L'unification

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Dans sa petite salle de bain privée, Margot séchait sa peau après une douche plus que bienvenue. Maintenant que la pression était retombée et qu'elle avait passé une nuit entière à dormir sans rêves, elle se sentait revigorée. Mais ses muscles et ses stries qui lui tiraient la peau lui rappelaient constamment sa situation et les jours qui l'avaient menée à celle-ci. Madame Solange l'avait laissée dormir tout son saoul et elle en avait profité jusqu'au début d'après-midi.

Alors qu'elle s'était endormie sur les cuisses de sa Maîtresse, elle s'était réveillée dans sa petite chambre, seule. Sur une chaise près de son lit, elle avait découvert une robe, ainsi qu'un petit dossier sur le capitaine et sa femme. Elle passait à présent la robe, sans aucun sous-vêtement. Pas de transparence dans le tissu. Margot comprit alors qu'elles allaient sortir. La rencontre avec le nouveau capitaine se ferait en terrain neutre. Ce qui était logique. Même si Madame Solange avait acheté sa tranquillité auprès des forces de l'ordre, elle ne pouvait pas introduire quelqu'un aussi facilement. La robe n'avait pas non plus de dos nu. Sa Maîtresse souhaitait cacher ses marques. Par contre, la longueur de la robe, son décolleté et la façon dont elle moulait ses formes ne voulait dire qu'une chose: elle allait devoir user de ses charmes.

Comme tout ce que faisait Madame Solange, le choix de la robe avait été fait avec soin. Elle allait parfaitement avec son collier qui, du coup, pouvait passer pour une simple ornementation, bien que légèrement provocante.

Tout en se maquillant, elle lisait le dossier. Elle avait réussi à emmagasiner tellement d'informations en si peu de temps qu'elle n'eut besoin de lire les feuilles que deux fois. Une fois prête, elle regarda l'heure sur l'horloge au-dessus de son lit et sortit de sa chambre, les papiers dans sa main pour trouver un moyen de les détruire.

C'est alors qu'elle comprit vraiment son changement de statut au sein de l'organisation de Madame Solange. Elle pouvait errer comme bon lui semblait dans les couloirs. Les personnes qu'elle croisait la saluaient avec un certain respect, en lui souriant comme on le ferait à une collègue. Sa tenue y était peut-être pour quelque chose, mais lorsqu'elle croisa Valérie, elle n'eut plus aucun doute.

Cette dernière alla à sa rencontre avec un large sourire. Elle posa ses mains sur ses bras en lui souriant de toutes ses dents:

-- Servante M! Comme tu es magnifique! On pourrait croire que rien ne s'est passé ces deux dernières semaines. Te voilà plongée dans le grand bain. Regarde-toi. Hier encore, tu n'étais qu'une simple Esclave craintive et aujourd'hui...

Valérie la regarda des pieds à la tête, avec une certaine admiration. Margot en fut un peu gênée. Elle ne s'habituait pas encore tout à fait à cette nouvelle personnalité de Valérie. En tant qu'Esclave, Valérie n'avait que dédain et sévérité pour elle. Aujourd'hui, elle se comportait presque comme une amie de longue date.

-- Merci Valérie, lui dit-elle timidement. Madame Solange doit m'attendre...

-- Bien sûr, je vais t'accompagner.

Bras dessus, bras dessous, Valérie emmena une Margot crispée jusqu'au bureau de sa Maîtresse, puis la laissa devant la porte:

-- Je dois préparer un lit pour une nouvelle arrivante. Elle devrait être là d'ici une demi-heure, maintenant.

-- Encore une dont le mari... commença Margot avant d'être coupée par une Valérie presque riante.

-- Oh non, pas cette fois! Figure-toi que c'est une de nos filles de l'autre côté. Elle a demandé elle-même à nous rejoindre. Les présentations seront différentes des tiennes!

Valérie ricana en s'éloignant. Margot, elle, resta interdite. Elle se remémora cette soirée. Un long frisson la parcourut et une hésitation s'insinua en elle. Cela faisait si longtemps qu'elle n'y avait plus pensé. Si longtemps, en fait, qu'elle n'avait pas eu de temps pour penser, tout simplement. Qu'était-elle en train de faire?

Les paroles de Madame Solange à son arrivée ici lui revinrent en mémoire, avec la délicatesse d'une gifle. Elle s'adressait alors à son mari. Une autre vie, une autre Margot. "Crois-moi, elle finira par aimer ça." Quelque chose en elle l'empêcha de tendre la main vers la poignée. Elle resta la regarder, se demandant si c'était la bonne chose à faire. Elle savait que oui. Elle savait qu'elle pouvait profiter pour s'en aller, fuir cet endroit maudit, se cacher, peut-être même changer d'identité. Mais à quoi bon? Pour mettre toute sa famille en danger?

Repenser à cette soirée, depuis la sortie du restaurant, lui donna un goût amer. Et elle serra la poignée de la porte dans sa main, bien décidée. Bien décidée à ne plus être cette Margot naïve qui avait cru en Nicolas, cette Margot craintive qui se cachait derrière lui quand deux énergumènes les importunaient dans la rue. Cette Margot si pâle, plate, par rapport à la femme qu'elle était devenue.

Elle quitterait un jour cet endroit, elle en était maintenant persuadée. Car Madame Solange l'avait sauvée en faisant d'elle son Esclave. Elle l'avait révélée. Elle partirait d'ici, oui. Mais libre, pas en fuyarde.

Elle entra donc dans le bureau de sa Maîtresse et lui sourit. Cette simple vision venait de balayer toutes ses questions, toutes ses réticences et scrupules à accepter la nouvelle Margot. Avec une certaine prestance, elle marcha jusqu'à Madame Solange, déposa les feuilles qu'elle connaissait sur le bout des doigts (il n'y avait pas tant que ça à dire sur le nouveau capitaine et sa femme) puis s'agenouilla pour lui embrasser les pieds. Elle releva alors son visage souriant vers elle:

-- Merci pour la robe, Maîtresse. Elle est magnifique.

-- C'est toi qui l'es, Servante M, lui répondit-elle en caressant sa joue. Tu vas aller avaler un petit quelque chose avec le personnel. Nous sortons au restaurant mais je ne veux pas que tu te goinfres. Tu devras te concentrer sur autre chose.

Margot hocha la tête.

-- Je serai celle qui les mettra dans une disposition telle que vous pourrez en faire ce que vous voulez, Maîtresse.

Madame Solange lui sourit. Margot y vit de la tendresse. Peut-être même plus. Elle y vit aussi de la fierté, confirmée par les mots de sa Maîtresse.

-- Le jour où tu es arrivée ici avec ton pitoyable mari, j'ai tout de suite su que tu étais celle que j'attendais. Tu sais, beaucoup de femmes qui sont Esclaves aujourd'hui ont commencé par être battues, avant d'entrer dans la cage. Ce n'est pas quelque chose qui me plaît, mais tellement de personnes sont incapables de faire face à leur destin avec un minimum de dignité. Ton ex-mari fait partie de ces gens-là et tous ceux de son espèce me dégoûtent. Toi... Dès les premiers instants, tu as été différente.

Margot l'écoutait avec des yeux brillants. Elle avait du mal à croire ce que sa Maîtresse lui disait. Elle n'avait pas vécu les choses de la même manière et avait le sentiment, au contraire, d'avoir perdu toute dignité pendant cette soirée.

-- File manger, maintenant. J'ai encore un peu de travail. Nous parlerons de notre nouveau capitaine ensuite. Tu as quartier libre jusqu'à 17h30.

Margot se leva, défroissa sa robe et sortit pour laisser sa Maîtresse travailler. Elle rejoignit ceux que Madame Solange appelait ses salariés dans la salle à manger. Déjà, une assiette l'attendait. Elle sourit en comprenant que, d'une manière ou d'une autre, sa Maîtresse savait qu'elle arrivait avant même qu'elle n'ouvre la porte.

Elle mangea seule. Si les autres présents l'avaient saluée avec gentillesse, aucun ne prit l'initiative de lui parler. Et vu qu'elle avait un peu de temps avant de retrouver sa Maîtresse, elle attendit l'heure d'arrivée des Esclaves et tenta d'aller rejoindre son ancienne chambre, celle de Géraldine, en espérant ne pas croiser Valérie sur son chemin.

Elle toqua à la porte, mais ne reçut aucune réponse. Elle ouvrit alors, sachant qu'il était impossible de fermer à clé. Géraldine était allongée sur son lit, nue. Elle se reposait après une soirée mouvementée, et avant une autre à venir. Margot referma rapidement la porte derrière elle alors que Géraldine bondissait de son matelas pour la serrer contre elle.

La douceur et les rondeurs généreuses de Géraldine lui firent un grand bien. La veille au soir, elles n'avaient pas pu réellement se retrouver et cette étreinte dura un long moment, avant que Géraldine ne s'écarte un peu pour la regarder:

-- Wow! Tu es...

-- Habillée? lui fit Margot en ricanant.

-- Oui! s'exclama Géraldine en riant avec elle. Alors raconte-moi. Mais déjà... Madame Solange t'as autorisée à venir ici?

-- Heu... Non, pas vraiment. Mais depuis que je me suis levée, je vais où je veux. Et j'ai même quelques heures de quartier libre! Je me suis dit que je pouvais venir te voir... J'espère que...

-- Tu es ici, et c'est le principal. Comment tu te sens?

-- Bien. Je crois. C'était... Je n'ai pas de mots. À la fois dur, insupportable... et incroyable!

Géraldine la regardait avec une intensité que Margot n'avait encore jamais remarqué chez elle.

-- Tu as changé, lui dit-elle alors. En bien, j'entends. Regarde-toi... Servante M. Et moi qui avais toujours cru que ce statut n'était qu'une légende!

-- Alors je suis devenue une légende! s'exclama Margot dans l'espoir de faire rire Géraldine.

Mais celle-ci se rembrunit rapidement.

-- Tu me manques... Je ne dors plus aussi bien, depuis que tu es partie.

-- Peut-être aurai-je le droit de venir te border le soir? Tu me manque aussi... Penser à toi m'a aidé à tenir le coup, là-bas.

C'était un petit mensonge, Margot le savait et Géraldine s'en doutait aussi. Mais elle fut si heureuse d'entendre Margot le dire qu'elle lui sourit et vint se serrer à nouveau contre elle, le visage près de celui de Margot. Elles restèrent un instant à se regarder, et Géraldine céda la première. Elle vint plaquer ses lèvres contre celles de Margot et celle-ci lui répondit en un baiser brûlant. Ses mains se mirent à parcourir les formes de son ancienne amie de chambrée, Géraldine elle-même cherchait sa peau, ce contact qui lui manquait tant. Mais avant d'en être rassasiée, la porte s'ouvrit.

-- Esclave G, tu...

Valérie ne termina pas sa phrase. Elle resta les regarder, interdite. Les deux femmes se tournèrent brusquement vers elle, apeurées. Mais Valérie finit par leur sourire. Surtout à Margot, en fait.

-- Dans cinq minutes dans mon bureau, fit-elle simplement sur un ton sévère pour Géraldine, avant de refermer la porte.

-- J'en reviens pas! s'exclama Géraldine. Valérie sait sourire?

Margot ricana.

-- Oui, ça m'a fait bizarre, la première fois, aussi.

-- Il semblerait que notre nouvelle Servante ait quelques privilèges, elle aussi, auprès des Esclaves.

Margot lui sourit, un sourire pincé. Elle n'était pas dupe. Elle savait que si Valérie leur laissait cinq minutes, c'était pour qu'elles se disent au revoir. Avec un peu de chance, Valérie pensait que cela resterait un secret entre elles, une sorte de cadeau avant que Margot n'embrasse définitivement son statut de Servante.

-- Je vais devoir te laisser, dit-elle alors à Géraldine en lui caressant la joue. Prends soin de toi, je ne serai pas là ce soir.

-- Je te le promets. Et toi aussi, prends soin de toi.

Elles s'enlacèrent une dernière fois et Margot repartit. Cette visite, finalement, n'avait pas eu le goût sucré qu'elle espérait. Le statut de Servante avait ses bons côtés, mais aussi ses pendants moins réjouissants. À partir de maintenant, il n'y avait plus qu'elle et sa Maîtresse.

Lorsqu'elle la rejoignit dans son bureau, Madame Solange s'était changée et préparée pour la soirée. Pour accompagner la robe de Margot, elle avait choisi un tailleur au pantalon large. En haut, elle portait un juste-au-corps sous une veste laissée ouverte qui, tout en cachant sa poitrine, la mettait en valeur. D'autant plus qu'elle ne portait pas de soutien-gorge et que ses tétons étaient alors visibles. Les couleurs qu'elle portait se mariaient parfaitement à celles de Margot. Encore une fois, Madame Solange ne laissait rien au hasard.

Elle fit signe à Margot de la rejoindre sur le petit canapé qui trônait dans un coin sombre de son bureau. Margot s'agenouilla doucement à ses pieds pour ménager ses muscles encore douloureux et lui sourit, mais elle sentait que sa Maîtresse était tendue. Elles se regardèrent un instant avant que Margot n'ose lui demander:

-- Quelque chose ne va pas, Maîtresse?

Madame Solange mit un petit temps avant de lui répondre.

-- Ce que nous allons faire ce soir, Margot, ce n'est pas se mettre le nouveau capitaine dans ma poche. Ce que nous allons faire, c'est la première étape d'un plan que j'ai fomenté depuis longtemps et qui s'est mis en branle à ton arrivée ici.

Margot fronça les sourcils, essayant de comprendre, mais resta muette, laissant sa Maîtresse continuer.

-- Tout ceci, Servante M. Je l'ai construit dans l'espoir de m'enrichir. Je te passe le laïus sur ma jeunesse dans la pauvreté la plus crasse. Je me suis enrichie. Et pas qu'un peu, tu peux bien l'imaginer. Et uniquement de l'argent propre, avec ça. Tu sais combien ça coûte de blanchir de l'argent? Non, sûrement. Quoi qu'ayant un peu fouillé dans ta famille, je suis sûre qu'un de tes ancêtres, et pas si éloigné que ça, sait le prix que ça coûte. Je suis une femme riche, respectée, crainte. Et même aimée. Je me suis enrichie en me promettant que bientôt, j'arrêterais, que j'en avais assez pour finir mes jours tranquillement, à l'abri du besoin. Mais je n'ai jamais réussi à m'arrêter. Ce n'était jamais suffisant. Jusqu'à toi. Aujourd'hui, j'ai tout ce qu'il me faut.

Une pointe de fierté se mit à luire dans le regard de Margot, que Madame Solange remarqua en souriant tendrement. Mais au-delà de ça, Margot commençait à percevoir une fin de tunnel. Peut-être n'était-ce encore qu'une illusion, mais il y avait cette toute légère lueur, cette promesse de l'air libre.

-- Ce que nous allons faire ce soir, c'est ce que je me suis promise de faire. Pour plusieurs raisons. Partir simplement n'est pas une solution. Je serais en fuite. Je ne serais pas libre. Si je laissais la suite à Valérie, je vivrais avec la crainte qu'elle ne gère pas et que mon passé finisse par me rattraper. Et tu peux imaginer que je préfèrerais mourir que de finir en prison. De plus, tous ces... invités.

Elle serra les mâchoires. Margot comprit alors qu'il se passait quelque chose d'important. Elle en oublia ses douleurs, ses questionnements, en oublia la déception de devoir laisser Géraldine à son triste état d'Esclave, même si quelque chose lui disait qu'une part de son amie appréciait ce qu'elle faisait. Elle en oublia même les deux semaines passées, toutes les humiliations, les coups, les queues, et autre doigts qui la désiraient au point que son propre désir à elle passait à un plan tellement éloigné qu'il n'existait presque plus pour elle-même. Elle mit toute son attention sur ce que lui disait sa Maîtresse. Cette femme si merveilleuse qui était en train, pour la première fois, de se dévoiler à elle. Oui, il n'y avait plus que Margot, Servante M, et sa Maîtresse. Il n'y avait plus que cela qui comptait.

-- Ces gens me répugnent. Ils connaissent très bien les conditions des Esclaves, ils connaissent parfaitement les circonstances dans lesquelles les putes du club sont recrutées. Mais ils s'en cognent. Si une d'elles venait à crever, ils seraient les premiers à tout faire pour que ça ne se sache pas. Tant qu'ils peuvent assouvir leurs bas instincts, tout est permis. Si tu savais le nombre d'enquêtes qui n'a jamais été ouverte à cause d'eux. Voilà bientôt vingt-cinq ans que j'ai commencé ce business, Servante M. Tu as bien compris que c'est en faisant pression sur eux, grâce à tout ce que j'ai appris sur eux, que j'ai prospéré. Tu es intelligente, tu l'avais compris bien avant que je ne te donne ces fiches à apprendre. Tu l'aurais même compris dès ta première soirée si les choses s'étaient passées autrement. Mais tu sais quoi? Pas une seule fois je n'ai eu besoin de mettre mes menaces à exécution. En fait, pas une seule fois je n'ai eu à menacer qui que ce soit parmi ces gens-là. Parce qu'ils fonctionnent de la même manière que moi, ils savent comment ça marche. Ils m'auraient laissé enterrer des cadavres dans leur propre jardin, si cela leur permettait de continuer de profiter de mes esclaves.

Elle approcha alors son visage de celui de Margot, planta un regard de guerrière dans celui de sa Servante et lui dit alors à voix basse, comme si quelqu'un pouvait les entendre:

-- Ce que nous allons commencer ce soir, ma chère Servante, c'est la politique la terre brûlée.

Margot ne put rien répondre immédiatement. Elle était bouleversée par ce qu'elle venait d'entendre. Madame Solange. Cette femme inflexible, si résistante qu'elle avait mis en place un réseau de prostitution présent à tous les niveaux de la société, des putes de trottoir aux Esclaves de luxe triées sur le volet. Mais elle n'était pas au bout de ses surprises.

-- Je vais te révéler une autre chose, Servante M. Tu imagines bien qu'en vingt-cinq ans, les Esclaves se sont succédées. Je ne dois garder que celles qui sont... comment dire? Potables, lâcha-t-elle enfin avec un haussement d'épaule. Que crois-tu qu'elles deviennent, ensuite?

-- Je ne sais pas, répondit Margot d'une petite voix qui trahissait qu'elle était en train d'essayer d'intégrer toutes ces informations.

-- Elles refont leur vie. Loin d'ici, avec un petit pactole de départ. J'ai un business à faire tourner, Servante M. Et lorsqu'il s'agit de cela, je suis intransigeante. Mais je sais aussi m'assurer de l'avenir de celles et ceux qui le font fleurir. Je te dis tout cela parce que j'ai confiance en toi, et parce que je t'aime, Servante M. Ta confiance en moi va, elle, être mise à l'épreuve dès ce soir.

-- J'ai entière confiance en vous, Maîtresse! s'exclama Margot en agrippant ses mains aux mollets de Madame Solange.

Des larmes menaçaient de gâcher le maquillage de Margot. D'abord parce que la lumière au bout du tunnel se faisait de plus en plus concrète, et parce que son cœur était submergé de sentiments aussi contradictoires qu'intenses. Madame Solange venait de déclarer un amour qui allait sûrement au-delà de l'amour un peu maternel qu'elle pouvait laisser transparaître envers ses Esclaves. C'était un amour charnel qu'elle ressentait pour sa Servante, et celle-ci s'en sentait défaillir, tellement le sien venait de prendre des proportions inattendues. Elle ne savait pas ce qu'il pouvait y avoir dans la lumière, au bout du tunnel, mais à cet instant, elle ne désirait qu'une chose: que leurs routes ne se séparent pas une fois revenues dans la lumière. En quelques heures, Margot avançait dans le noir en tenant la main de sa Maîtresse, et plus seule.

-- Une dernière chose, Servante M. Ce soir, je m'appellerai Suzanne. Ils ne doivent pas faire le lien entre Suzanne et Madame Solange. C'est extrêmement important. Je pense qu'en lisant ces feuilles, tu as compris comment approcher notre capitaine, n'est-ce pas?

-- Par sa femme, Maîtresse. Si sa femme me trouve à son goût, nous gagnerons leur amitié. Mais il ne sera pas facile de le faire accepter... tout ça.

-- Tu séduiras sa femme, et il deviendra mon bras armé, répondit Madame Solange. C'est lui et son idée de la justice, qui fera table rase de ce lieu.

Margot eut envie de l'embrasser, de la serrer fort contre elle, mais elle n'osa pas. Elle lui sourit simplement, son corps tressaillant d'excitation contenue.

-- Maîtresse?

-- Oui, ma belle?

-- Puis-je vous demander ce qu'il adviendra des autres?

-- Tout est prévu, Servante M. Et ce depuis longtemps.

-- Valérie sait?

-- Il n'y a que toi et moi, lui répondit Madame Solange en accrochant son regard. Il n'y a que toi et moi.

Margot était tendue en arrivant au restaurant où rendez-vous avait été pris avec le capitaine Maximilien Jamal et sa femme Adélaïde. Ils avaient tous les deux un peu plus de quarante ans, et il fallait être doté d'une belle imagination pour se représenter l'homme dans un uniforme austère de policier. Il était bel homme, musclé, avec des yeux bruns chauds et doux dans lesquels Margot se noya un instant au moment des présentations. Sa peau caramel rappelait ses origines marocaines et apportait un peu de soleil dans sa tenue peut-être un peu trop stricte pour le sujet qui allait être abordé. Adélaïde, elle, aurait pu être top model dans sa jeunesse. Pas de celles qui étaient longilignes sans formes, plutôt du genre à faire de l'ombre à une Cindy Crawford au sommet de sa gloire. Elle avait ramassé sa crinière blonde en un chignon parfait, laissant le monde entier embrasser du regard la ligne sensuelle de son cou. Sa robe à elle était légèrement transparente, juste de quoi laisser deviner son soutien-gorge qui portait deux seins visiblement plus que généreux.

-- Je suis heureux de vous rencontrer, Suzanne, entama le capitaine. Notre ami commun nous avait dit que vous êtes plus ou moins à la tête d'un réseau de libertins dans la région, mais il ne nous avait pas dit à quel point vous êtes ravissante, et que vous seriez accompagnée de cette manière.

Margot avait faillit le reprendre et lui dire qu'il fallait dire "Madame Solange". Mais maintenant qu'elle connaissait les intentions de sa Maîtresse, elle ne pouvait pas les trahir de la sorte. Elle sourit alors timidement en croisant le regard de la femme, assise juste à côté d'elle sur la table ronde qui avait été choisie pour eux.

-- C'est beaucoup dire, renchérit Madame Solange. Dans votre bouche de policier, ça sonne comme s'il s'agissait d'un réseau de trafiquants!

-- Des trafiquants de plaisir! s'exclama joyeusement Adélaïde en posant innocemment une main sur la cuisse de Margot.

Celle-ci comprit aussitôt qu'elle n'aurait pas beaucoup d'efforts à fournir pour atteindre le but recherché. Elle regarda la main d'Adélaïde, puis lui sourit simplement, sans le moindre geste pour qu'elle la retire. Ce qu'elle fit pourtant.

-- Tout ce que je fais, c'est mettre en relation des personnes ayant un but commun. Et disons que je connais bien les personnes qui forment ce que vous appelez mon réseau, rajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Le même sourire anima le visage de Margot. Elle savait que le couple pensait qu'elle disait cela parce qu'elle avait couché avec toutes ces personnes. Margot, elle, savait que c'était parce qu'elle avait fouillé dans leur passé, surveillait leur présent, et anticipait leur avenir.

-- Vous comprendrez que vue ma position au sein de la police, nous ne pouvons pas trop nous permettre de nous rendre dans des lieux publics. On ne sait jamais qui on rencontre, et il ne s'agit pas juste de boire un verre et danser.

Madame Solange ricana, de la même manière qu'elle ricanait aux plaisanteries lourdaudes des invités du club.

-- Il serait gênant de se retrouver nez à queue avec un suspect, en effet.

La remarque de Madame Solange fit rire Adélaïde aux éclats. Mais Margot et Maximilien n'étaient pas dupes. Par cette petite boutade, elle faisait comprendre au capitaine qu'elle savait pour sa bisexualité. Ce qui retint l'attention du policier en lui. Il n'aimait pas que les autres sachent des choses sur lui sans que lui ne sache rien. Et cette Suzanne était un vrai mystère. Margot intervint alors pour alléger cette tension naissante.

-- Je suis sûre que votre femme saurait faire parler n'importe quel suspect dans cette position, cela dit!

La femme rit à nouveau, cette fois suivie par son mari, et posa à nouveau sa main sur la cuisse de Margot. Cette fois, elle ne la laissa pas l'enlever. Elle posa la sienne dessus en riant et enlaça ses doigts avec les siens, comme si de rien n'était. Elle garda ce contact alors que Maximilien commença à leur raconter qu'ils quittaient la campagne, où ils devaient faire des centaines de kilomètres pour se rendre dans des lieux libertins, ou alors passer par les sites de rencontre, avec toujours la crainte de la déception. Il expliqua qu'il espérait que Madame Solange puisse lui faire rencontrer des personnes avec qui le courant passerait.

-- Avant de vous recommander, on doit s'assurer que le courant passe déjà entre nous, lui répondit calmement Madame Solange. C'est là ce que je me propose de faire et ce pour quoi les couples me font confiance.

Margot avala difficilement sa salive. Elle s'était attendue à coucher avec la femme du capitaine, peut-être même avec le couple. Mais ce que sa Maîtresse venait de dire, c'était qu'elle participerait aussi. Elle se rendit alors compte qu'elle n'avait jamais imaginé Madame Solange avoir une vie sexuelle en-dehors des orgasmes qu'elle lui donnait chaque soir depuis deux semaines.

C'est la main d'Adélaïde qui la sortit de sa torpeur. Celle-ci remontait le long de sa cuisse et lorsque leurs regards se croisèrent, elle se pencha vers l'oreille de Margot pour lui murmurer:

-- Nous n'en sommes pas encore au dessert, et pourtant, j'ai très envie d'une sucrerie.

Madame Solange et Maximilien les regardaient. Margot n'eut besoin que de croiser le regard de sa Maîtresse pour savoir qu'elle pouvait à présent procéder comme bon lui semblait. La confiance qu'elle plaçait en elle donna des ailes à Margot, qui écarta légèrement sa jambe pour laisser la femme continuer sa montée où elle le désirait.

-- Nous sommes libertins, lui répondit Margot, nous ne sommes pas de ceux qui suivent l'ordre établi. Enfin, lorsqu'il s'agit de dégustation, du moins, rajouta-t-elle avec un clin d'œil polisson vers le policier.

Celui-ci ricana avant de proposer de demander l'addition et de s'occuper du dessert chez eux. Ce qui fut accepté par l'ensemble des convives.

Dans la voiture pour suivre leurs nouveaux "amis", Madame Solange félicita Margot pour sa prestation.

-- Je n'ai pas eu grand-chose à faire, Maîtresse. Si ce n'est la laisser faire.

-- Tu sembles pourtant embêtée, Servante M.

Margot baissa le regard, un peu honteuse.

-- C'est que... je n'avais pas imaginé que nous finirions... comment dire... tous les quatre...

-- J'ai eu une vie avant toi! s'exclama Madame Solange en riant. Es-tu en train de me dire que tu n'as pas envie de me voir baiser?

-- Mon envie importe peu, Maîtresse... Et si je devais être honnête, j'en ai très envie. Je n'y avais juste jamais pensé.

-- Ne t'inquiète pas, ma belle Servante. Une fois à l'abri des regards, je te passerai ta laisse. Tu verras que ça t'aidera.

Et en effet. Une fois à l'intérieur de la maison des Jamal, Madame Solange sortit la laisse de son sac à main et l'attacha au collier de Margot. Celle-ci sourit à leurs hôtes, pendant que sa Maîtresse précisait:

-- Voilà quelques semaines que notre relation a évolué. Elle est ma Servante. Vous pouvez l'appeler Servante M, si vous voulez la mettre à l'aise.

Maximilien et Adélaïde Jamal étaient habitués à ce genre de pratiques, et n'en furent aucunement offusqués, bien au contraire, même. Adélaïde, particulièrement, semblait trouver cela très stimulant et ne cachait plus rien de l'envie qu'elle avait envers Margot.

-- Nous avons nous-mêmes tenté quelques séances, répondit le policier.

-- Mais il avait trop l'impression d'être au travail! plaisanta Adélaïde en les invitant à la suivre jusqu'au salon.

Si le terrain qui entourait leur habitat était quelque chose d'impressionnant dans cette ville pleine d'immeubles, la maison en elle-même était plutôt basique et de taille commune. Les femmes s'installèrent au salon pendant que Maximilien servait des verres.

Madame Solange et Adélaïde s'assirent sur le canapé, et Margot s'agenouilla aux pieds de sa Maîtresse, en restant à portée de la femme du policier. Celui-ci arriva avec les verres et se posa dans un fauteuil. Tous les quatre trinquèrent et burent leur verre en discutant. Madame Solange expliquait au couple sa façon de procéder.

-- Connaître les personnes qui forment notre groupe est pour moi indispensable. L'adhésion à notre club fournit l'assurance de la discrétion et de rencontres positives. Je fais les choses en sorte que chacun trouve ce qu'il recherche. Il n'est pas question de mettre en relation un couple qui ne jure que par la sodomie avec un autre qui ne la pratique pas, par exemple. Mais je vais aussi plus loin. Au-delà de plans cul, les couples... et parfois plus de deux couples ensemble... les couples que je présente l'un à l'autre doivent devenir amis. Vous imaginez bien que je ne peux pas passer mon temps à gérer les plannings de chacun! Plus les couples s'entendent bien, moins j'ai de travail, au final, puisqu'ils échangent leur numéro et se retrouvent quand bon leur semble. Beaucoup de nos adhérents n'ont affaire à moi qu'une fois ou deux, en vérité.

-- Vous voulez dire qu'on ne paye l'adhésion qu'une fois?

-- Tous les ans, rectifia Madame Solange avec un petit sourire pour Adélaïde. Je fais confiance à chacun, et jusqu'ici, personne n'a essayé de profiter de moi. Soyez bien conscients d'une chose: l'ensemble des personnes de notre... réseau, comme vous dites, ne souhaitent pas que les choses s'ébruitent. Ils n'auront pas envie que vous profitiez d'eux, comme vous n'aurez pas envie qu'ils profitent de vous.

-- Tout ce que nous faisons doit se faire dans le respect mutuel, ajouta Margot d'une voix douce en souriant à Adélaïde.

La femme lui sourit en retour, et tout en tendant une main vers elle, elle jeta un coup d'œil vers Madame Solange qui hocha la tête pour l'autoriser. Margot ronronna sous la caresse de la femme sur sa joue et lui rendit sa caresse sur son mollet. Maximilien, lui, se tendit un peu aux mots de Madame Solange.

-- Quel genre de représailles avez-vous en réserve contre ceux qui trahiraient cette confiance?

Madame Solange ricana doucement.

-- Oh! N'allez pas croire que je fais dans le chantage! Mais ce qui est sûr, c'est que si vous deviez trahir ma confiance, vous devriez recommencer à faire quelques centaines de kilomètres pour trouver un endroit sûr. Ce n'est pas à vous que je vais apprendre que la confiance doit être la base d'une telle relation. Confiance dans le couple, mais aussi envers les personnes à qui vous prêtez votre femme, ou celles à qui elle vous prête.

Le couple Jamal échangea un regard. Margot put voir dans ce court instant la complicité qui régnait entre eux deux. Ils n'eurent pas besoin de gestes, pas de discours. Dans ce simple regard, ils se mettaient d'accord. Ils acceptaient les conditions qui n'étaient, d'ailleurs, au fond, que du bon sens à leurs yeux.

Aussitôt, Adélaïde prit les choses en main. Il ne lui fallut que quelques mots et un geste pour modifier l'ambiance du tout au tout. Elle passa son pouce sur les lèvres pulpeuses de Margot en lui disant d'une voix suave:

-- En tout cas, moi, j'ai envie de bien plus que de la confiance...

En réponse, Margot lui suçota le doigt. Un peu derrière elle, Maximilien se laissa aller dans son fauteuil et elle sentait le regard scrutateur de sa Maîtresse.

-- Je suis toute à vous, dit-elle finalement en remontant sa main sur la cuisse de la femme du policier.

Cette dernière ouvrit aussitôt les cuisses, se laissant aller sur le dossier du canapé afin que Margot puisse lui donner du plaisir. Elle laissa tomber sa main près d'elle, proche de celle de Madame Solange. Celle-ci ne se laissa pas intimider. Elle se pencha vers la femme et l'embrassa alors que sa Servante plongeait le visage entre ses jambes.

Voilà qui était nouveau pour la Servante. Depuis son arrivée auprès de Madame Solange, Margot n'avait fait que subir. Même le peu de fois où elle était un peu active, elle le faisait sous la contrainte, sur un ordre quelconque. Elle commença alors à lécher Adélaïde avec une certaine timidité. Rapidement, elle releva même la tête pour chercher le regard de sa Maîtresse.

Les deux femmes s'embrassaient avec passion. Madame Solange avait fait tomber une bretelle de la robe d'Adélaïde et lui malaxait le sein avec énergie à travers son soutien-gorge. Margot en fut bouleversée. Non par jalousie, bien au contraire. Même si une part d'elle aurait aimé être à la place de la blonde, elle fut traversée par une vague de chaleur sous cette vision. Ce qui lui suffit pour retrouver la chaleur humide de l'entre-jambes d'Adélaïde, sous sa robe, bien qu'un peu gênée par la laisse.

Comme elle, elle ne portait pas de culotte et sa langue trouva directement sa vulve, déjà débordante de désir. Dès que Margot attrapa son clitoris entre ses lèvres, Adélaïde se mit à gémir, sans aucune retenue. Margot ne pouvait pas voir ce qui se passait au-dessus, mais elle devinait qu'à présent, la femme du policier entreprenait de déshabiller sa Maîtresse. La veste avait volé à ses pieds, près d'elle, elle entendit le zip de son pantalon, sentit le corps de Madame Solange se tortiller pour le retirer. Il ne lui restait que son juste-au-corps.

Elle aurait voulu regarder la suite, mais se concentra sur sa part du travail. Sa langue se mit à stimuler le clitoris de leur hôtesse avec une telle dextérité que Madame Jamal en resta enfoncée dans le canapé, relevant sa robe pour s'agripper aux cheveux de Margot. Elle put alors jeter un coup d'œil à sa Maîtresse. Celle-ci continuait de relever la robe d'Adélaïde, jusqu'à la lui retirer complètement. Alors que Margot la faisait grimper dans les tours, elle lui retira son soutien-gorge et se pencha sur la poitrine copieuse offerte à elle et embrassa, lécha, suça. Assaillie de toute part, Adélaïde se laissait complètement aller. Plus elle prenait de plaisir, plus elle montait dans les aigus et les décibels.

Lorsque Margot planta deux doigts en elle, elle jouit aussitôt. Margot apprécia cela. Une femme qui jouit si rapidement est souvent multi orgasmique. Et d'après sa propre récente expérience, plus les orgasmes se multipliaient, plus la femme perdait le contrôle. La soirée s'annonçait mouvementée avec Adélaïde Jamal. Elle prit donc un malin plaisir à ne lui laisser aucun repos lorsqu'elle fut prise de petits tremblements du bassin. Continuant de triturer le point le plus sensible de son vagin tout en suçant énergiquement l'autre bout de son clitoris, Margot la fit exploser en criant.

Et comme elle s'y attendait, Adélaïde n'en était qu'aux prémisses de sa jouissance. Elle entama de finir de déshabiller Madame Solange. Mais lorsque celle-ci fut nue, debout près du canapé, dévorée du regard par Adélaïde et Margot qui retenait visiblement une irrépressible envie de lui sauter dessus pour la faire jouir à son tour, elle s'éloigna d'elles et rejoignit Maximilien.

À peine eut-elle fait un pas en laissant pendre la laisse de Margot, qu'Adélaïde releva la Servante pour la déshabiller à son tour. Elle la retourna d'abord vers le couple qui venait de se former, se leva derrière elle et sensuellement, fit glisser la robe de Margot à ses pieds.

Margot, elle, ne s'en rendit presque pas compte. Elle regardait sa Maîtresse, nue comme un ver, plus belle que jamais, s'avancer félinement jusqu'au policier dont le pantalon était déformé par une érection. Madame Solange posa sa main dessus, tout en embrassant l'homme. Sa Maîtresse s'agenouilla devant lui alors qu'Adélaïde découvrait les marques sur sa peau.

-- Soumise et masochiste? souffla-t-elle à l'oreille de Margot.

Alors que Madame Solange ouvrait le pantalon du policier pour en sortir un sexe de taille moyenne, mais aux veines énergiquement saillantes, elle hocha la tête en croisant le regard de l'homme, posé sur les marques de ses seins.

Une main aux doigts fins la fit se mordre la lèvre inférieure. Avec une certaine autorité, Adélaïde s'était introduite en elle, sa main libre attrapant le collier à son cou. Elle se mit à onduler doucement, lâchant quelques soupirs discrets, les yeux rivés sur sa Maîtresse qui entamait une fellation lente et profonde, la croupe tendue vers elle.

L'homme ferma les yeux sous le plaisir procuré par cette bouche, se laissa complètement aller. Margot, elle, admirait le corps nu de sa Maîtresse, et elle devait bien se l'avouer, cela l'excitait encore plus que les doigts qui la fouillaient. La voix doucereuse d'Adélaïde la sortit de sa contemplation.

-- Alors, Servante M... Que dirais-tu d'aller donner un coup de main à ta Maîtresse?

En vérité, elle n'attendait que ça. Pouvoir la toucher, la regarder dans les yeux, la découvrir enfin pleinement. Elle hocha la tête et s'avança doucement, légèrement hésitante. Elle avait l'impression, sûrement erronée, de se retrouver au même niveau que sa Maîtresse, comme deux soumises qui s'occupaient de la queue d'un homme dominant.

Mais Madame Solange mit rapidement fin à ses doutes. Dès qu'elle posa ses genoux à terre pour la rejoindre au niveau du pieu tendu de Maximilien, elle l'attrapa par la laisse, la tira à elle et l'embrassa à pleine bouche juste au-dessus du gland du policier.

-- Montre à ce monsieur ce que c'est de sucer une queue...

Margot ne tarda pas à l'avaler, après quelques coups de langue le long de son chibre, elle l'enfonça jusqu'au plus profond. Remuant la langue tout le long de sa verge et serrant légèrement les dents sur la garde de son sexe. Il s'accrocha aux accoudoirs du fauteuil, lâcha de longs et sourds grognements alors que Margot le gardait en bouche malgré les haut-le-cœur qui se succédaient.

Lorsqu'elle releva le visage, les larmes abondantes coulant sur ses joues, un filet de bave reliant ses lèvres au gland de Maximilien, et un large sourire illuminant son visage, elle reçut une claque sur sa fesse gauche, virulente, mais tellement bienvenue. Elle ne laissa pas l'homme s'en remettre pour autant. Tout en l'astiquant avec douceur et énergie, elle goba une de ses bourses et la suça, puis passa à l'autre. Par réflexe, Maximilien écarta les jambes, visiblement complètement à la merci de Margot.

Pendant ce temps, Madame Solange lui retirait définitivement son pantalon. Margot reprit son sexe en bouche, lui offrit des va-et-vient tout en caressant son périnée, flirtant doucement avec la raie de ses fesses. L'homme reprenait un peu de consistance et posa une main dans ses cheveux, accompagnant ses mouvements de douces caresses qui trahissaient le plaisir qu'il prenait.

Lorsqu'elle osa glisser un doigt plus indiscret vers son anus, celui-ci se cambra. Margot prit un petit instant pour s'assurer que ce n'était pas un refus, mais rapidement, il ouvrit encore plus ses jambes. Margot ne se fit pas prier. Lançant un coup d'œil malicieux vers sa Maîtresse qui se levait, elle entreprit de le sucer de plus belle, tout en le doigtant avec douceur.

Adélaïde était revenue près d'elles, et Madame Solange l'accueillit dans une embrassade endiablée. Mais la femme du policier n'avait pas les mains vides. À son bras ballant pendait un gode-ceinture qu'elle tendit à Madame Solange:

-- Pouvez-vous me le passer, Suzanne?

-- Avec un grand plaisir, lui répondit celle-ci en remarquant que la partie érectile du jouet dépassait des deux côtés du cuir.

La plus courte des deux s'insérait dans le vagin de celle qui le portait. Madame Solange passa derrière elle et le plaça donc. Elle en profita pour lui offrir quelques allers-retours, avant de la sangler autour de sa taille.

Aussitôt, elle s'avança vers Margot et Maximilien. Madame Solange, elle, en profita pour se rasseoir sur le canapé, prête à admirer la scène qui allait suivre, tout en caressant délicatement son clitoris. Adélaïde se plaça derrière Margot en souriant à son mari, littéralement aux anges sous les attentions de la Servante.

-- Elle mouille tellement, soupira Adélaïde en allant et venant doucement dans le puits de Margot qui gémissait de plaisir en continuant de s'occuper de l'homme.

Puis la femme retira le gode d'où il était planté. Aussitôt, son mari se leva, laissant une Margot un peu pantoise. Mais elle comprit rapidement ce qui se jouait là. Adélaïde prit la place de Maximilien et celui-ci vint tout doucement s'asseoir sur elle. Aux premières loges, Margot le masturbait d'une main et malaxait ses couilles de l'autre, pendant qu'il s'empalait avec lenteur sur le gode de sa femme.

Alors qu'il commençait à monter et descendre, râlant de plaisir, encore un peu mêlé de douleur, Margot le reprit en bouche, le suça avec envie et tendresse, l'aidant ainsi à se décontracter, à prendre le membre de silicone de plus en plus profondément en lui. Lorsqu'il fut complètement assis sur sa femme, que le gode était devenu invisible, planté en lui d'un côté, et en elle de l'autre, elle goba littéralement sa queue, serra ses dents sur sa garde, et lui offrit jusqu'à trois haut-le-cœur, trois fois où sa gorge se serra puissamment sur son gland turgescent.

-- Viens, maintenant, petite salope, lui dit-il une fois qu'elle releva la tête.

Margot se tourna alors face à sa Maîtresse, qui lui sourit largement. Elle la fixa, la scruta, l'admira, la vénéra du regard tout en s'empalant à son tour sur le membre dur comme la pierre de Maximilien. Sous eux, Adélaïde entama des va-et-vient, qui se répercutaient jusqu'à Margot.

Rapidement, elle accéléra, Maximilien lui-même montait et descendait en s'accrochant aux seins de Margot. Les trois gémissaient en chœur, lâchaient des petits cris à la chaîne. Bientôt, Madame Solange se leva et vint les rejoindre, debout face à sa Servante. Elle récupéra la laisse qui pendouillait au cou de Margot et s'en servit pour fouetter ses seins laissés maintenant libres par Maximilien qui préférait s'accrocher à ses hanches.

Margot se mit à crier de douleur, s'arrêtant net de bouger en rythme avec le couple sous elle. Les stries des semaines passées étaient encore vivaces et le cuir qui claquait sur sa peau réveillait les douleurs. Elle sentit pourtant que le traitement qu'elle recevait excitait Adélaïde. Celle-ci se mit à marteler le cul de son mari, qui, dans le même mouvement, pilonnait Margot de plus belle qui ne pouvait plus que subir.

Et dans cette position, le plaisir se décupla. Madame Solange ne cessait de faire claquer le cuir, de petites larmes commençaient à couler de ses yeux, et elle se sentait enfin à sa place, enfin elle-même dans cette soirée dont elle n'avait pas l'habitude. Rapidement, ses cris perdirent leur ton douloureux. Elle cria de bonheur en s'accrochant d'une main à la hanche de sa Maîtresse, et de l'autre, lui donnant du plaisir à son tour. Et plus ses doigts faisaient monter sa Maîtresse dans les tours, plus les coups de laisse se faisaient virulents.

À tel point qu'elle explosa la première. L'orgasme vint sans prévenir. Ses doigts se crispèrent sur les parois sensibles de sa Maîtresse, qui cessa aussitôt de la fouetter et préféra lui pincer les tétons tout en lui transmettant le plaisir qu'elle ressentait sur l'instant. Adélaïde la suivit dans des tressautements violents et incontrôlés. Leurs chants de jouissance mêlés à leurs mouvements anarchiques fit se tendre l'homme prit en sandwich entre les deux femmes et sans pouvoir se retirer, il déversa de longs jets de sperme en Margot.

Lorsqu'elle se retira, suivie rapidement de Maximilien qui s'en alla vers l'autre fauteuil resté inoccupé jusque-là, Adélaïde attrapa Margot par la croupe et s'empressa de plaquer sa bouche contre sa vulve d'où coulait le nectar de son mari. Par réflexe, Margot se pencha en avant, le visage sur le pubis de sa Maîtresse, ses doigts toujours plantés en elle. Madame Solange avait lâché ses tétons, et la femme du policier léchait, aspirait, avalait ce mélange liquoreux insatiablement. Elle sentait sa langue se fourrer en elle, caresser ses parois internes afin de récupérer la moindre goutte. La jouissance continuait son œuvre dans le corps bouillant de la Servante. Il ne lui manquait plus qu'une chose: l'orgasme de sa Maîtresse.

Alors ses doigts s'agitèrent. Elle baisait le sexe de sa Maîtresse comme elle ne l'avait encore jamais fait. Celle-ci tendait son bassin vers elle, s'accrochait à ses cheveux en tirant dessus de plus en plus fort à mesure que la jouissance montait. Lorsque Madame Solange jouit enfin, elle cria avec elle. De douleur, mais aussi d'un plaisir intense, celui que seule une soumise de son niveau peut ressentir au simple fait que sa Maîtresse explose.

Derrière elle, Adélaïde était partie rejoindre son mari. Ils s'enlaçaient tendrement en regardant les deux femmes qui reprenaient leur souffle. Margot se laissa tomber à genoux, collée à sa Maîtresse, le visage au niveau de son pubis qui fleurait si bon. Elle releva le visage vers elle en souriant et Madame Solange reprit la laisse pour la tirer jusqu'au canapé. Margot la suivit à quatre pattes, comme une petite chienne docile, et posa sa tête sur sa cuisse une fois sa Maîtresse assise.

-- Vous êtes une femme surprenante, Suzanne, lui dit alors Maximilien, visiblement ravi du moment passé avec les deux femmes. Vous voir toutes les deux pourrait presque me donner envie d'essayer à nouveau ces séances que nous avions mises de côté.

-- Peut-être devriez-vous tenter en inversant les rôles, lui répondit Madame Solange avec un petit sourire en coin avant de prendre une gorgée de son verre qu'elle avait récupéré sur la table basse.

-- J'y penserai! s'exclama la policier en ricanant. Mais je dois avouer qu'il me faudrait un petit travail sur moi-même pour accepter ça!

-- Si je peux me permettre, justement, les coupa Adélaïde. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est justement le fait que vous n'ayez pas essayé de rabaisser mon mari à une place de soumis uniquement parce qu'il aime se faire prendre par le cul. Beaucoup de personnes ont ce réflexe et je trouve cela plus humiliant que respectueux.

-- Nous ne sommes pas du genre à juger les gens sur leurs pratiques sexuelles, répondit Margot, la voix encore un peu rêveuse.

-- Et j'ose imaginer que ce sera le cas de tous les couples de votre club, renchérit Maximilien.

-- En effet, lui répondit Madame Margot. J'en connais déjà quelques uns qui seraient mal à l'aise de vous voir faire cela. Mais même eux ne jugeraient pas, en aucun cas.

-- D'ailleurs, reprit sa femme. Il n'y a que des couples?

-- Non, nous avons aussi des célibataires. Les couples aiment souvent jouer avec une seule personne plutôt qu'avec un autre couple. Mais il y a un plus grand turn over chez eux. Une fois qu'ils ont trouvé l'âme sœur, soit ils font partie des couples, soit ils quittent le club. Le but n'étant pas de créer des problèmes.

-- Je suis tellement enthousiasmée, chéri! s'exclama Adélaïde en se serrant contre son mari. Nous devrions payer notre cotisation dès ce soir, qu'en penses-tu?

Maximilien ricana joyeusement.

-- Va chercher ma veste, lui répondit-il.

Sa femme se leva et alla jusqu'à l'entrée en chaloupant exagérément, un regard aguichant vers Margot. Elle revint et son mari sortit une enveloppe de la poche intérieure.

-- Voilà pour vous, Suzanne, dit-il en posant la pochette visiblement bien remplie sur la table basse.

Madame Solange lui sourit, sans un geste vers l'objet.

-- Vous m'envoyez ravie. Je dois vous avouer que cela faisait un moment que je n'avais pas passé une aussi bonne soirée. Sachez que votre adhésion vous donne aussi accès aux soirées libertines les plus prisées de la capitale et de ses environs. Celles qui ne sont que sur invitation. Nos membres y sont automatiquement invités, et sans avoir à débourser quoi que ce soit, contrairement à d'autres. La liste m'est toujours envoyée, afin que je vérifie que nos membres ne soient pas mis mal à l'aise à cause de la présence d'autres personnes.

-- Nous allons être choyés, ronronna Adélaïde.

-- Oui, lui répondit Margot. Ma Maîtresse s'occupera de tout. À partir de maintenant, vous n'avez plus qu'à profiter sans aucune réserve.

La soirée se termina peu de temps après. Madame Solange et Margot quittèrent Maximilien et Adélaïde. Arrivées dans la voiture, Madame Solange attacha la laisse de Margot à la poignée de peur et l'embrassa avec une tendresse presque amoureuse. Margot en fut bouleversée. Elle répondit à ce long baiser avec délectation, sentant chaque parcelle de son corps prête à répondre aux attentes de sa Maîtresse.

-- Tu as été plus que formidable, Servante M.

-- Merci Maîtresse. Mais je dois vous avouer que cela a été plus facile que je ne l'imaginais.

-- Détrompe-toi, ma belle Servante. Il ne s'agissait pas uniquement de les faire entrer dans le club, mais qu'ils aient un peu plus que de l'amitié pour nous. Particulièrement pour toi. Et quand je vois comment Adélaïde te dévore des yeux, tu as, encore une fois, dépassé mes attentes.

Margot rougit en ricanant doucement.

-- Puis-je vous poser quelques questions, Maîtresse?

-- Bien sûr, ma belle, répondit Madame Solange en démarrant le moteur.

-- Ce club existe-t-il vraiment?

-- Bien entendu! Je t'ai bien précisé que tout cela est préparé depuis longtemps.

Margot en eut le souffle coupé. Sa Maîtresse n'avait pas, comme elle pensait, toujours un coup ou deux d'avance, mais ils se comptaient par dizaines!

-- Qu'adviendra-t-il de ce club, après... votre plan?

-- Il est déjà géré par quelqu'un d'autre. Tu n'as pas à t'inquiéter, nos nouveaux amis ne se retrouveront pas démunis lorsque je serai loin d'ici.

Margot baissa les yeux, rougissant en voyant avec quelle facilité sa Maîtresse lisait en elle, mais aussi par déception de ne pas l'avoir entendue dire "nous" plutôt que "je".

-- Comment les choses vont-elles se passer?

-- Dans un grand feu d'artifice! s'exclama Madame Solange en riant. Et tu auras une part importante à jouer. Après cela, tu auras une décision à prendre.

Le cœur de Margot se serra, autant d'appréhension que d'espoir.

-- Comment ça?

-- Nous en reparlerons le moment venu, lui répondit Madame Solange avec autorité.

Alors Margot préféra changer de sujet. La soirée avait été plus qu'excellente, sa Maîtresse était en joie. Elle ne souhaitait pas terminer par être punie.

-- Puis-je vous demander une dernière chose?

-- Vas-y...

Malgré le petit agacement que Margot capta dans la voix de sa Maîtresse, elle se lança.

-- Vous m'aviez dit que ma confiance en vous serait mise à l'épreuve, ce soir. Mais je ne vois pas en quoi.

Madame Solange tourna brièvement la tête vers Margot. Tout s'était adouci chez elle, ses yeux brillaient de mille feux lorsqu'ils se posèrent sur sa Servante.

-- Nous avons passé la soirée avec un policier. Celui-là même dont je t'ai dit qu'il mettrait fin à tout ceci. Tu n'aurais eu qu'un mot à dire pour que je me retrouve en prison pour le reste de mes jours, sûrement incapable de mettre mes menaces à exécution...

Margot en resta bouche bée. Comment avait-elle pu ne pas y penser? Son cœur rata un ou deux battements. Mais une évidence s'imposa à elle: elle n'en avait pas eu envie. Quelques semaines plus tôt, elle aurait sûrement tenté quelque chose de ce genre. Mais ce soir-là, la seule réponse qu'elle offrit à Madame Solange, ce fut un petit sourire, un peu gêné, et une douce main posée sur sa cuisse.

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