Chapitre 1 - 4

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Donatien partit assez tôt, de quoi se laisser du temps pour observer le voisinage et le campus sur son trajet. Les quatre amis n’étaient arrivés qu’hier soir, ne leur laissant pas le temps de voir quoique ce fût de Broix. Au grand dam du jeune homme, émerveillé par les nombreuses images et vidéos magnifiant les plus beaux points d’intérêt de la ville. Pour l’instant, la découverte débutait doucement. La coloc se trouvant dans un quartier résidentiel dense et sans trop d’histoire, compensé par un calme et un cadre de vie semblant supérieur à ce que le jeune homme avait toujours connu dans la capitale. Broix paraissait plus modeste en comparaison, mais infiniment plus agréable, accueillant et humain. Telles furent les premières impressions de Donatien.

Dix petites minutes de marche séparaient la coloc du campus. Une situation privilégiée par rapport aux trente minutes de train de banlieue du temps du lycée pensait le jeune homme. Il ignorait à quel point un campus pouvait être étendu, obligeant les étudiant à rajouter jusqu’à quinze minutes de marche supplémentaire pour parvenir à leur bâtiment. Non, Donatien demeurait encore loin de cette déplaisante découverte. Seul l’émerveillement face au monstre d’histoire que représentait le corps de garde du bâtiment principal du campus occupait son esprit actuellement. L’austérité de la façade en pierre de l’entrée et des ailes adjacentes de cette dernière n’entamait en rien la puissance se dégageant de ce si vieil édifice, au contraire. Une beauté, de celle qui naissait de l’expérience et du caractère, ressortait à mesure que l’on observait ces trois bâtiments parfaitement agencés ensemble. A terme, l’observateur ne ressentait qu’une envie : voir ce que ces murs pouvaient bien dissimuler derrière eux. Donatiens franchit l’ancienne herse, découvrant alors le cœur de la vieille université, qui offrait un spectacle infiniment plus captivant que celui du corps de garde.

Un immense cloître, certainement le plus vaste du pays, accueillait tous ceux rentrant dans l’ancienne université. En son centre, une fontaine imposante apaisait les premières années déjà présents par le cliquetis régulier de ses jets d’eau. Le jeune homme détailla alors la statue au milieu des cascades avec curiosité, devinant une scène où un homme héroïsé parvenait à terrasser seul un dragon à coup d’épée. Une fois l’analyse achevée, le regard de Donatien se perdit, ne sachant à quel élément du cadre qui s’offrait à lui méritait une attention particulière. Pour lui, tout ici avait un intérêt. Que ce fussent les colonnes, leurs arcs brisés et le rythme qu’elles généraient par leur nombre et régularité. L’entretient de la pelouse qui s’étendait sur tout le sol non couvert du cloître, laissant toute la végétation s'épanouir à sa guise. Les jeux d’ombres et de lumière si particuliers à cette enclave de nature vaste mais cerné par de hauts et massif bâtiments de pierre. L’alternance des volumes et des creux travaillaient les rayons du soleil pour le plus grand plaisir des yeux. Ou encore de la perspective grandiose vers ce qui semblait être le bâtiment principal du campus, dissimulant vainement une cathédrale, de celles qui cherchaient à tutoyer les cieux dans un style gothique des plus sophistiqués.

Perdu dans cette association d’immuable et d’impermanent, le mouvement pressé et stressé des étudiants présents ramena le jeune homme à la réalité de sa vie. Malgré son départ en avance, il risquait désormais un retard bien embarrassant, surtout pour les gens comme lui qui n’aimaient pas l’attention négative. Heureusement pour lui, la faculté d’histoire ne se trouvait pas bien loin. A vrai dire, Donatien n’avait qu’à marcher jusqu’à l’autre bout du cloître et emprunter l’arcade juste à droite. Le bâtiment qu’il recherchait devenait visible car situé de l’autre côté de la cour sur laquelle donnait le passage couvert. Le jeune homme découvrit à son arrivée un édifice se déployant à l’horizontal, quand bien même quatre étages s’élevaient bien à vingt-cinq mètres de haut. Grâce à de hautes fenêtres, encore en vitraux pour certaines, et une toiture raide qui devait dissimuler une ossature en bois monstrueuse, une impression de verticalité contrebalançait la première impression de Donatien.

Ce qui rendait véritablement remarquable cette faculté parmi l’ensemble des bâtiments en pierre de l’université, c’était l’expressivité de ses deux longues façades. Loin de l’austérité de ses voisines, la faculté d’histoire se retrouvait parée d’un grand nombre d’ornement, gothiques eux aussi et similaires à ceux de la cathédrale. Des contreforts élégants, taillés, élancés et lançant leurs petites flèches vers les cieux ajoutaient du charme, ainsi qu’un caractère religieux inattendu pour ce genre d’édifice. Même la pierre utilisée semblait différente, du moins elle paraissait mieux résister au passage du temps que celle de la plupart des ailes de la vieille université.

Donatien se précipita au pas de course vers son nouveau lieu d’apprentissage, regrettant de ne pouvoir observer tous les détails composant cette façade. Sa préoccupation première désormais se trouvait dans la quête de l’amphi principal. Après un coup d’œil sur le plan de la faculté, le jeune homme ressenti beaucoup de soulagement en constatant qu’il se trouvait juste en face de l’entrée principal. Mais il déchanta rapidement en y pénétrant. Certes, il pourrait se vanter devant ses amis de jouir des plus beaux locaux du pays. Entre de l’architecture gothique totalement restaurés et le neuf d’un mobilier en bois si bien travaillés qu’un artisan et un designer semblaient derrière tout cela, cet amphi donnait tout simplement envie de venir en cours.

Toutefois, Donatien tomba surtout sur un immense espace rempli à ras bord d’étudiants comme lui. Il semblait être condamné à devoir s’asseoir sur les marches et à se faire tout petit pour éviter d’attirer trop l’attention. Avant de se résoudre à un tel destin, le jeune homme analysa l’amphi en quête d’une place libre. Après une bonne minute, la libération. Une place libre, au premier rang. Donatien s’y dirigea rapidement et sans un bruit, se fondant dans le brouhaha des quelques quatre cents premières années réunis en cette rentrée universitaire.

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