Le train

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Un train...

Un train, brillante fusée de la SNCF

Fusée dans la nuit...

Vite oublié,

On prend tellement de trains dans notre vie.

Peut-être avez-vous pris celui-là ?

Ou, pire...

Peut-être auriez-vous dû le prendre ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Des morceaux de ferraille.

Des morceaux du passage à niveau.

Brisés sous la violence du choc.

Une collision terrible.

Un train qui déraille.

Et les cris des passagers pris dans la tourmente.

Un train...

Brisé, carbonisé, brisé, inutile

Collision dans la nuit...

Simple fait-divers.

Combien de passagers ?

Combiens de décédés ?

Peut-être connaissiez-vous quelqu'un ?

Ou, pire...

Peut-être ne le saurez-vous jamais ?

Alors...

Que périsse la pensée !

L'inspecteur marchait sur les rails, il trouvait encore des débris du train, jetés au loin.

La violence du choc.

Un train à pleine vitesse et un camion à toute allure.

" Comment cela a-t-il pu être possible ?, murmura le policier décédé.

- Erreur humaine, Ghost, répondit Lyster, bien à l'abri sous son parapluie.

- Mais il y a forcément des gens qui gèrent la circulation...

- Evidemment, Ghost. Mais il y a aussi les aléas."

Un train...

Aléas, aléas de la vie et de la circulation.

Tragique accident ferroviaire.

Un souvenir ?

Il y a tellement d'accidents...

Vous souviendrez-vous de celui-ci ?

Ou, pire...

Seriez-vous un oublié parmi d'autres oubliés ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Les débris furent retirés et les rails nettoyés.

Les morts furent enterrés et leurs noms oubliés.

Les journaux eurent d'autres accidents à annoncer et d'autres faits-divers agitèrent les esprits.

Et pourtant...

" Ghost ! Avant, je n'avais qu'à descendre aux Archives pour te chercher, maintenant tu m'obliges à venir jusqu'à la gare ! Merde !"

Sylvie Lyster était là, fâchée, les cheveux à nouveau courts et dressés par le gel.

A ses côtés, Fatou Traore était là, mais elle aussi regardait aux alentours. Elle comprenait l'inspecteur.

" Est-on sûr qu'il s'agit bien d'un accident ?, demanda le policier.

- Oui ! Ghost ! OUI ! Et maintenant, tu vas me faire le plaisir d'amener tes miches, toutes fantomatiques qu'elles soient, dans mon bureau ! Nous avons un meurtre sur les bras !

- Un meurtre ?

- Un directeur d'agence de voyage.

- Tiens donc ? Quelqu'un n'a pas aimé ses vacances ?

- Ghost ! "

Lyster rit et Traore leva les yeux au ciel.

Un train...

Des morts et des blessés.

Une collision, un camion et un train.

Morts, blessés et c'est tout ?

Vite oubliés...

On prend tellement de trains dans notre vie

Et celui-ci ? L'auriez-vous pris ?

Ou, pire...

Quelqu'un que vous aimez l'a-t-il pris ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Les semaines passaient et l'inspecteur se plongeait dans le silence.

Il aidait et enquêtait, il aidait et indiquait, il aidait et déduisait.

Et pourtant...

Quelque chose n'allait pas !

Sylvie Lyster ne comprenait pas, elle n'arrivait plus à inviter le policier chez elle.

L'inspecteur vivait à la Préfecture, dans son bureau, au milieu des rapports concernant les accidents de train et de passage à niveau.

" Ghost ?! Que se passe-t-il ?

- Je ne sais pas, la môme !"

Deux mains se posèrent sur les épaules de l'inspecteur et Lyster frémit sous le froid intense qui la saisit.

" Tu me dirais, n'est-ce pas ? S'il se passait quelque chose ?

- Mais oui, la môme ! Rentre chez toi ! Ton godelureau t'attend."

Et le froid était trop vif. Lyster se reculait, désolée.

Un train...

Un train, brillante fusée de la SNCF

Fusée dans la nuit...

Déchiquetée.

On ne sait pas à quel point le métal peut se tordre...

Tant qu'on ne l'a pas vu dans un accident...

Le feu...

Peut-être avez-vous pris celui-là ?

Ou, pire...

Peut-être auriez-vous dû le prendre ?

Alors...

Que périsse la pensée !

" Dix-huit victimes, dont quatre décédées à l'hôpital des suites de leurs blessures, fit l'inspecteur à sa collègue.

- Oui, inspecteur."

Car pour cette affaire, l'inspecteur parlait à Fatou Traore.

Elle le comprenait, elle. Mieux que le lieutenant Lyster.

" Dix-huit victimes. Merde ! Il y a quelque chose !

- Oui, inspecteur."

Un train...

Des morts et des blessés.

Un passage à niveau

Incompréhension ?

A qui la faute ?

Etait-ce la vôtre ?

Ou, pire...

Etait-ce la faute de quelqu'un que vous connaissez ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Des trains, des trains, des trains. Il y en a eu des accidents de train dans l'histoire.

Il y a eu des affaires tragiques de trains partant dans la nuit et ne revenant plus.

Il y a eu des trains menant tout droit vers l'Enfer.

L'inspecteur avait deux cents ans de vie et de mémoire. Il avait vu.

Tant de trains.

" Un déraillement ? C'est possible, lieutenant Traoré ?

- Appelez-moi Fatou !, sourit la jeune femme en penchant la tête, lourdement chargée de tresses.

- Un déraillement ! Il y aurait des traces !"

La colère enflammait le policier et les volets invisibles claquaient dans le bureau de Lyster, alors absente des locaux.

" Peut-être pas un déraillement, inspecteur."

Elle vit les yeux fous du policier trop vieux pour ce monde.

" Peut-être un accident de passage à niveau. Un accident de la circulation provoqué par volonté de nuire."

Les deux policiers se regardèrent puis, machinalement, leurs yeux se posèrent sur le mur.

Là, un homme attendait, patient, que la police avance et fasse son oeuvre.

Un train...

On prend tellement de trains dans notre vie.

On voyage, ici et là.

On va au travail et on en revient.

Des morts et des blessés.

Voyageurs, travailleurs, touristes...

Vite dénombrés...

Peut-être serez-vous dans le compte ?

Ou, pire...

Quelqu'un que vous aimez y sera ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Le lieutenant Lyster était sur une affaire de meurtre. Elle avait autre chose à faire qu'à gérer des fantômes mélancoliques.

Cela viendrait plus tard. Quand le criminel serait sous les verrous.

" Ghost ! Tu veux bien t'intéresser un peu à ce que je dis ? La victime est un directeur d'une agence de voyages. Il a été simplement abattu d'une balle en pleine poitrine.

- Expéditif.

- Nous n'avons rien. Celui qui a fait ça l'a fait bien et efficacement.

- Une balle en pleine poitrine. Quel calibre ?"

Lyster eut son merveilleux sourire et elle lança :

" Enfin, je te retrouve, le cogne ! Une balle d'un pistolet semi-automatique de la marque Glock. Un Glock 18, chambré en 9 mm Parabellum.

- Facile à trouver, reconnut amèrement Fatou Traore. Filières d'Europe de l'Est.

- Oui, conclut Lyster.

- Aucune chance de retrouver son propriétaire, ajouta l'inspecteur.

- Si on s'y met tous... On peut essayer..."

Le lieutenant Lyster frappa du poing sur la table.

Un train...

Accident tragique de la circulation.

Débris, brisé.

Mutilé, lésé.

Vite constaté...

Triste affaire mais rien d'important.

Mais si vous étiez concerné ?

Ou, pire...

Si quelqu'un que vous aimez l'était ?

Alors...

Que périsse la pensée !

Ce soir-là, les quatre officiers de police se réunirent chez le lieutenant Lyster.

Adrien Maillard, Sylvie Lyster, Fatou Traore, Ghost.

Midnight miaulait furieusement devant le mur vide du salon.

Une pizza. Mais pas de film.

Sur la table basse du lieutenant se trouvaient des rapports concernant le trafic d'armes et les armes régulièrement retrouvées lors des affaires de meurtre.

Parfois, des armes réapparaissaient et cela aidait les investigations. Un Glock 18.

Peut-être trouverait-on sa trace ?

Et le train attendrait bien encore un peu...

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