Chapitre 6-1 : Face cachée II - Enquêtes
Enquêtes
Paris
14 novembre 1988
Il sentit le sol s’ouvrir sous ses pieds… des scènes chocs se matérialisant dans sa tête… il se raidit, son sourire disparaissant sur le champ. Imperturbable, Forel poursuivit : « Ils pensent aussi que le prêt de la Suisse à votre encontre est bidon et que les quatre millions vous appartiennent. Ils ont abordé les collaborateurs de Zurich pour les questionner : ils n’ont rien lâché et ils ont prévenu leur hiérarchie. Les détectives ont capté certains de ces échanges. »
Marc eut un geste de colère. Forel le rassura. Ils n’avaient rien de précis, juste des sous-entendus.
« Mais ne sous-estimez pas la situation, ils vont creuser de plus belle. »
Les mains de Marc se crispèrent sur son bureau. Ses pupilles se rétrécirent, son regard devint acéré.
« Il est temps que je vous mette au parfum... Ces suppositions sont vraies. »
Forel posa la question qui lui brulait les lèvres : « L’identité des véritables investisseurs est-elle inavouable ? »
Le jeune homme acquiesça en silence.
Le détective laissa passer quelques secondes, attendant une suite. Puis voyant qu’elle n'arrivait pas, appuya son index sur le bureau :
« J’ai consenti à vous accompagner dans des affaires délicates, parce qu’elles nous donneraient les moyens pour notre combat. Mais je ne peux pas accepter n’importe quoi. Et surtout, cessez de jouer à cache-cache avec moi ! »
Il se renfonça dans son fauteuil et croisa les bras, scrutant la réaction de son interlocuteur. Marc parla le plus bas possible :
« Serge, Forel nota l’utilisation, pour la première fois, de son prénom, l’origine de ma fortune n’est pas légale. Mais il ne s’agit pas de rackets, drogues ou je ne sais quoi. Même pas de vol direct. J’ai fait travailler de l’argent qui n’était pas à moi. Et j’ai gardé les profits avant de restituer les fonds placés, ni vu ni connu. »
Il posa ses deux mains sur son bureau, très écarté, paumes vers le haut : « Je ne connais pas vraiment les investisseurs... mais je penche pour la branche financière du banditisme ; de type mafieux. »
Forel grimaça. Ancel lui expliqua comment il avait été contacté lorsqu’il avait créé sa fortune.
« Ils m’ont demandé de monter d’autres arnaques pour leur compte. Je les ai conseillés. Une fois gagnée leur confiance, je leur ai proposé de participer à une grosse affaire légale. En échange, ils pourraient faire passer leurs revenus souterrains dans l’économie réelle.
— Du blanchiment.
— Sauf que je ne m’en occupe pas. Je le facilite. Leurs entreprises ouvrent des comptes à la Nab. »
Le détective sursauta : « La Nab est impliquée là-dedans ?
— Comme une banque normale. Nous n’initions aucune opération litigieuse.
— Je ne comprends pas.
— Nos contrôles sont de qualité insuffisante. Volontairement. »
Il y eut un long silence que Marc se garda bien d’interrompre. Forel reprit doucement : « Marc, Ancel nota à son tour l’utilisation de son prénom, vos associés ne sont pas des enfants de chœur. »
Marc relâcha l’air de ses poumons. Forel ne l’avait pas envoyé balader : « Je vais progressivement racheter leurs parts et m’en débarrasser. »
Le détective hocha la tête, dubitatif « C’est eux qui décideront de la fin de vos relations. Pas l’inverse. Vous ne savez pas qui est derrière tout cela ? »
Marc frissonna : « Non. Mais vous connaissez leur représentant... il s’agit de Leonardo. »
Il se sentit libéré du poids qui lui pesait sur la poitrine. Il n’était plus seul pour affronter cette situation. Il mesura à quel point cela avait été lourd à porter.
Forel encaissa la nouvelle. Il revint aux enquêteurs : « Il faut leur donner un os à ronger pour vos millions. Pour les investisseurs de l’ombre, je doute qu’ils trouvent quelque chose. »
Ancel resta silencieux. Le détective reprit : « On va faire fuiter qu’il y a un accord entre vous et la banque de Zurich. Vous promettant une prime de quatre millions en cas de réussite de la Nab. »
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