Chapitre 7-1 : mise en place - La maltraitrance

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Région lilloise
Vendredi 6 et samedi 7 janvier 1989

Bardon sortit de l’ascenseur. Fidèle à son habitude, il venait de passer sa fin d’après-midi à écluser des bières au bistrot du coin. Il essaya vainement de glisser sa clef dans la serrure... peine perdue. Il tambourina sur la porte en hurlant : « Qu’est-ce que tu fous ? Magne-toi le cul ! »

Sa femme vint ouvrir et recula dans le couloir, terrorisée. Il allait franchir le seuil quand une main l'agrippa à l’épaule. Furieux, il se retourna et se retrouva face à trois hommes cagoulés. Avant d’avoir pu réagir, celui de droite le frappa violemment au genou avec une lourde clef à molette. Il sentit une douleur fulgurante et sa jambe se dérober sous lui. Par réflexe, il se plia en deux, avant de recevoir un coup en pleine tête. Il bascula en arrière.

Sans s’occuper des hurlements de frayeur de sa femme, ses assaillants le rouèrent de coups. Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin, Bardon ne bougeait plus. Celui qui devait être le chef s’assura qu’il était encore conscient. C’était le cas. Il parla d’une voix suffisamment forte pour être entendu par son épouse et ses enfants qui s‘étaient recroquevillés au fond du vestibule.

« Ne t’avise plus jamais de toucher à ta femme ou à tes gosses... Ou ce que tu viens de subir te paraitra une promenade de santé. »

Il ponctua ses paroles d’un violent coup de pied dans les côtes de sa victime, avant de siffler entre ses dents : « sale petite merde ! »

Les côtes et les deux genoux fracturés, la mâchoire défoncée et le nez cassé, Bardon fut hospitalisé d’urgence.

Le lendemain, un homme aborda son épouse alors qu’elle revenait du commissariat ou elle y avait fait sa déposition. L’individu, cheveux frisés et moustachu, lui tendit un petit paquet : « Il y a cinquante mille francs. Rien ne dit que votre mari ne recommencera pas... Partez refaire votre vie. »

Une demi-heure plus tard, le commandant Kermarrec ressortait des toilettes de la gare, débarrassé de ses postiches.

En quelques jours, quatre agressions similaires furent effectuées dans l’agglomération lilloise. Les victimes, ne souhaitant pas être identifiées comme des maris ou pères violents, ne mentionnèrent pas la raison de ces passages à tabac. Personne ne fit le rapprochement.

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