Je quittais Terry à regret, après avoir pris un petit café avec elle. J'avais préféré ne pas m'attarder, pour que mon absence là-haut ne soit pas trop suspect. Je savais aussi que Cupidon allait bientôt faire des siennes et arranger la rencontre de Claude et Terry.

De retour au paradis, alors que je rentrais dans mes appartements, je me retrouvais nez à nez avec Gabrielle.

- Ah Camael, je te cherchais partout. Tu n'aurais pas oublié la fin de la réunion par hasard ?

- Heu... Et bien, je me suis dit que vous alliez parler Coronavirus jusqu'à la fin et que je ne serais pas vraiment utile.

- Avec tous ses décès, je pense que tu ne devrais pas tarder à avoir qu'elle âmes à réparer.

- Je suis plus : cœurs brisés.

- Et bien dans ses moments durs, il faut savoir se diversifier.

- Ok, la prochaine fois, je resterai jusqu'au bout.

- Parfait. Maintenant, je dois te laisser, j'ai des nouvelles âmes à accueillir.

Je retournais dans mes appartements. Pour travailler sur mes autres patients, comme je les appelais. Avec toute cette histoire de confinement, j'avais plus de boulot qu'à l'accoutumé. Les demandes de divorce, les ruptures déchirantes, étaient devenues quotidiennes. Mon travail était essentiellement fait à distance. J'intervenais dans les rêves, pour accélérer le cheminement de guérison. Mais je pouvais aussi laisser des signes sur la route de mes patients. Une chanson aux paroles lourdes de sens. Un objet symbolique pouvant faire remonter des souvenirs importants. Le tout pour leur permettre de faire ce cheminement vers la guérison de leur cœur.

Ensuite, Cupidon, pouvait reprendre son travail et lancé ces flèches célestes.

Après m'être occupé de Charles, Marie-Jeanne, Nina, Isidor et Kevin, je pris une pause. Je repensais à Terry. Sa manière dont elle m'avait regardé pendant que nous échangions. Plutôt timide au début et fuyant mon regard, elle s'était petit à petit détendue, plongeant parfois ses yeux longuement dans les miens. Je n'avais pu rester trop longtemps, mais elle s'était un peu confiée à moi. Plutôt par petite allusion que je n'aurais pas dû comprendre, mais je connaissais son histoire et j'avais su lire entre les lignes. J'avais apprécié l'intimité qu'elle avait voulue créer entre nous.

En partant, je n'avais pas pris son numéro de téléphone, mais c'était préférable. Redescendre et la revoir aurait été trop risqué. Pourtant ça me démangeait sérieusement. Elle était encore très fragile, et même si elle gardait au fond d'elle l'espoir que l'amour lui était encore permis, il y avait des fêlures que j'aurais pu réparer.

Par curiosité, je regardais en bas pour voir ce qu'elle faisait. Il ne s'était pas passé beaucoup de temps depuis mon départ et elle, s'était arrêté au bord du petit plan d'eau du parc où nous nous étions rencontrés. Elle lançait de petits morceaux de pain, aux canards, ce qui amusait beaucoup la petite fille qui était juste à côté d'elle. L'enfant était accompagnée d'un homme qui devait être son grand-père.

Je le reconnus tout de suite. C'était Claude. Elle proposa à la petite fille un morceau de pain, en prenant soin de demander l'autorisation à son grand-père. Amusé Claude et Terry, commencèrent à échanger quelques mots. Le courant sembla passer tout de suite, normale Cupidon avait dû faire des siennes.

Elle était plus jeune que Claude, mais il ne devait pas y avoir plus de dix ans entre eux deux. Je savais que Terry adorait les enfants et que c'était le regret de sa vie. Elle avait perdu bien trop d'années avec un homme qui ne la méritait pas, qui n'avait eu de cesse que de retarder cette grossesse tant désirée. Et pour finir, il était parti pour un homme. Ensuite, aucune histoire n'avait été assez sérieuse pour permettre un tel projet. Et maintenant elle savait qu'il était sûrement trop tard. Elle approchait de plus en plus des quarante-cinq ans et était célibataire.

Alors cette après-midi, avec Claude et sa petite fille, lui faisait le plus grand bien. Il faut dire que la petite Tess était particulièrement craquante, du haut de ses trois ans. Claude, venant régulièrement au parc, proposa à Terry de la retrouver le mercredi suivant et lui donna son numéro de portable.

Je sentis un petit pincement au cœur que je mis sur le compte de mon orgueil. J'avais vraiment envie que Cupidon ai une nouvelle fois tort. Et pourtant cela signifierait que Terry serait une nouvelle fois malheureuse. Ce n'était vraiment pas noble de ma part, surtout que le bonheur de Terry était ce qui aurait dû compter le plus pour moi.

Plusieurs semaines passèrent et rapidement la relation entre Terry et Claude devint plus intime. Le mercredi après-midi, devint des samedis soir au restaurant, des cinémas le dimanche après-midi et pour finir, des après-midis sous la couette.

Mais Claude, avait une petite idée derrière la tête. Comme nous l'avait dit Cupidon, il aimait les relations Dominante soumise et il commença par proposer de petits jeux érotiques à Terry. Les yeux bandés pour commencer, ce qui lui plut beaucoup. Dans le même genre, elle apprécia d'être attachée au lit. Les premières fessées très légèrement piquantes, amenèrent un peu de piment. Il l'invita même à boire un verre dans un club échangiste, mais elle n'était pas encore prête à ce genre d'aventure.

Sans s'en rendre compte elle commença à l'appeler Monsieur, puis pris l'habitude d'obéir à tous ses petits caprices. Il choisissait ses vêtements, lui imposait jusqu'à ses chaussures dont les talons étaient vertigineux et bien sûr achetait des sous-vêtements très sexy, mais pas forcément très confortables. Elle apprécia énormément au début. Tout ceci la mettait en valeur et elle se trouvait belle dans le miroir. Pourtant, le soir, quand elle était seule dans son lit, je voyais des larmes couler.