propulseurs s’activèrent et m’en firent sortir en direction de la planète la plus proche. Des dégâts importants étaient apparus au milieu des rochers flottants. Il me fallait réparer tout ça. La destination était toute trouvée en cette planète proche nommée Sanand.

  Je me posai avec difficultés dans le spatioport. Je m’enquerrai rapidement auprès des locaux, d’étranges petits extraterrestres fins avec une peau particulière. Celle-ci semblait fripée et repliée sur elle-même. Heureusement, ils parlaient la langue universelle. Après examen, il me fallait un nouvel aileron pour la voilure gauche de Descendance. On m’indiqua un marchand à l’extrémité de la ville. Je me dirigeai sans attendre et sans demander plus d’indications.

Ce n’est qu’une fois arrivé à l’emplacement approprié que je me rendis compte de mon erreur. J’aurais dû exiger des explications plus précises. Ce quartier industriel était vaste, et les locaux semblaient regarder les étrangers tels que moi avec un œil particulièrement agressif. Heureusement, j’étais muni d’une arme à feu et une épée télescopique. Mon canon comportait huit cartouches, donc chacune suffisait à percer un véhicule. Le fer pouvait être déployé aussitôt et était aussi solide qu’une lame en acier. J’ai constaté que son tranchant était bien entretenu, car j’avais l’intention de m’en servir souvent. Depuis que ce projet d’aventures avait germé en moi, il n’était pas passé plus d’un jour sans que je ne m’entraine à leur maniement.

Je n’avais pas peur des regards que me jetaient les gens que je croisais. Je savais que nous étions proches de commerces. Ils ne m’aimaient peut-être guère, mais ils ne détestaient pas l’argent que je pouvais apporter à leur entreprise. Cherchant ma direction, je choisis de la demander à un vieillard assis en tailleur dans le coin d’un bâtiment.

« Honorable monsieur, je recherche les ateliers de voilure. Pourriez-vous m’en indiquer l’orientation ? »

Il ne crut pas bon de répondre. Son regard semblait de plus en plus hostile à chaque mot que je prononçais. Je craignais qu’il m’attaque, mais il a plutôt dirigé un de ses bras vers une allée. Sans ajouter d’autres termes, il ne me considéra plus et reprit ses occupations.

Cette scène m’avait paru très étrange, mais finalement j’avais eu ce que je souhaitais. Tout en le saluant, je repris ma route. Je marchai de longues minutes sans voir aucun atelier apparaitre. Je commençais à me demander si je ne devais pas rebrousser chemin quand j’arrivai à une place. Je m’engageai dans celle-ci. À peine étais-je passé l’entrée qu’autour de moi apparut toute une bande de guerriers locaux armés avec des tenues rouge-cramoisi. Ils me bloquèrent rapidement l’entrée d’où je provenais ainsi que toutes les issues possibles.

J’analysai immédiatement la situation. J’aurais dû prévoir de tels évènements. Je n’avais pas réalisé que cette planète était le repaire des Bandits cramoisis, un groupe notoire connu pour le pillage et les combats. Ils vendaient leurs services au plus offrant et étaient à la solde d’un certain conglomérat galactique. Cette place devait leur servir de rassemblement. Le vieillard m’a induit en erreur en me dirigeant vers ce piège. Mais l’heure n’était pas à la rancune. Ce qu’il me fallait, c’était de la rapidité et de la précision.

À leurs regards et l’absence de dialogue, il m’apparut évident que ma vie allait finir rapidement. D’un coup d’œil bref, j’analysai les alentours. La chance voulut que je visse une citerne d’essence dans un coin de la place. Je fis feu sans crier gare vers cette citerne qui explosa. Elle projeta des flammes sur le sol aux alentours et une épaisse fumée noire envahit la scène. Je me précipitai dans la direction d’où je venais en distribuant des coups d’épée.

La stupeur de l’action et ma ténacité les avaient pris par surprise. Je pus donc regagner le spatioport, sans avoir revu le vieillard qui semblait s’être volatilisé.

Me voyant revenir couvert de suie et transpirant, on me posa des questions. Les locaux furent choqués et terriblement agacés par la situation. Certes, les étrangers n’étaient pas appréciés, mais un minimum d’hospitalité leur était dû. On m’offrit les réparations en guise de pardon. On me demanda de leur indiquer où j’avais vu le vieillard. Je n’ai pas répondu à cette question, car je pense que ma propre négligence a contribué à ma mésaventure. Mais mon instinct me dit qu’ils avaient tout de même réussi à le retrouver et qu’il avait dû passer un mauvais moment.

  De retour dans mon vaisseau, en orbite de Sanand, deux constats m’apparurent clairement.

Le premier était que je ne pouvais continuer seul mes aventures. Si des échauffourées devaient se représenter comme celle-ci, je n’aurais sans doute pas autant de chance la fois d’après. Il me fallait surtout des personnes de confiance avec des compétences que je ne possédais pas. J’ai une base solide de navigation et de mécanique, mais des professionnels semblaient impératifs pour la bonne suite de ce voyage. Ma prochaine priorité devra être de trouver ces deux membres d’équipages.

J’ai réalisé quelque chose en lisant des informations sur les Bandits cramoisis. Des rumeurs circulaient sur l’existence d’un large et violent conglomérat à travers la galaxie. Ce n’est sans doute pas la dernière fois que je croisais sa route. J’avais entendu parler d’un être nommé Gers’Ealto. Je le soupçonnais d’être derrière ce désagrément qui m’était arrivé aujourd’hui. Je n’avais aucune preuve, mais je sentais son influence sur ma vie. C’était là un sentiment étrange que celui d’une présence obscure sur votre chemin. J’ai eu l’impression que ce criminel avait pu être impliqué dans mes problèmes avec les bandits. Il devait être à l’origine du vieillard. Je ne sais comment, il avait appris mon existence. Peut-être que ma réputation allait plus vite que je ne l’aurais imaginé.

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