Chapitre 11 - 1 : Balade

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Les deux amis engloutirent rapidement leur repas. Suffisamment vite pour avoir les mains libres aux abords de l’école de paysagisme, en lisière du campus. Le jeune homme avait guidé son amie sur le même chemin que lui et la bande il y avait deux jours, passant devant les mêmes bâtiments qui commençaient à devenir familiers pour Donatien. Émilie toutefois ne connaissait pas cette partie de l’université et prit donc le temps d’observer les alentours, ralentissant de facto le rythme de marche du duo. Devant les cultures de l’école de paysagisme, la jeune femme s’amusait à reconnaitre toutes les pousses et plantation présentes, avec une précision qui impressionnait un Donatien pourtant érudit.

- En plus de parler aux animaux tu parles aux plantes ?

- À quoi bon, elles ne répondent pas…

- Donc tu as essayé un jour.

- Pas toi ?

- Bon c’est vrai…

Le jeune homme souriait doucement, continuant de regarder son amie totalement absorbée par l’études des dizaines de plants de fruits et légumes différents. Il songeait que si elle savait siffler aux animaux, il ne devrait pas autant s’étonner de sa connaissance des plantes, surtout celles offrant de quoi se nourrir. Le jeune homme vérifia tout de même par précaution l’heure sur son téléphone, le temps n’allait manifestement par s’opposer à leur balade. Le mardi, les cours de l’après-midi reprenaient assez tard, laissant assez de temps pour se détendre après le déjeuner. Ce qui arrangeait bien les deux amis, dont l’une profitait pour découvrir son nouvel environnement sous l’œil tendre et bienveillant de l’autre.

Une fois le tour du potager effectué, Émilie rejoignit son ami pour pénétrer dans le bois juste en face d’eux. La seconde fois possédait le défaut de presque toujours être moins magique que la première, mais pas de quoi entamer l’émerveillement du jeune homme face à ce sentier hors du monde. Il retournait de temps en temps sa tête vers son amie pour jauger sa réaction. À en juger par son regard se perdant vers la canopée de ce bois dense et son air attentif, cet endroit semblait avoir su susciter l’intérêt de la jeune femme. Beaucoup plus qu’il n’y paraissait.

- Il y a beaucoup d’animaux ici, c’est impressionnant.

- Ah bon, tant que ça ? Demanda un Donatien curieux et un peu décontenancé.

- Oui, j’ai vu plusieurs lièvres, des écureuils, deux chats, un renard et même un chevreuil au loin.

- Euh… comment t’as fait pour voir tout ça ?

- T’en fait pas, c’est normal d’avoir du mal quand on a pas l’habitude de bien observer autour de soi. Mais dès que t’arrive à débusquer certains animaux, tu parviens à les détecter facilement par la suite. Regarde

Émilie attira l’attention du jeune homme vers une toute petite clairière remplie de petits rochers. Cependant, en observant avec davantage de calme et d’attention, le jeune homme se rendit compte qu’il voyait en réalité des lièvres, lorsqu’un de ces « cailloux » se mit à sauter vers la gauche. Donatien réalisa alors la portée des propos de son amie, en se rendant compte à partir de ce simple exemple qu’il ne savait tout simplement pas regarder autour de lui. Du moins pas aussi bien qu’il ne le pensait. Grisé par la découverte de ce nouveau monde, il se mit à imiter sa camarade en se perdant parmi le branchage dense de ce bois. Armé de sa nouvelle perspective, il remarqua un grand nombre de choses qu’il n’avait vu jusque-là qu’en photographie ou en image. Tout ce que voyait son amie et qui jusqu’à demeurait invisible pour lui se dévoila petit à petit. Le jeune homme, bien parti pour passer la journée dans les bois du campus pour débusquer toutes les espèces animales présentes ici, fut interrompu par une Émilie ne perdant pas le nord.

- Tiens regarde, ça devrait t’intéresser.

- Hm…ah oui !

La jeune femme lui fit remarquer la présence de quelques hirondelles au-dessus de leurs têtes. Le jeune homme se rappela immédiatement la raison pour laquelle il se trouvait au milieu de ce sentier avec son amie. Redevenu impatient après sa parenthèse d’observateur attentif de la nature, Donatien chuchota à sa camarade.

- Tu penses pouvoir les attirer ici ?

- Je vais déjà essayer d’attirer leur attention. C’est déjà pas simple. Ne fait pas de bruit.

Obéissant sans broncher à l’ordre de son amie, le jeune homme plongea dans un état à mi-chemin entre l’excitation d’un enfant la veille d’un Noël très attendu et la tension d’un étudiant le jour de l’annonce des résultats du concours de sa vie, le regard tourné vers Émilie. Puis il suivit les gestes de la main droite de la jeune femme, fasciné. Non pas par le fait de glisser des doigts dans sa bouche pour produire un sifflement puissant, Donatien savait déjà que ce genre de technique était commun, mais par la façon particulière qu’Emilie s’y prenait. Seuls son index et son annulaire se retrouvaient piégés entre ses lèvres. Son majeur lui, demeurait bien dressé et son l’extrémité était posée sur le bout de son nez concave. À peine le jeune homme comprit que les doigts de la jeune femme formaient une sorte de sifflet que la mélodie qui en sortit l’envouta immédiatement, en plus de littéralement le scotcher sur place. Il entendait un véritable gazouillement d’un petit oiseau, très similaires à ceux qu’il pouvait entendre lorsqu’il se levait tôt le matin. Ce n’était pas aussi enchanteur que des vrais, mais la performance demeurait plus qu’impressionnante pour lui, à peine capable de siffloter sans ses doigts. Les hirondelles ne répondirent pas à l’appel d’Emilie, mais ils daignèrent tout de même tourner leur tête vers elle. Après une petite minute, le groupe d’oiseau s’envola vers d’autres contrés plus méridionales. La jeune femme se tourna alors vers son ami et conclut l’expérience en ces termes.

- Savoir siffler est une chose. Communiquer en est une autre.

- C’est profond.

Son léger sourire pouvait prêter à croire que le jeune homme ironisait, mais il ne riait qu’à moitié. L’envie de méditer sur les mots d’Emilie le prit, mais il se décida à réserver son moment de réflexion pour plus tard. Pour l’instant, il préférait profiter de ce milieu de journée avec son amie. Cette dernière offrit un sourire tendre à la réponse de Donatien.

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