2.1 Enquêter et comprendre
Ce matin, quelques Alphas dont Déborah et moi reçoivent un comité de scientifiques à qui j'ai confiée une étude dès mon premier jour de règne. Le lesbianisme est en hausse croissante. C'est une chose que tout le monde sait. Mais on ignore les vrais chiffres et surtout les raisons. J'ai donc demandé aux espionnes et chercheuses de se renseigner. Des filles douées en filature, en psychologie et en analyse du comportement humain.
En soi, les femmes ne font aucun mal et cela ne me dérange pas. Elles font ce qu'elles veulent de leur cul. Toutefois, la potentielle perte de reproduction est embêtante. Comme cela est une préoccupation des Alphas et aussi des espionnes, j'ai donné les fonds et les ressources scientifiques pour ces recherches dans mon État. C'est le moment de la présentation des résultats préliminaires.
Je vois s'avancer le groupe d'expertes. Les espionnes se distinguent très facilement. Ce sont celles qui ont le moins peur de moi. Et oui, même parmi mes sœurs, j'effraie avec mon sale caractère. Je pense que mes collègues Alphas ne sont pas tranquilles en ma présence. J'adore foutre les jetons aux autres. C'est tellement jouissif. Les scientifiques ont peur de finir en Zêtas. Les espionnes que je leur botte les fesses. Les Alphas se méfient en raison du sort réservé à Cassandra et aussi de mes connaissances en stratégie militaire de par ma formation au combat. Et elles n'ont pas tort.
Deux femmes sont sans crainte. La première, c'est ma pote Keira qui s'est grimée en petite dactylo. Je me demande ce qu'elle fiche ici. Peut -être de la curiosité. Sa présence ne me dérange pas, alors en allant m'asseoir, je lui donne juste une claque sur la fesse discrètement pour qu'elle sache que je l'ai reconnue. On adore se casser les pieds l'une l'autre. Son déguisement est hyper pointu. Elle a toujours su se travestir avec talent, au point que même nos sœurs espionnes ne savent pas la distinguer. Il n'y a que moi et Nanou qui la reconnaissons à coup sûr. Tant d'efforts m'indiquent que Keira souhaite se dissimuler aux yeux des espionnes. Au cas où elle souhaite me parler en tête à tête, je lui glisse le double de clé de mon bureau dans la poche de sa veste en la fessant.
La seconde qui se sent en sécurité est la dirigeante du comité d'expertes. C'est une espionne mais surtout une scientifique de renommée mondiale. Béa Praiss me salue et se prépare pour exposer ses résultats. D'une grande prestance, la femme faire taire les bavardages d'un regard. Cette belle dame est d'un calme olympien. Sûre de ses capacités, son entraînement militaire secret lui a donné également de l'assurance et la maîtrise de son environnement. Le très léger rictus de sa bouche me montre qu'elle n'est pas satisfaite de sa présentation et semble être en colère contre une de ses subalternes. Au vu des yeux baissés et de la tentative pour se faire toute petite, je comprends que l'experte en sondage d'opinion va changer prochainement. Peu importe. Ma directrice d'études a tout pouvoir sur le choix de ses collaborateurs.
Béa Praiss commence son discours par les mauvaises nouvelles. Avec moi, c'est la bonne stratégie et elle le sait. Nous venons du même centre de formation et nous nous sommes déjà côtoyées quand elle donna à mes sœurs quelques cours d'éthologie et d'ethno-biologie. C'est l'une de mes raisons de choix de direction d'études. Elle connaît son métier et en plus, je pouvais lui confier des espionnes sans problème. Elle est une des rares personnes qui m'a inspirée confiance dès la première seconde. Une des rares aussi que je peux enguirlander sans qu'elle ne se mette à pleurer ou qu'elle soit perturbée. Un caractère bien trempé comme moi mais qui gère mieux sa colère.
Ses premières paroles nous expliquent que nous sommes incultes. Elle le dit de manière plus polie mais en gros, c'est l'idée. Il faut distinguer l'attirance physique et sexuelle, dit le vrai lesbianisme ou orientation sexuelle et celui lié aux circonstances ou occasions dit lesbianisme d'opportunité ou comportement sexuel. Il peut très bien y avoir contact physique sans réelle orientation. En gros, pour faire simple, si les femmes n'ont pas accès à l'autre sexe, alors, elles se détournent pour obtenir une satisfaction. L'être humain a besoin de contacts physiques pour être psychiquement épanoui. Ne pouvant le combler, elles se raccrochent à une opportunité, un désir possible qui n'apporte pas forcément la jouissance mais comble une lacune. Ne pouvant accepter la solitude, elles ne font que s'adapter pour satisfaire leur besoin d'affection, de contact , de bien-être.
L'experte distingue donc l'attirance physique réelle, l'orientation sexuelle du simple besoin d'être aimée, ou d'être caressée. Trois psychés différentes et pourtant que les « biens-pensantes » mélangent sous le même terme. Une vraie attirance physique et sentimentale pour le même sexe ou les deux sexes, un besoin d'amour et de relations affectives, un besoin physique que l'on comble en fonction des opportunités que l'on a.
D'après les expertes, il est très difficile de chiffrer le nombre actuel de femmes lesbiennes ou pratiquant des actes interdits et encore plus complexe de connaître les valeurs d'avant pour étudier l'évolution. Un petit rappel discret remémore que cela a toujours existé et se retrouve chez les animaux y compris les plus proches de nous. Le comportement homosexuel a été observé chez de nombreuses espèces. Si coté animal, les données sont précises, coté humain c'est bien plus complexe. En effet, l'homosexualité étant tabou et interdite, les femmes ne parlent pas. Elles se cachent et savent tenir leurs langues. Bien que Cassandra ait déjà lancé quelques études à l'époque de son règne, les données chiffrées sont faibles et peu fiables.
La compilation des données existantes et les premières recherches évaluent à cinq pour cent de femmes à orientation lesbienne mais à trente pour cent de femmes fécondes qui pratiqueraient des actes interdits actuellement. Les chiffres d'orientation sont stables et ce depuis environ mille ans. Le lesbianisme a toujours existé sans gêner. Les valeurs de pratiques quand à eux varient sans cesse. Assez haut, ils n'auraient été atteint qu'au début de l’Ère du Renouveau. Ensuite, les quelques éléments semblent montrer une baisse de ce chiffre pendant les deux premiers siècles pour se stabiliser aux environs des cinq pour cent pendant sept à huit cents ans. Les chiffres sont remontés très rapidement au cours du siècle dernier et particulièrement ces cinquante dernières années.
Ce pourcentage se retrouve dans toutes les strates de population. De Zêtas à Delta, les chiffres sont équivalents. Je souris en voyant que Béa Praiss évite de parler des Alphas. En tant que Delta, elle risque la peine capitale si elle émet le moindre mot diffamatoire à l'encontre de l'élite. Toutefois, par un geste discret de code entre espionnes, elle me fait comprendre que cette statistique peut sûrement s'appliquer aux chefs d’États.
Si en soi, les rapports sexuels entre femmes ne posent pas de problèmes particuliers au niveau de la sécurité de chacun, ce phénomène est préoccupant du point de vue démographique. Sur ce point de l'étude, je suis d'accord. Les lesbiennes ne font pas de mal et ne sont pas dangereuses. Ce qui pose problème, c'est la perte de reproduction qui s'en suit.
En effet, certaines femmes n'assurent pas leur devoir de procréation en raison de leurs orientations ou opportunités. Tout là est le problème. Des femmes qui pourraient avoir des enfants mais refusant les contacts avec les reproducteurs, ne tombent pas enceintes. Béa Praiss est claire. Entre les femmes stériles, les femmes bisexuelles ou du moins continuant l'acte de procréation malgré leurs préférences, et celles qui refusent tout contact avec les reproducteurs, il est impossible de chiffrer la perte de bébés réelles.
La seule chose concrète qu'elle peut affirmer, c'est que malgré l'amélioration du génome qui continue et les problèmes médicaux d'infertilité qui diminuent toujours, il y a de moins en moins de bébés. Les gynécologues font remonter un nombre de cas toujours croissant de femmes infertiles sans aucune raison médicale. Des pistes psychologiques sont avancées. C'est dans mon État que les choses sont les plus préoccupantes. De un virgule deux, on est passé à zéro virgule un pour cent de fertilité en soixante ans. Une division par douze dont la seule explication plausible est la cruauté des deux précédentes Alphas.
Dans les autres États, c'est mieux mais pas non plus mirobolant. Cette chère directrice d'études a relié les chiffres de fécondité avec ceux des mesures de restrictions et de sévérité des États. Je sais que les chiffres sont un peu trafiqués pour être plus en adéquation. Toutefois, l'étroite corrélation entre les deux est indéniable. Cela contrarie beaucoup les Alphas les plus rigides, anciennes amies de Cassandra et ravit Déborah le bisounours.
Béa Praiss enfonce le clou en corrélant aussi la hausse des suicides avec la sévérité des pays, évoquant que certaines femmes n'arrivant pas à trouver une satisfaction pour leurs besoins affectifs, vivent mal dans la société et ajouter à la dureté de la vie, en viennent à des mesures extrêmes et néfastes pour le monde et surtout la natalité.
En résumant les propos des expertes, plus la société est rigide, plus il y a d'actes interdits et moins il y a d'enfants. Le seul État qui contrarie les chiffres est celui de la Vice-Suprême Sophie. Le plus dur après Cassandra mais l'un des plus féconds. L'aura rassurante de son chef et sa propagande à la limite du lavage de cerveau y est pour beaucoup. Bien sûr les expertes ne disent pas cela avec des mots aussi crus. Elles sont plus diplomates. C'est ce que je comprends sans aucun souci.
Je dois reconnaître cette qualité à Sophie. Elle sait s'attirer la sympathie et est une excellente manipulatrice. Du haut vol en terme de stratégie et de diplomatie avec un soupçon de séduction. Pour les personnes influençables, c'est une déesse. Déborah a reconnu que si elle n'avait pas grandi avec Sophie, elle se serait certainement laissé attirer par ses mots. Je trouve quand même étrange que toutes les Alphas ayant grandies avec Sophie soient toutes des tyrans sauf Déborah. Elle a beau m'avoir expliqué l'influence de l'ex Suprême et de la chef des rebelles Irène, je me méfie de Déborah. D'un autre coté, je me méfie de tout le monde.
Il faudra que je pense à envoyer de bien meilleures espionnes auprès de Sophie. Pour Déborah, je m'en occupe. J'ai déjà piraté ses téléphones et ordinateurs depuis notre première rencontre. La dirigeante des scientifiques utilisent la propagande de Sophie pour preuve de l'importance de la psyché dans la reproduction. On va aborder les points sociétaux et comportementaux qui peuvent expliquer la hausse de l'homosexualité. Je me concentre sur les théories. J'ai besoin de comprendre pour agir. Non pas contre l'homosexualité en soi, ça je m'en fous, mais contre la baisse de fécondité engendrée.
Le problème commence dès l'enfance avec le poids des conventions sociales qui vantent l'importance d'avoir des enfants et « l'erreur » évolutive que sont les lesbiennes. Je tique sur ce point mais reste silencieuse. Je n'aime pas ce terme mondialement répandu. On utilise le même mot pour désigner les Zêtas, ou les Lambdas dans mon État. Dire que d'autres êtres humains sont des erreurs me gêne au plus haut point. L'envie de ruer dans les brancards me démange, toutefois, je sais que je dois agir prudemment sur ce point. Il est difficile de changer une opinion publique mondiale qui a été façonnée ainsi depuis quasiment toujours.
Les fillettes sont donc formatées pour enfanter et réprouver toute démonstration d'affection envers une autre fille, plus ou moins fortement selon les époques et les États. Avant même l'âge où l'enfant se pose des questions sur sa sexualité, on répond déjà à sa place. Les amitiés féminines sont scrutées et sources de rumeurs, quelles soient purement amicales ou plus.
De très nombreuses théories, plus ou moins fumeuses ou scientifiquement valides, sont évoquées. Je souris quand est évoqué le cas des adolescentes qui se cherchent ou se rebellent contre l'autorité et provoquent les adultes en simulant des intérêts « contre-nature ». Je repense à Keira et moi qui avons cherché à faire faire une crise cardiaque à notre professeur de combat. On lui faisait croire qu'on voulait bécoter d'autres filles et entretenions le doute quand à nos réelles attirances. De vrais sales gosses en pleine crise d'ado. Ma pote se mord la lèvre pour ne pas rire. Elle aussi ressasse nos conneries.
D'autres possibilités sont sérieuses. Un besoin d'affection, pas toujours rempli par la maman ou la famille, et le manque de reproducteurs pourraient en partie expliquer que des femmes se tournent vers d'autres par besoin de tendresse. Cela est encore plus flagrant chez les Zêtas, privée de reproducteurs. Des jeunes femmes sans espoir ou des femmes ménopausées qui sont reléguées à la caste basse, reconnaissent envisager la possibilité de relations interdites par manque affectif. D'autres adoptent des animaux domestiques.
Bien que cela soit sérieux, je trouve comique la corrélation entre le nombre d'animaux de compagnie et la perte de fécondité. Les bêtes sont des substituts d'amour, par manque d'affection familiale, manque de reproducteurs ou manque de bébés. Les quelques illustrations montrant des chiens habillés et promenés en poussette ou des lapins dans le sac à main m'obligent à me mordre les lèvres à sang pour ne pas rire. J'ai pitié pour ces pauvres bêtes bien qu'elles soient sûrement mieux choyées que la majorité des humains.
Des faits gênants sont aussi relevés. Les femmes sont tellement sous pression pour procréer qu'elles en deviennent des utérus et oublient leurs fonctions de mères. Des Zêtas prennent le relais et s'occupent de fillettes avec tout l'amour d'une mère, les chérissant comme si elles étaient de leur sang. Les fillettes les considèrent comme leurs véritables mères et prennent soin d'elles quand elles deviennent grandes. L'amour maternel entre une Zêta et une fillette n'est pas problématique. Ce qui l'est, c'est que les mères de sang ne prennent pas le temps ou n'ont pas l'envie de s'occuper de leurs enfants.
Bien que les exemples avec les animaux prêtent à sourire, ils sont le reflet d'un besoin social important qui n'est pas comblé. Celui de contacts sociaux, affectifs et sexuels. Les femmes sont en train de s'adapter pour satisfaire des désirs fondamentaux. Des parallèles avec des groupes sociaux de primates ou d'autres créatures sont établis. Ils montrent bien que les comportements sexuels pour le même sexe a toujours existé. Au début de la période du renouveau, de nombreuses espèces animales ont vu augmenter le taux de bisexualité ou homosexualité selon la composition de leur groupe et de environnement. Le seul souci, c'est que cela n'a pas perduré dans le temps.
Au fur et à mesure que la survie de l'espèce animale et surtout l'homogénéisation de la répartition des sexes se faisant, les taux baissaient et se sont stabilisés. L' homosexualité ou la bisexualité existent sans mettre en danger la survie de l'espèce. Il s'agit même parfois de comportements de paix et de sociabilisation. Bref, c'est normal et acceptée sans souci sauf chez l'espèce humaine.
Le souci avec les êtres humains est justement que cette balance des naissances et donc la répartition des sexes n'est pas naturelle. Au lieu d'un ratio approchant le 1:1, nous avons selon les États de très fortes disparités. Cela varie autour de 1:50 et 1:100. Biologiquement, il n'y a aucune explication. Toutes les expertes en génétique et fertilité s'arrachent les cheveux.
Le Docteur en psychologie Béa Praiss avance une théorie qui scandalise les femmes présentes mais qui explique pas mal de choses. Elle apporte des preuves scientifiques et quelques témoignages anonymes qui corroborent son hypothèse. Les rares femmes qui sont en capacité de se reproduire et qui acceptent de se reproduire préfèrent avorter quand elles apprennent attendre un mâle. D'autres choisissent de ne pas se reproduire par peur du futur incertain de leur progéniture qu'elle soit mâle ou femelle.
Elle fait mouche. Je sais qu'elle effectue des recherches sur ce sujet depuis plus de dix ans. Je ne doute pas un instant de cette théorie. Les thèses médicales et génétiques ont été écartées depuis longtemps. La cause sociale et psychologique est la dernière possible et les arguments de Béa sont précis, poignants et parfaitement logiques et compréhensifs.
Vient le moment des conclusions. Les anciens décrets de Cassandra sont démolis. Ceux de nombreux États aussi. Toutes les chefs d’État présentes en prennent plein la tête avec une diplomatie de haut vol. J'adore cette femme. La perte de fécondité est un problème mondial et même la saleté de Sophie est toute ouïe quand aux résultats. Malgré notre antipathie réciproque, la Vice-Suprême a financé et fourni des ressources et informations pour cette étude. Le sujet la préoccupe vraiment.
En la titillant pas franchement doucement, je m'aperçois qu'elle se contrefiche de la question homosexuelle en soi. Sur ce sujet, je dois saluer son ouverture d'esprit. Tout comme moi, c'est la perte de bébés qui l'inquiète. Si la natalité n'était pas aussi basse, elle n'agirait pas contre les actes lesbiens et proneraît même l'acceptation et la normalité. Elle a, je dois le reconnaître, de bonnes idées pour convaincre les femmes d'enfanter. Certes, c'est à la limite du lavage du cerveau, surtout dans l'éducation des futurs reproducteurs, mais c'est efficace. Son État est l'un des plus féconds malgré sa répression et elle a amélioré les chiffres de manière spectaculaire depuis son accession au poste d'Alpha.
Sophie est loin d'être bête. Très loin d'être bête. Elle n'a aucun respect pour les reproducteurs. Pour elle, ce ne sont que des objets nécessaires. Tout comme les animaux nous servent à manger, ils nous servent à la reproduction. L'amélioration du bien-être animal a permis une meilleure viande. Son objectif est assez proche. Elle ne pense pas à leur bien-être. Elle agi sur l'éducation. On dresse les chiens pour nous défendre ou rechercher des drogues. Elle fait de même avec ses reproducteurs. Elle les éduque à féconder.
Bien que contestable et assez horrible, sa stratégie est payante et très pointue scientifiquement. Béa Praiss doit comme moi, accepter l'efficacité à contre-coeur. J'aperçois quelques espionnes dont Keira qui font mine de vomir dans le dos des Alphas. Nous sommes pour la vie. Pour le respect de tous, animaux et humains, quelque soit leur genre. Le discours de Sophie est convainquant. On sent qu'elle se préoccupe vraiment de faire augmenter le nombre d'enfants.
Les solutions proposées par les expertes reprennent quelques idées de Sophie comme le versement d'une somme d'argent importante à chaque enfant né et viable, la prise en charge de tous les soins liés à la préparation, le suivi et l'après grossesse. A ma grande surprise, Sophie approuve mon décret concernant les M, qui permet de maintenir le statut social des femmes vieillissantes. La Vice-Suprême parle d'une ex delta qui s'est occupée d'elle enfant et qui lui a appris de très nombreuses choses. Elle valide aussi celui de permettre à terme la reproduction des Zêtas, du moins dans un premier temps pour relancer la natalité. Après, l'amélioration du génome doit primer. C'est une demi victoire pour moi.
La Vice-Suprême sait réfléchir et accepte de reconnaître les bonnes idées ne venant pas d'elle. C'est cela qui la rend si redoutable. J'ai été agréablement surprise quand deux semaines après moi, elle a annoncé un décret proche du mien concernant les femmes ménopausées, les M, dans son État et m'a envoyé un message très poli pour me féliciter, validant mon ingéniosité et mon respect des femmes.
Son soutien et celui de Déborah sur ce point a permis à quelques Alphas de calquer leur politique. Avec la validation scientifique qui vient d'arriver, d'autres Alphas devraient suivre. Afin de montrer patte blanche, et vu que c'est pour le bien commun, j'annonce être en train d'étudier la faisabilité financière d'un système de prime à la naissance. La surprise de Sophie est géniale. Keira a pris une photo discrêtos juste pour mon plaisir personnel de sa tête ahurie.
Bref, Sophie, Déborah et moi même soutenons les conclusions des expertes et incitons Béa Praiss à continuer ses études sociétales. D'autres Alphas acceptent de fournir des ressources et des informations. Ce genre d'études de fond va prendre du temps. Les données devront être mises à jour régulièrement. Le processus est lancé et son développement au niveau mondial va se faire sous l'influence de Déborah. En fait, personne n'osait lancer d'études sur le sujet tant il est polémique. Toutes attendaient que quelqu'un d'autre s'y colle. J'ai initié la marche, suivie très vite par Déborah et Sophie. C'est une bonne chose de faite.
Les discussions sont animées et l'ambiance s’électrise vite. Les Alphas sévères sauf Sophie critiquent ouvertement les conclusions et les conseils des scientifiques. Les expertes défendent leurs résultats. Sur ce point, Béa Praiss est un pitbull et fait vite taire les contestataires. La réunion se termine et j'ai plusieurs points à travailler. Tout le monde part doucement. J'ai vu Keira se diriger vers mon bureau. Elle a donc bien quelque chose à me dire. Dès que je le peux, je vais la rejoindre.
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