À la mi-septembre, une grande agitation gagnait la splendide ville de Broix, deuxième plus grande agglomération du pays derrière la capitale. Les quartiers en aval du fleuve voyaient alors leurs rues, ruelles et passages se noircir de jeunes gens qui rythmaient la vie des habitants, autrement dit des étudiants. Lorsqu’ils étaient présents, le taux d’activité de la préfecture, des commissariats, des hôpitaux et des casernes de pompier doublait. Le marché de l’immobilier s’emballait. Les producteurs d’alcools voyaient leurs actions exploser en bourse tandis que des personnalités en tous genre passaient par la ville chaque semaine pour transmettre aux nouvelles générations. Bref, tout ici changeait à la fin de l’été, et jamais une rentrée étudiante ne ressemblait à une autre.

Malgré cette calamité annuelle, la ville de Broix tenait toujours fièrement debout. Il n’y avait pas de secret derrière tant de résilience ; cette cité avait beaucoup d’expérience puisqu’elle connut récemment sa huit-centième rentrée. La faculté de Broix, aujourd’hui un vaste campus, appartenait au cercle des plus anciennes universités du continent. Elle avait transmis tous les savoirs de chaque époque. Chaque édifice, chaque annexe, chaque rue, mobilier ou arbre vous narrerait d’avantages d’anecdotes que tous vos grands-parents réunis. A tel point que des non-étudiants, principalement des locaux, aimaient se perdre ici. Entre les éternels facultés en pierre et les audacieux nouveaux locaux des grandes écoles, à s’émerveiller devant le vaste complexe sportif, à contempler les nombreux manoirs un peu à l’écart ou encore se ressourcer dans un immense parc offrant une multitude d’ambiances paysagères. Bien entendu, cet endroit attirait des milliers d’étudiants des quatre coins du globe, tous à la recherche d’excellence et de garanties. Ainsi que d’un cadre d’apprentissage unique au monde.

Parmi eux, une colocation qui valait le détour : quatre amis, trois jeunes hommes et une jeune femme, parvinrent au mois de mai de cette année à triompher des sélections réputées particulièrement ardues de la faculté. Logiquement, ils décidèrent de débuter cette nouvelle aventure ensemble, tel un nouveau chapitre de leur histoire commune. Chaque membre du groupe s’était déjà entendu dire à minima qu’il était « bizarre », « étrange » ou plus vulgairement « trop chelou, putain… ». Chacun se démarquait un peu à sa manière, l’un d’entre eux un peu plus que les trois autres cependant.