Chapitre 6-6 : Faces Cachées II - Banco !
Banco !
16 décembre 1988… et mai 1989
Si les équipes de Bourdinot étaient favorables au dossier italien, Radier restait dubitatif. Il ne comprenait pas l’intérêt pour le promoteur.
Marc expliqua le projet de voie rapide sans mentionner les manœuvres des mafieux pour arriver à leurs fins. L'opération fut validée.
Alors que la réunion se terminait, Radier, la mine chiffonnée prit Ancel en aparté.
« Vous m’avez sollicité pour devenir le président de la Nab. Vous m’aviez indiqué que vous seriez au conseil d’administration et que vous auriez un rôle clef dans la définition de la stratégie, ce que j’ai accepté. Et j’apprécie que vos contacts avec la Suisse nous apportent du business.
— Mais… ? »
Le banquier pencha légèrement la tête et resserra ses épaules, prêt à se jeter dans la mêlée :
« Vous ne pouvez interférer dans la gestion de la banque. Vous n’êtes pas son président, ni un directeur, ni un salarié. Vous avez donné des consignes à Bourdinot sans même m’en parler. Idem pour l’enquête que vous avez demandée à votre détective. Je ne peux pas travailler comme cela. Ou vous prenez les choses en main et je quitte mes fonctions au sein de la Nab ou vous me laissez piloter la banque et vous restez cantonné dans votre rôle. De membre du conseil d’administration et d’apporteur d’affaires. »
Mac le dévisagea. Sa détermination était évidente : « Je vous prie de m’excuser. J’ai à cœur que ce projet réussisse… mais je n’aurais pas dû vous court-circuiter. »
Radier qui s’attendait à une altercation, se redressa dans une posture plus ouverte. La suite de la discussion leva tout malentendu. Les deux hommes se serrèrent la main pour sceller leur accord.
Resté seul, Marc demanda à l’assistante si Leonardo était encore dans les locaux de la banque. C’était le cas. Elle le prévint qu’Ancel voulait lui parler.
Une fois son interlocuteur assis en face de lui, Marc se leva, et lui tournant délibérément le dos alla se camper devant la fenêtre : « Vous avez reçu vos consignes ? »
L’italien jeta un regard haineux sur son dos, avant d’acquiescer avec rancœur. Marc se retourna et le toisa de haut :
« Ne vous mêlez plus de mes affaires privées, quelles qu’elles soient. Mais ce n’est pas pour cela que je vous ai convoqué, il insista sur le mot. J’ai réfléchi, et je souhaite une part du gâteau. »
Leonardo resta coi. Ses ordres étaient clairs : il fallait traiter ce petit con de prétentieux avec égard. Il doutait pourtant que la famille accepte de partager.
« Je ne demande pas à participer à votre opération, Ancel sortit une carte de la région de Naples : je voudrais acquérir des terres à côté de votre vallée. Juste sous ce petit col, là où la voie express va passer.
— Votre achat pourrait attirer l’attention.
— Ces terres ont un beau point de vue. En examinant votre projet, j’ai exploré le coin. Je suis tombé sous le charme. De plus, mon acquisition reste raisonnable.
— C’est-à-dire ?
— Cela doit valoir dans les deux millions de francs. Je suis prêt à en mettre deux et demi, dont un au black. En contrepartie du fait que je paye ce terrain plus cher, vous vous arrangez pour que les propriétaires vendent. »
Interrogé, Manolo donna son accord. Malta créa la holding CFIA Immobilière (détenue à 100 % par la CFIA) ainsi que sa filiale dédiée à cette opération en Italie. Il demanda un prêt de 1,5 million auprès de la Nab pour acquérir le terrain au prix officiel.
Comme prévu, la validation du tracé de la voie rapide fit grimper les prix, dans la vallée choisie et les alentours.
En mai de l’année suivante, Marc allait revendre son bien. Pour quatre millions deux. Une fois remboursés l’emprunt et les intérêts, il lui resterait un million et demi, totalement blanchis. De leur côté, les Italiens liquideraient leurs terrains en encaissant un bénéfice de 73 milliards de lires (environ 340 millions de francs).
Mais pour l’heure, Marc avait hâte re reprendre ou il en était avant d’être interrompu par cette diversion mafieuse : il était temps de procéder au lancement de son, ou plutôt de ses, projet(s).
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