Chapitre 9 : Débrief
Arrivant finalement à la coloc, Donatien vu son intuition confirmée : il était bien rentré le dernier. De toute façon ses colocataires comptaient bien lui faire remarquer son « retard ».
- Voilà le délinquant qui revient à la maison ! S’exclama Eddy.
- Tu sais qu’on s’inquiétait pour toi petit ingrat ! Reprit une Aube qui poussait le vice à tenter d’imiter sa mère, sans vraiment de réussite.
- Eh ça va, c’est bon ! Excusez-moi d’avoir une vie…
- C’est justement ça qui nous inquiète Dodo. Surenchérit Ben.
Le jeune homme soupirait de dépit avant de se diriger vers le salon, là où se trouvait ses trois amis. Il savait qu’il allait être cuisiné par ces derniers sur sa journée à rallonge.
- Bon, qu’est-ce que vous voulez savoir ?
- Tout ! S’exclamèrent à l’unisson Eddy et Aube.
- On va commencer par ce qui t’a retenu si longtemps hein.
L’intervention de Ben calma tout le monde, au point que Donatien le remercia intérieurement de retenir les ardeurs de ses deux autres amis avides d’informations. Surtout que la question se révéla bien pratique, puisque dans le fond, le jeune homme n’avait pas grand-chose à raconter en dehors de son amitié avec Émilie.
- Vous vous souvenez d’Émilie ?
- Comme si c’était hier.
Donatien se força à ne pas rire à la réplique d’Eddy
- C’était pour être sûr… bref, aujourd’hui on est devenu amis et à priori on va faire tous les TD du semestre ensemble. Et on a bossé après les cours, d’où mon retour tardif.
Un petit silence suivit le court récit du jeune homme. Il n’eut cependant pas le temps d’analyser la situation puisqu’Aube brisa la glace qui venait tout juste de se former.
- Je sais ce qui est le plus incroyable entre le fait que t’ai réussi à te faire UNE amie en seulement vingt-quatre heures ou le fait que t’ai fait des heures sup.
- Après être avec une jolie fille ça doit aider, hein… ? Ironisa Eddy.
- À ce propos, je crois que tu nous dis pas tout Dodo. Quand bien même t’aurais bossé après les cours, on est qu’à la première journée du semestre. Normalement t’as pas besoin de passer plus d’une heure pour tes « devoirs ». T’as bien passé une autre heure à rien faire dans ton histoire. Intervint Ben
- Bah peut-être que j’ai passé deux heures après les cours à bosser, t’en sais rien. Et puis t’étais pas cessé m’aider à me défendre contre ces deux charognards toi ?
- Non. Et puis moi aussi je veux tout savoir.
- Et tu pourras jamais nous faire avaler que t’as bossé deux heures après les cours. Rajouta Eddy.
- Ça risque de vous décevoir les gens, mais on a juste papoté.
- C’est déjà bien tu sais. Réplica Aube
- C’est tout ?
- Bah on s’attendait pas à ce que tu la demande en mariage le lendemain de votre rencontre quoi. Expliqua Eddy
- Nan mais pourquoi tout ce cirque juste pour ça.
- Tu nous aurais rien dit si on avait rien fait.
- Hm… Pas faux.
Une fois Donatien cuisiné à point, ce fut le tour des autres. À commencer par Aube.
- Vous vous souvenez de la chimie orga au lycée ?
- Ouais, c’était trop facile. Se souvint Eddy
- Nan, c’est infect. Et tout le reste ça fait peur. Pourquoi j’ai choisi de faire de la chimie ? Je vais me planter c’est sûr…
- Bah vois le positif, au moins tu vas pousser. Comme un arbre. Suggéra Donatien.
- La ferme toi !
Le jeune homme, ainsi que ses deux autres amis, se marrèrent bien au dépend de cette pauvre Aube. Mais tous savaient pertinemment qu’au fond elle s’en sortirait. Haut la main qui plus est. La jeune femme arrivait toujours d’une manière ou d’une autre à se tirer de n’importe quelle situation périlleuse. Beaucoup y voyait une sorte de protection divine, mais ses trois amis la connaissaient bien et avait compris que cela n’avait rien à voir avec Dieu. Aube paniquait facilement, mais elle trouvait toujours en elle les ressources pour se dépatouiller des choucroutes dans lesquelles elle pataugeait parfois. Aucuns des garçons ne parvenait à comprendre comment elle s’y prenait, elle-même ne devait pas y voir plus clair non plus, mais tous admiraient profondément leur amie pour cela, surtout Donatien.
Après que le jeune homme eut reçu des coups de coussins bien mérités, Eddy prit la parole pour raconter ce qui lui était arrivé. Le fait qu’il ne parvenait que difficilement à contenir son enthousiasme retint l’attention de tous.
- On va zapper ma journée de cours, c’est pas intéressant. C’est ce qui s’est passé ce midi qui compte. Vous vous souvenez d’Ana ?
- Comme si c’était hier oui. Réplica Donatien du tac au tac.
- Ça va, c’était au cas où vous auriez trop bu et que vous auriez tout oublié… bref, bah elle est vraiment venue me voir à mon école ce midi.
- Trop bien en vrai, il s’est passé quoi ensuite ? Demanda Ben
- On a papoté.
- C’est tout ? Réplica Donatien.
- C’est déjà pas mal.
Donatien feignait l’agacement. Dans le fond il s’amusait autant que ses amis et il lui arrivait parfois de tourmenter ses colocataires. Aujourd’hui c’était son tour de se « défendre », demain ce serait un autre membre du groupe. Cela se décidait tacitement au gré des circonstances. Il ne restait plus que Ben, qui abrégea :
- Moi… On a regardé un film de quatre heures puis on devait en discuter durant le reste de la journée. Il y a trois personnes qui se sont barré avant la fin du film et durant la discussion, j’ai identifié un dépressif, un obsédé sexuel et un crypto-fasciste. Des questions ?
- T’es devenu pote avec eux ? Demanda Donatien.
- C’est plutôt eux qu’ils veulent devenir potes avec moi je dirais.
- Ça ressemble au début d’une blague affreuse mais super drôle. Fit remarquer Aube.
- Je suis bien parti pour l’écrire pour être honnête.
- Tiens-nous au courant. Je veux me marrer. Conclut Eddy.
Ainsi s’acheva le débrief de cette première journée. Cette réunion ne dura pas si longtemps que cela, compte tenu du peu d’événements s’étant déroulé. Rapidement, le quotidien et son lot d’obligations occupa les quatre amis. Ils s’accordèrent à envoyer Ben et Aube aux commissions pour acheter ce qu’il manquait encore tandis que Donatien et Eddy s’occupaient du repas de ce soir. Tout se déroula sans accrocs et la colocation pu profiter de sa première soirée au calme dans leur nouveau chez eux. Contrairement à hier soir, ils décidèrent de se coucher tôt, afin de s’éviter un lendemain difficile.
Donatien gagna sa chambre sur les coups de vingt et une heure, devenant le couche-tôt de la coloc pour ce soir. Les journées d’hier et d’aujourd’hui l’épuisèrent pas mal mine de rien. Il s’allongea tranquillement sur son lit après sa toilette du soir, s’occupant sur son téléphone en attendant que la fatigue ne l’assomme. Ce qui arriva vers vingt-deux heures. Il trouva vite le sommeil une fois les paupières fermées, aidé par l’impatience de l’arrivée du lendemain.
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