Petit mot
Je sens ce petit mot dans ma main, je ne l'ai pas lâché depuis que je suis partie de chez moi. Il est un peu froissé mais je m'en fiche, je ne cesse de tourner la phrase écrite dessus dans ma tête : ich liebe dich. Je ne voulais pas écrire je t'aime en français, c'était trop facile et pas assez original pour moi. Je me devais de l’écrire dans la langue qu'il avait choisi d’apprendre en cette année de 5e : l'allemand. Mon prof d'italien arrive en avance comme d'habitude, en parlant avec la prof d'allemand, tout les deux, ils font la cible des rumeurs propagée par les élèves. Une personne rit derrière moi, je me tourne, c'est lui. Je le sais en plus, il a une voix très grave. Nous montons, il est juste derrière moi, je l'entends parler à son meilleur ami. Le cours d'italien passe bien trop lentement à mon gout, quand la sonnerie résonne, je saute presque de ma chaise. Je n'ai même pas eu le temps de noter les devoirs. Tant pis, je les demanderai à quelqu'un. Il est encore dans la salle, il ne reste que lui, il est en train noter les devoirs écrits au tableau en face de lui. Je rentre, la prof d’allemand me regarde avec étonnement mais ne dit rien. Il a finit de noter et va se lever pour partir quand il s’aperçoit de ma présence, il me demande :
— Salut Violette, il y a un problème ?
— Je peux te parler ?
— Oui, bien sur mais pas trop longtemps, sinon on va arriver en retard en perm'.
Je sors le petit mot froissé de ma poche et je le lui donne. Il l'ouvre et lit ce qu'il y a écrit. Il lève la tête vers moi et me dit d'une voix rempli de sarcasmes :
— Tu crois vraiment que je suis amoureux de toi ? T'es conne ou quoi ? T'es moche et on se connait même pas.
— C'est faux, on se connait, on a parlé pendant des mois ensemble, l'année dernière. Sur les réseaux.
— Je m'en fiche ! il rit et ajoute, de toute façon t'es qu'une intello.
Il déchire le papier en mille morceaux qu'il me jette à la figure. Je sens les larmes couler le long de mes joues. Je cours, je sors de la salle. Je vais jusqu'à la salle de perm' avec lui derrière moi, je le sais, j’entends le bruit de ses pas. Comme on arrive en retard, on se retrouve à coté l'un de l'autre. Je l'ignore et pleure, la tête dans les bras. Après notre derrière heure de cours, je m'en vais en courant et prend un chemin que, normalement personne ne prend. Je rentre dans quelqu’un. Lui. Je lui hurle :
— Connard ! Je veux plus jamais voir ta gueule !
Je m'enfuit en courant du plus vite que je peux.
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