À la bourre
Les matins elle se levait en retard à la limite de l'intolérable.
C'était tellement devenu une habitude qu'elle prenait la route sereinement sans endosser un quelconque empressement. Elle ne s'affolait pas.
Parfois, il lui arrivait de s'arrêter sur le chemin pour photographier un paysage ou une ambiance de saison qu'elle trouvait exceptionnelle.
Son inclination à la contemplation défiait toute convenance. Après tout, "on a qu'une vie" se disait-elle. Il était plus précieux pour elle d'admirer la nature que de satisfaire un patron qui allait finir quoiqu'il en soit par s'en défaire, dans ce contexte de crise économique.
Le tourbillon des chiffres auquel son destin était devenu tributaire, sans qu'elle ne s'en mêle, la pesait et la mènerait un jour à sa perte.
Mais de tous ces chiffres, elle n'en avait que faire. À commencer par les chiffres de son réveil qu'elle retardait, presque somnolente, sans cesse.
Elle s'impatientait de ces weekends où elle pourrait librement se délecter de sommeils prolongés. Où plus rien ne compterait plus vraiment.
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