Qu'espéré—je avec Kardashiev ?

Le Makhine me révèle que c'est ma préoccupation du moment, selon les analyses limbiques que les nanots effectuent sans cesse, même lorsque je dors.

Il me dit.

- Une préoccupation, c'est le processus de résolution d'un problème rencontré par un individu. Plus ça t'occupes, et, le plus souvent, plus c'est important.

Il insiste.

- Laisse moi te renseigner, puisque tu n'oses me poser la question.

Il poursuit.

- A moins que tu aies envie que ça mijote un peu ?

Tout-à-fait.

Et puis tout le monde sur terre devrait connaître Kardashiev, ne serait-ce que de nom, comme moi.

Sur son échelle, l'humanité s'est proposée de passer du niveau II au niveau IV, sans passer par la galaxie. L'Amortalité possède ce prix de tout stopper et de tout lancer à la fois.

L'idée est complexe. Il y a des fermentations que les lentilles nanocérébrales n'arrivent pas à me faire conscientiser. Mais ce n'est pas grave. Elles naîtront en leur temps.

Je suis amortel.

Le temps n'a d'emprise sur moi que le calcul chiffré d'une expérience en expansion, d'une vie durable dans la surprotection. Je ne suis pas invincible, mais juste atemporel de constitution.

Je ne subis pas le temps.

Comment l'expliquer mieux ?

Le Makhine s'embrouille à trier dans mes conversations. Tout ce qui peut être utile. Vital. Impératif. Je ne vis que dans la nécessité, puisque je n'ai plus la nécessité de vivre.

Survivre, là, toujours.

L'herbe grasse, les plantes regorgeant d'eau. Je foule ce coin de nature perdu dans une cage au milieu de nulle part, puisque l'univers est nulle part et qu'il n'a pas de centre.

Un jaillissement de contentement dans mon apaisement. Personne de l'humanité ne connaîtra peut-être mon aventure. Ils auront disparus quand j'arriverai sur Grayaïde. Et je n'en saurai rien.

Tout ce que je sais, ce que j'étais le lambda inférieur, et que je suis maintenant l'envoyé fugitif perdu seul et peut-être même le dernier.

Tout ce que j'ai toujours voulu emprunter comme chemin.