Chapitre 3 - 2

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La faculté des sciences de l’environnement appartenait aux disciplines nouvelles s’étant récemment installées sur le campus. Ce qui signifiait deux choses : d’une elle se retrouvait excentrée par rapport à l’entrée principale ; de deux, elle bénéficiait de locaux à en faire baver tous les autres étudiants. Donatien, en arrivant, devinait rapidement sa destination grâce à la description sommaire d’Eddy, « un grand bâtiment avec des arbres à l’intérieur et des balcons/terrasses à tous les étages ». Le jeune homme n’avait rien compris à la première lecture, mais voir le bâtiment concerné répondit à toutes ses questions. Il se dressait devant lui un bâtiment de six étages auquel se trouvait greffé une sorte de serre, ou plutôt une grande enveloppe de verre. Un mur fin et transparent qui laissait à voir ce qu’Eddy décrivait dans son message. « Forêt » était le premier mot venant à l’esprit de Donatien. Pour cause, deux trois arbres, encore jeunes certes, étaient planté à l’intérieur de cette boite en verre, mais pas seulement. Des dizaines de piliers en bois, massifs et robuste mais à l’aspect fin et élégant, constituaient l’ossature de ce bâtiment. À cela s’ajoutait, comme le décrivait Eddy, des planchers assez larges pour installer des bureaux, des tables, des chaises et toutes sortes de mobilier à tous les étages, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la cloche en verre.

En pénétrant dans cet espace, le jeune homme compris comment tous ces éléments s’agençaient. Une réelle impression de pénétrer dans une forêt enchantée le gagnait. Les planchers, semblables à des balcons, donnaient l’impression de former un parcours dans des arbres, représentés par les piliers de bois massifs. Ces derniers étaient couverts de monde, statique ou en mouvement. Donatien compris en quelques secondes l’enthousiasme d’Eddy à l’inviter, lui et ses amis, à visiter sa fac. Sous ses yeux s’épanouissait un véritable microcosme.

- DODOOO ! Ici !

Pendant que Donatien se retrouvait à rester immobile, le regard complètement perdu et émerveillé, Eddy le trouva aisément depuis sa position et l’interpella comme il savait si bien le faire. Donatien avait tant l’habitude de se faire crier dessus par son ami presque tous les matins depuis cinq ans qu’il ne s’étonnait plus d’être reçu aussi rudement. Le jeune homme rejoignit de ce pas Eddy, se débrouillant à travers un dédale d’escaliers et de coursives avant d’atteindre son ami, qui n’était pas seul. Une jeune fille l’accompagnait.

Donatien reconnu immédiatement Aube, la dernière arrivée dans le groupe. Elle n’avait fréquenté la bande qu’au début du lycée, là où Dodo, Ben et Eddy s’étaient rencontré au collège. Vu de l’extérieur, on pourrait se demander comment et surtout pourquoi une jeune femme aussi charmante se retrouvait à passer le plus clair de son temps avec ces trois garçons. Elle pouvait se lier d’amitié avec n’importe qui d’autre après tout. Pour trouver une réponse à cette question, il fallait se renseigner auprès de ceux qui eurent l’occasion de lui parler un peu. Ils affirmeraient tous la même chose : cette jeune femme est singulière. En réalité, elle n’était pas moins différente des autres que le reste de la bande, mais elle parvenait à paraître « normal ». Donatien, qui avait remarqué cette différence entre elle et eux, était persuadé que sa beauté subtile et unique expliquait l’indulgence des gens envers elle. Ses grandes boucles noires, la rondeur de son visage, le vert tirant sur le jaune de ses yeux, son nez méditerranéen et ses lèvres charnues avaient en tout cas su charmer complètement le jeune homme. Et pas que lui. Nombre de jeune homme s’étaient risqué à tenter de plaire, à défauts de la séduire, sans le moindre succès pour qui que ce fût. Beaucoup de théories d’hommes éconduits ou tout simplement ignorés avaient émergé durant le lycée, passant à côté d’une explication simple, mais douloureuse pour les malheureux : Aube ne s’intéressait aux choses de l’amour. Une incompréhension qui la poussa vers le groupe des trois garçons qui, quand bien même eux aussi avaient espéré monts et merveilles, surtout Donatien, avaient accepté le tempérament de la jeune femme. Une belle amitié naquit entre les quatre lycéens, au point de les avoir amenés jusqu’ici, sur l’un des sommets du pays.

Ben semblait retenu dans sa fac de cinéma, ce que l’intéressé confirma peu de temps après la réunion de Dodo, Eddy et Aube sur la messagerie du groupe. Les trois amis s’installèrent sans attendre leur dernier camarade, à l’extérieur, pour commencer à se remplir l’estomac et surtout discuter de leur rentrée respective. Le plus grand prit rapidement la parole. Étant à domicile, quoi de plus normal qu’il ouvrit le bal.

- On a commencé un peu en retard parce qu’on devait attendre le doyen pour qu’il nous fasse son discours. Je vous avoue que son blabla de cinq minutes m’a donné envie de le gifler. Nous faire autant poiroter pour ça franchement…

- Eheh, je l’ai eu en premier !

Donatien était amusé par cette anecdote. Encore davantage lorsque Aube prit la parole

- Attend, c’est ta faute si j’ai dû attendre le doyen aussi longtemps !?

- Ma faute… j’suis qu’un étudiant hein. Vous allez dire aussi que c’est ma faute si ma fac est parmi les plus proche de son bureau et que c’est peut-être pour ça qu’il est passé chez moi en premier ?

- Bah techniquement oui… tu savais parfaitement qu’en choisissant histoire tu serais à côté des bureaux de la fac. T’as fait ce choix en connaissance de cause, avoue !

- J’suis pas tordu comme toi Eddy…

- Tu l’es encore plus que lui. Pourtant il a du niveau… réplica innocemment Aube

- Vous allez pas commencer vous deux… et puis Aube, t’es vraiment plus intéressé par ma persécution que par la tête des prof d’Eddy ?

- Hm…. Ouais t’as raison.

Ce genre de scènes se produisaient presque quotidiennement depuis presque trois ans. Ben n’y participait que rarement, compte tenu de sa nature placide. Cela concernait surtout Eddy, Aube et Dodo. Aube à cause de sa nature taquine. Eddy parce qu’il était un adorateur d’humour absurde, au point de ne pouvoir s’empêcher de sortir des répliques complétements aléatoires, mais qui on ne savait pourquoi tapaient toujours juste. Et Donatien car il avait réalisé qu’il était bien plus à l’aise à balancer des vannes et des répliques cinglantes qu’à parler honnêtement de ce qu’il pensait et ressentait. Lui et Aube communiquaient très souvent ainsi durant les trois quarts de leur temps passé au lycée, car seul moyen pour le jeune homme de discuter avec une fille qui l’intimidait beaucoup et qui de surcroit en était lentement tombé amoureux. Même si le malaise qu’éprouvait Donatien avec ses amis, et surtout avec son amie, s’était dissipé, cette habitude demeurait.

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