Aussi longtemps que durera l'éternité, il y aura ce désir de fin, cette ambition d'accomplir tout, jusqu'au bout. Ma solitude délivre un goût de l'absolu, révélé par l'espoir si lointain qu'il en est oublié. Par équation, ma gestion du temps s'est effectuée selon moi et moi seul. On y aurait aperçu un profond détachement des contextes normatifs ramené à l'auscultation menée par soi-même, sur soi-même, d'un individu aux ramifications psychiques tentaculaires. Quoi qu'il en soit, jamais il ne fut question de déranger l'oraison, mais de la cristalliser dans un piège démentiel.

Le Makhine me fait réfléchir sur la métaphysique de mon voyage. Il ne sait pas que je n'y comprends rien, comme je ne sais pas jusqu'où cela m'influence.

Mais ce serait présomptueux de tenter de reprendre les rênes de ma psychologie après mon histoire. Je compte alors sur le bonheur anesthésiant, ces injections de plaisir sensées détruire cette douleur que je traîne inlassablement ; cette douleur, comme collée à mon encéphale. Je n'aime pas me dire qu'elle est passée. La cicatrice est trop fraîche, et d'un coup de langue je tente de l'aseptiser.

Pourquoi, donc ?

Pourquoi je me jette à corps perdu dans la fuite qu'on m'a proposée un jour de pluie ?

Ne pas se remettre en question.

Ca va me sauver.

Je ne veux pas vivre l'éternité à me renvoyer à moi-même un doute terrible et irrespirable. Il me faut une certitude, un cran de sécurité qui jamais ne sautera.

Le Makhine.