Je n'en reviens pas. Manoé vient de me dire ouvertement que je lui plais! Je m'assieds sur mon siège, sous le choc. J'ai du mal à encaisser ce que je viens d'entendre. Et surtout... encore quelques heures et ce soir, je serai chez lui. Mon cœur palpite, j'espère que j'arriverai à me calmer !

Mais en attendant, il faut que je me mette au travail, je dois laisser mes sentiments de côté.

Je commence à sortir mes affaires, quand l'enveloppe que Zoé m'a donnée ce matin tombe par terre. Je la ramasse et l'ouvre. Dans cette enveloppe, il y a une photo. Je la saisit et là... je ne comprends pas. C'est une photo de moi qui prends le bus. Est-ce-que quelqu'un tente de me faire une blague ? Je tourne la photo dans l'autre sens, mais il n'y a rien, aucun indice sur l'expéditeur.

Je décide alors de descendre à l'accueil pour demander plus de détails sur la personne qui l'a déposée. Je file en direction de l'ascenseur, et arrive devant Zoé, qui me regarde d'un air compatissant :

 - Alors, comment ça s'est passé avec le boss ? Il ne t'a pas trop réprimandée j'espère...

 - Non, ne t'inquiète pas. Par contre, je voudrais savoir si tu te souviens de la personne qui t'a déposé la lettre ?

 - Oui, mais je n'ai pas pu voir son visage parce qu'il avait une grosse écharpe qui lui couvrait la bouche et le nez. C'est vrai qu'il faisait froid ce matin ! Il avait un bonnet aussi donc je ne peux pas te dire non plus de quelle couleur sont ses cheveux.

C'est étrange... je ne vois vraiment pas qui ça pourrait être... un frisson vient me parcourir le corps. Je reprends :

 - Si cette personne revient, est ce que tu pourrais lui demander son identité ?

 - Oui, bien-sûr. En attendant ne bouge pas, je vais chercher ma brosse, parce-qu'il faut vraiment que tu te coiffes!

 - Ah oui, j'avais oublié ça aussi, merci !

Zoé pousse la porte derrière elle, et revient avec sa brosse dans la main. Elle me la donne :

 - Tu me la rendras quand tu auras terminé !

 - Merci, oui, sans problème.

Je prends la direction des toilettes, et arrange ma coiffure. J'en profite pour me passer un peu d'eau sur le visage, puis regarde une nouvelle fois la photo. Ça ne me dit rien de bon... il va falloir que j'ouvre grand les yeux quand je reprendrais le bus. Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût.

Après quelques minutes, je retourne à l'accueil et rends la brosse à Zoé :

 - Voila qui est mieux ! , Me dit-elle, sourire aux lèvres.

Nous sommes coupées dans notre conversation par l'arrivée soudaine d'Eden :

 - Salut tout le monde ! J'espère que vous allez bien !

Il se rapproche de nous, avec un sourire radieux. Zoé devient rouge pivoine, et lui répond :

 - Eden ! Je suis contente de te voir ! Je ne t'ai pas vu passé par ici ce matin !

 - Tu devais être occupée !

Elle le regarde avec douceur. A cet instant, j'ai l'impression de ne plus exister.

Il se tourne vers moi :  

 - Tu t'es bien reposée hier soir, Kimi ? Tu n'avais pas trop mal à la tête après les verres ?

A cette question, Zoé me fixe avec un regard noir. Je ne sais pas ce qu'il y a entre ces deux là, mais je me sens mal à l'aise. Je réponds :

 - Oui j'ai bien dormi merci de t'en soucier...

Il ébouriffe mes cheveux, Zoé se met à tousser violemment :

 - Eden, tu n'as pas du travail à faire ? Dit-elle, nerveuse.

 - Si, je passais juste par là, je dois aller faire une course pour monsieur Garcia. Kimi, je passerai dans ton bureau après, il faut que je te demande quelque-chose, d'accord ? »

 - Oui, d'accord...

Il me sourit, puis part en direction de la sortie. Zoé m'attrape tout de suite le bras :

 - Il se passe quoi avec Eden ?! Si il te plaît je t'arrête tout de suite, il est à moi ! J’essaie d'attirer son attention depuis qu'il est arrivé ici, ne va pas gâcher tous mes efforts !

 - Ne t'en fais pas, nous sommes juste amis. Nous sommes seulement aller boire un verre pour faire connaissance, mais rassure-toi, il n'y a rien de plus entre nous ! Au fait, il n'est pas là depuis longtemps ?

 - Non. Il est arrivé quelques jours après monsieur James.

 - En parlant de ça, est ce que tu sais si les deux ont eu un différend ?

 - Non, pas que je sache. Je ne les ai jamais vus parler ensemble. Ils se croisent parfois mais ils ne se disent jamais bonjour. C'est le seul de la boite à snober le PDG d'ailleurs !

C'est étrange... ils doivent forcément avoir un différent, vu la scène auquel j'ai assistée... Ils ne semblaient pas être des inconnus. Zoé retrouve son calme :

 - Au fait, pourquoi est ce que tu me demandes ça ?

 - Comme ça, j'avais remarqué qu'ils ne se parlaient pas, et ça m'intriguait.

 - Kimi, monsieur James ne parle à personne, sauf pour donner des ordres.

J'avais oublié ce détail. Donc je suis vraiment une privilégiée. A cette idée, mes joues rougissent. Elle me regarde avec un air étonné :

 - Kimi... tu es écarlate, ça va ?

Je me cache immédiatement les joues. C'est vraiment un gros problème si je n'arrive pas à camoufler mes sentiments !

 - Oui ça va, j'ai juste un peu chaud ! Je devrais retourner au bureau, nous avons du travail !

 - Oui, on se verra plus tard !

Je tourne les talons en direction du sixième étage, pleine de questions en tête. Je passe devant le bureau de Manoé et arrive au mien.

Cette fois, je me mets vraiment au travail.

***

Quelques heures plus tard, quelqu'un frappe à la porte. Je me lève pour aller ouvrir, et découvre Eden face à moi, avec un bout de papier tendu :

 - Kimi, je voulais juste te donner mon numéro de téléphone. Je voulais te le donner après le rendez-vous, mais tu es partie trop vite. Si tu as besoin de quoi que se soit, ou une envie de parler, n'hésite pas à m'appeler ou à m'envoyer un message, d'accord ?

Je prends le papier qu'il me tend, avec un sourire :

 - Merci, je t'enverrais un message avec mon numéro.

 - Cool !

Il me regarde avec un sourire, puis repart d'un pas vif. Il semble pressé, il doit sans doute avoir beaucoup de travail. Je ferme la porte, et prends mon téléphone pour enregistrer son numéro, puis je regarde l'heure.

Dans une heure, je rejoindrai Manoé...