Peurs
Paris
14 mars 1988

Elsa accueillit Marc avec un baiser auquel il répondit tendrement. Toujours enlacés, ils s’installèrent sur le canapé, les caresses d’Elsa montrant rapidement et sans équivoque ses intentions.

« Je suis encore tendu… tu ne veux pas plutôt juste un câlin ? »

Elle sourit, mutine : « Justement, j'ai ce qu’il te faut. »

Il hésita :

« Pas ce soir, j’ai vraiment besoin de décompresser.

— Tu es de moins en moins disponible, fit-elle en faisant la moue.

— Excuse-moi. Cela ne devrait pas durer. Dans quelques semaines, cela ira mieux. »

Elle le regarda en coin. Était-il en train de changer ? Le Marc dont elle était tombée amoureuse avait un idéal. Tout à ses préoccupations sur la Nab, il semblait s’en détacher… Mais après tout peut-être se faisait-elle des idées ? Il n’était pas assuré de réussir et cela devait être particulièrement stressant. Déçue malgré tout, elle hocha la tête avant de l’embrasser une dernière fois et partit se coucher.

Resté seul, il fit, sans conviction, un peu de rangement avant de se rendre sur le balcon. Là, isolé dans l’obscurité, il se laissa envahir par son ressenti. Paradoxalement, alors qu’il était en plein essor, il avait peur.

Peur de l’échec bien sûr… Peur de ce qui pouvait sortir des enquêtes autour de la Zurich Trust Bank… Peur que soient révélées les véritables sources du financement de la Nab… Peur que l’on découvre sa fraude financière.

Mais plus que tout, il était inquiet des liens qu’il avait dû mettre en place avec les associés italiens et ses contacts marseillais. Il l’avait fait en pensant qu’il saurait s’en détacher le moment venu. Il sentait que cela ne serait pas si facile.

Incapable de se concentrer, il laisse errer ses idées d’une peur à l’autre, les caressant, les alimentant, puis s’y habituant progressivement jusqu’à ce que, enfin, il puisse aller se coucher.

En se glissant dans le lit, il embrassa Elsa sur le front.

La jeune femme écouta Marc se retourner. Les yeux grands ouverts, elle aussi ressassait ses craintes… En s'interrogeant sur les changements qu’elle percevait chez son homme.

Cherchant le sommeil, Marc se retourna de nouveau… et se remémora la fois où il avait sauté le pas pour devenir un escroc.