Chapitre 8 - 1 : Recherches et découvertes

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Après cette déclaration d’amitié, pas grand-chose ne changea vraiment, excepté l’aisance des deux étudiants qui s’était considérablement renforcée. Au point que désormais une première barrière s’était écroulée entre eux, leur permettant de se parler plus librement de ce qu’il pouvait traverser leurs esprits tous deux fertiles. Cela pouvait aller de classer les nuages selon les interprétations de Donatien à tenter de deviner la destination d’un emballage négligemment jeté au sol et balloté par les courants d’airs urbains pour Émilie.

Une fois leur repas achevé, il ne restait que peu de temps avant la reprise des cours. Sans toutefois se presser, les deux amis se levèrent après avoir réglé la note et se mirent tranquillement en route vers la fac d’histoire. Au plus haut, le soleil enveloppait Broix d’une chaleur tendre, sans trop en faire, comme cela pouvait souvent arriver entre juin et août. Ce genre de temps embellissait l’humeur du jeune homme, bien plus amateur d’été que d’hiver. Contrairement à d’habitude, il marchait à une cadence assez lente, au point qu’Émilie pouvait le narguer, malgré une paire de jambe presque deux fois plus courte comparée à celle de son grand camarade.

- Tu sais, je vais finir par partir sans toi. Je ne veux pas être en retard.

- T’oserais pas.

- Tu crois ?

La jeune femme sourit, malicieusement, pour répondre à celui d’un Donatien qui la défiait clairement. Après un moment de flottement où les deux amis ne se quittaient pas du regard, Émilie accéléra subitement son rythme de marche, courant presque. Malheureusement pour elle, les grands pas du jeune homme lui permirent d’aisément la rattraper. Un peu boudeuse, elle marmonna.

- C’est pas juste d’être grand comme ça…

Rigolant bien, ils arrivèrent vite à la fac. Donatien suivait alors une Émilie sachant ou se diriger pour leur premier cours magistral de l’année, soit dans un des amphis du rez-de-chaussée. Mises à part ses dimensions plus modestes, cet endroit ressemblait presque à l’identique au grand amphi d’hier. Seuls la peinture du plafond et les figures abstraites des vitraux restaurés différaient réellement et capable de donner une identité propre à cette salle si semblable à ses sœurs.

Rien de quoi entamer les récentes habitudes des deux étudiants, qui se dirigèrent naturellement vers le premier rang, sans s’installer au milieu de la rangée de sièges non plus. Émilie se plaçait toujours un peu de côté dans ce genre d’endroit. Donatien lui ne faisait que de l’accompagner, il n’accordait pas vraiment d’importance à ce genre de détail.

Concernant le cours magistral, d’histoire ancienne pour le lundi, il avait au moins le mérite de susciter l’envie chez les étudiants de plonger dans le vif des sujets qui allaient être abordés les prochaines semaines. Là demeurait sa seule qualité, puisqu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Doublé d’un professeur dont la capacité à captiver un auditoire semblait égale à l’état de sa chevelure ravagée par la calvitie, il était difficile pour les étudiants de ne pas feindre l’intérêt pour ce cours mais de se trouver mentalement ailleurs. Pour Donatien, il se voyait déjà à bosser le TD avec sa voisine après ce passionnant cours d’histoire ne traitant pas vraiment d’histoire. Il se demandait de temps à autre si Émilie parvenait à s’intéresser à ce qu’il se passait ou si elle aussi laissait vagabonder son esprit un peu partout.

Après ce qui semblait être une éternité, le cours s’acheva avec un peu d’avance. Une aubaine pour les jeunes gens assistant à cette « démonstration », leur permettant d’enfin se relâcher et de discuter de comment terminer cette première journée du semestre. Pour Donatien et Émilie, le problème se posait différemment : il ne s’agissait de « quoi ? », mais « d’où ? ». Les deux amis s’accordèrent pour monter d’un étage afin de chercher un coin à peu près tranquille pour pouvoir s’entendre parler et ne pas être dérangé, mais le plan s’arrêtait là. Une fois arrivé dans la vaste nef, la quête d’exploration des deux partenaires de TD débuta. Tandis que Donatien regardait en l’air, Émilie scrutait les salles du rez-de-chaussée. Au bout d’une dizaine de minute, le jeune homme débusqua deux poufs et une table basse dans un des recoins du premier étage. Informant sans attendre sa camarade de sa découverte, les deux amis se hâtèrent, lentement, pour ne pas paraître pour des fous dès leur premier jour vers cet objectif. Heureusement pour eux, la fac demeurait encore peu peuplée après les premières journées de cours. Ils n’eurent pas à se battre avec d’autres groupes ni à bousculer qui que ce fût. Les deux amis s’installèrent tranquillement dans les confortables poufs, tellement que le jeune homme se laissa aller à rêvasser un peu en contemplant le très haut plafond de la nef, parsemée de coursives, balcons et salles ouvertes des étages supérieurs. Il était tant subjugué par cet endroit qu’il ne pouvait se retenir de chuchoter un :

- Wow… vraiment ouf cet endroit…

- Hein, comment ça ?

- Ben… regarde autour de toi et dis-toi que t’es à l’école.

- Hm…

Malgré son incompréhension apparente, la jeune femme s’exécuta et contempla l’espace autour d’elle. Après une bonne minute de silence, elle répondit à la remarque du jeune homme.

- Je crois que je vois ce que tu voulais dire. Mais je ne pense pas ressentir les choses comme toi ?

- Ah bon ?

- Disons que… je suis moins sensible que toi à ce genre de chose je pense.

Donatien s’en voulait un peu d’avoir instauré ce malaise. Sentiment partagé avec de la perplexité, puisqu’il n’imaginait pas un instant que son amie réagirait ainsi. Il se rappela ensuite qu’ils ne se connaissaient que depuis à peine vingt-quatre heures et qu’il risquait de se faire beaucoup de fausses idées sur sa camarade. Mais pas le temps pour lui de s’abandonner à ses sombres songes, puisqu’Émilie passa rapidement à autre chose.

- Bon, commençons ! Il nous faut un sujet avant la tombée de la nuit !

Donatien tourna presque par réflexe sa tête vers la fenêtre la plus proche, afin d’estimer à partir de la hauteur du soleil le temps imparti. Il remarqua ensuite que son amie avait fait de même, avant de deviner qu’elle avait agi exactement comme lui. Retrouvant leur complicité de ce midi, les deux partenaires se reconcentrèrent. Donatien prit l’initiative de parler en premier.

- Bon, commençons déjà par trouver une période historique qui nous convienne à tous les deux.

- C’est bon pour moi, j’aime tout !

- Rien que t’aimes plus que d’autre ?

- Nan, j’aime tout le monde pareil.

- Moi aussi. On fait comment ?

- Menteur.

Elle avait raison à propos de Donatien. Ce dernier se demanda alors si sa camarade l’avait percé à jour ou si elle souhaitait juste l’embêter et lui laisser la responsabilité de choisir le sujet. La jeune femme répondit rapidement à ce questionnement existentiel.

- Je sens une âme de décisionnaire en toi Dodo, guide-nous.

- Vraiment ?

- Oui oui. Après tout, tu as décidé de tout aujourd’hui non ?

- Pas du choix du resto.

- Parce que tu m’avais accordé la faveur. Je ne fais que de te la rendre.

- Rusé…

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